| NOÈME, subst. masc. A. − PHILOS. (phénoménol.). Le contenu relatif à la noèse, à l'acte de connaissance visé; la connaissance en tant que résultat. [La conscience mythique] ne prend pas distance à l'égard de ses noèmes, mais si elle passait avec chacun d'eux, si elle n'ébauchait pas le mouvement d'objectivation, elle ne se cristalliserait pas en mythes (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.338).Par exemple: le noème de la perception, c'est son sens de perception, le perçu comme tel; le noème du sentiment, c'est la valeur (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p.7): . Pourquoi ne pas (...) dire que l'être de l'apparition, c'est son apparaître. Ce qui est simplement une façon de choisir des mots nouveaux pour habiller le vieil «esse est percipi» de Berkeley. Et c'est bien en effet ce que fera un Husserl, lorsque, après avoir effectué la réduction phénoménologique, il traitera le noème d'irréel et déclarera que son «esse» est un «percipi».
Sartre, Être et Néant, 1943, p.16. B. − LING., SÉMIOT. Unité minimum de sens, inanalysable, constituant un primitif sémantique, du code qui construit le sémantisme d'une langue. Le signifié peut être décrit en tant que combinaison adjonctive de noèmes (K. Heger, La Sém. et la dichotomie de lang. et paroleds Trav. Ling. Litt.Strasbourg t.7, 1969no1, p.68). Prononc.: [nɔ
εm]. Étymol. et Hist. 1. 1824 rhét. «fig. de rhét., selon Quintilien, par laquelle on fait entendre autre chose que ce que l'on dit» (Raymond); 2. 1840 philos. «idée en général, produit de l'intelligence» (Ac. Compl. 1842); 3. 1936 phénoménol. «objet de pensée» (Sartre, Imagination, p.153); 4. 1969 ling., sémiot. (K.Heger, op. cit. p.68 et 111). Empr. au gr.
ν
ο
́
η
μ
α, -α
τ
ο
ς «perception, intelligence, pensée; concept, p. oppos. aux sensations; dessein, projet; rhét.: pensée, p. oppos. à ο
́
ν
ο
μ
α mot», dér. de ν
ο
ε
́
ω «voir, percevoir; comprendre; avoir dans l'esprit; projeter». Au sens 1, ν
ο
́
η
μ
α chez Quintilien ds Forc. Au sens 3, empr. à l'all. Noema (1913, E.Husserl, Ideen zu einer reinen Phänomenologie und phänomenologischen Philosophie, Allgemeine Einführung in die reine Phänomenologie III, III, § 88 ds Husserliana, La Haye, M. Nijhoff 1950, t.3, p.219), lui-même empr. au gr. Au sens 4, empr. à l'all. Noem (1964, G. F. Meier ds Z. Phonet. Sprachwiss t.17, p.588: ...jedes Semem sich in begriffliche Elemente [= Noeme] zerlegen lässt). Fréq. abs. littér.: 10. Bbg. Martin (R.). Inférence, anton. et paraphrase. Paris, 1976, pp.141-144. |