| NOMINALISER, verbe trans. LING. Synon. de substantiver.− Nominalisé, -ée, part. passé adj. Les «fonctions» sont les mots désignant les propriétés des choses et les relations qu'elles entretiennent. Les fonctions apparaissent le plus souvent sous la forme de verbes nominalisés (occurrence, Desintegration, Study) ou de participes (Refined, Given) (Coyaud,Introd. ét. lang. docum., 1966, p.66): . En français (...) tout sémème est pensé nécessairement ou comme nom (substance) ou comme verbe (procès); et cela est si astreignant que le français a laissé perdre jusqu'au pouvoir de traiter les infinitifs comme noms; l'ancienne langue, influencée par le latin, pouvait dire le craindre, le mentir (entendre le fait de craindre, le fait de mentir) à l'imitation du tour turpe est mentiri. Aujourd'hui, les quelques infinitifs nominalisés qui nous restent désignent, par un glissement de sens bien remarquable, l'objet, la substance sur laquelle s'exerce le procès. Le manger et le boire sont les victuailles et la boisson; le rire, un rire, un éclat de rire.
R.-L. Wagner, Essais de ling. fr., Paris, Nathan, 1980, p.29. − En partic., GRAMM. GÉNÉRATIVE. Transformer une phrase en un syntagme nominal. Si la phrase (2) [Les ouvriers construisent le pont] est nominalisée, après avoir subi une transformation passive (Le pont a été construit par les ouvriers), puis enchâssée dans la phrase matrice (1) [Ceci a été retardé], on obtient la phrase: La construction du pont par les ouvriers a été retardée. Le syntagme nominal La construction du pont par les ouvriers est issu d'une nominalisation de la phrase (2) (Ling.1972, s.v. nominalisation). Prononc.: [nɔminalize], (il) nominalise [nɔminali:z]. Étymol. et Hist. 1585 «rendre nominal» (Cholières, 5eAp.-disnée, p.196 ds Hug.), attest. isolée, à nouv. xxes. 1. 1966 ling. verbes nominalisés (Coyaud, loc. cit.); 2. 1968 «faire la nominalisation d'une phrase» (Lar. encyclop. Suppl.). Dér. de nominal*; suff. -iser*. DÉR. 1. Nominalisateur, -trice, adj. et subst. masc.a) Adj. [Correspond à supra B] Qui nominalise. L'opposition des deux verbes se manifeste (...) dans le fait que la phrase avec avoir apparaît comme une transformation nominalisatrice du syntagme verbal être suivi d'un adjectif: Il est spirituel → Il a de l'esprit. Il est patient → Il a de la patience (DuboisGramm.t.2 1967, p.131).b) Subst. masc. ,,Affixe permettant la transformation d'un verbe ou d'un adjectif en nom`` (Ling. 1972). L'affixe -age (essuyer → essuyage) et l'affixe -isme (social → socialisme) sont des nominalisateurs (Ling. 1972).− [nɔminalizatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. − 1reattest. 1967 ling.; de nominaliser, suff. -(at)eur2*. 2. Nominalisation, subst. fém.a) ,,Transformation qui convertit une phrase en un syntagme nominal et qui l'enchâsse dans une autre phrase, dite «phrase matrice»`` (Ling. 1972). Deux phrases minimales séquentielles sont transformées en une seule par la procédure de la nominalisation du syntagme verbal (Dubois,Gramm.t.2 1967, p.32).En grammaire générative, une transformation de nominalisation s'applique à une proposition en structure profonde pour en faire un syntagme nominal en structure de surface (Lang.1973).P. ext. Transformation dont le résultat est un équivalent fonctionnel de syntagme nominal (nominalisation infinitive, complétive) (d'apr. D. D. L. 1976). b) Styl. Procédé littéraire consistant en une ,,assertion ramenée à une simple notation, le prédicat s'identifiant au thème, ce qui donne au texte quelque chose d'irréfutable`` (d'apr. Dupr. 1980). − [nɔminalizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1967 ling. (Dubois, loc. cit.); de nominaliser, suff. -(a)tion*. BBG. −Coyaud (M.). Emphase, nominalisations relatives. Linguistique. Paris, 1975, t.11, no2, pp.39-59. _ Creissels (D.). Réflexions au sujet de l'art. de M. Coyaud. Linguistique. Paris. 1978, t.14, no2, pp.117-141. _ Debyser (F.). Une Difficulté spécifique de la lang. de la presse, la nominalisation. Fr. Monde. 1972, no89, pp.10-15. _ Giry-Schneider (J.). Les Nominalisations en fr. Genève, 1978, 354 p. _ Lo Cascio (V.). Syst. de nominalisation ds les lang. rom. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec, 1976, t.1, pp.277-291. _ Lüdtke (J.). Sur les niveaux d'analyse des nominalisations prédicatives. Cah. Lexicol. 1976, no28, pp.51-59. _ Moirand (S.). Le Rôle anaphorique de la nominalisation ds la presse écrite. Lang. fr. 1975, no28, pp.60-78. |