| NONCHALANCE, subst. fém. A. − 1. Manière d'être ou d'agir caractérisée par l'absence d'énergie, de zèle, de soin, due à l'insouciance, l'indifférence. Synon. apathie, laisser-aller, négligence.Non que le jeune homme fût vêtu avec recherche; au contraire, il affectait une certaine nonchalance: sa cravate était à peine nouée, ses mains quelque peu tachées de cambouis (Roy,Bonheur occas.,1945, p. 21).Il existe des nonchalances, des paresses et des fantaisies fécondes. La tension obstinée vers le but enlève à la pensée subalterne une parure qui nous était familière (David,Cybern.,1965, p.41): 1. Il était nonchalant, voilà. La nonchalance avait été son grand mal, son défaut, son vice. Combien de gens ratent leur vie par nonchalance. Il est si difficile à certaines natures de se lever, de remuer, de faire des démarches, de parler, d'étudier des questions.
Maupass., Contes et nouv., t. 1, Regret, 1883, p.904. 2. P. méton. Attitude, apparence (affectée) qui marque ce caractère. La nonchalance de sa mise quelque peu poudreuse et chiffonnée (Milosz,Amour. initiation,1910, p.15). B. − Manque de rapidité, d'entrain, de fermeté; lenteur et mollesse des gestes, des attitudes. Synon. indolence, langueur, lenteur.Sa bouche, où scintille un ivoire riant, Comme pour écouter, s'ouvre avec nonchalance (Sainte-Beuve,Poés.,1829, p.106).À la nonchalance de leurs pas et aux parfums qui s'exhalent, Antoine reconnaît des patriciennes (Flaub.,Tentation,1874, p.82): 2. Les hommes prenaient le pas tant bien que mal, et calaient leur fusil dans le creux de leur épaule, avec une nonchalance adroite de vieux grognards, qui n'en sont plus à surveiller craintivement leur maintien.
Romains,Hommes bonne vol.,1938, p.93. − En partic. Grâce indolente. Son visage doucement meurtri du matin, l'espèce de lenteur, de nonchalance heureuse que l'amour donnait à ses gestes (Sagan,Bonjour tristesse,1954, p.70). C. − Au plur., littér. 1. Plaisirs dus à l'indifférence, l'insouciance. Je m'abandonnais à cette vie facile, pleine de tièdes nonchalances (Du Camp,Mém. suic.,1853, p.163).Je me réveillerai, et les lois et les moeurs auront changé (...), le monde, en restant le même, me laissera à mes désirs, joies, nonchalances (Rimbaud,Saison enfer,1873, p.226). 2. Mollesse et abandon du corps. Revenu à la rampe de Tortoni appuyer mes nonchalances et ma superbe (Barb. d'Aurev.,Memor. 2,1838, p.286).Les parfums lubriques et les nonchalances de leurs corps grêles ou pesants (Adam,Enf. Aust.,1902, p.476). Prononc. et Orth.: [nɔ
̃
ʃalɑ
̃:s]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1270 (Livre de Jean d'Ibelin ds Assises de Jérusalem, éd. Beugnot, t.1, p.103); fin xiiies. (Jean de Meun, Testament ds Rose, éd. Méon, t.4, p.24). Dér. de nonchalant*; suff. -ance*. Fréq. abs. littér.: 243. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 234, b) 301; xxes.: a) 289, b) 497. |