| NEVEU, subst. masc. A. − Vx et littér., gén. au plur. 1. Petit-fils. Mes fils, puis, après eux, leurs fils et leurs neveux Faucheront tout le reste avec leurs bras nerveux (Vigny, Destinées, 1863, p.97). 2. P. ext. a) Descendant. Anton. ascendant, aïeul, ancêtre.Nous, les neveux de ces Guillots et de ces Perrettes, quittant les façons de nos pères, nous dansons au son du violon, comme la cour de Louis le Grand (Courier, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p.135).Notre sort sera misérable Aux yeux de nos derniers neveux; Pourtant le leur, plus désirable, N'est jamais l'objet de nos voeux (Sully Prudh., Justice, 1878, p.163).De notre décision actuelle dépendent nos ancêtres aussi bien que nos neveux (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.175). b) P. anal. Héritier d'une tradition spirituelle, artistique, littéraire. Ces littérateurs n'enseignent point, du moins avec conscience, comme tels de leurs neveux, que le fond doive être sacrifié à la forme (Benda, Fr. byz., 1945, p.168). B. − 1. Par rapport à une personne (qui est l'oncle ou la tante), fils du frère ou de la soeur. Son neveu et sa nièce; l'oncle et le neveu; éduquer, recueillir un neveu. La mort d'un neveu, fils aîné de ma défunte soeur, nous a plongés dans la plus vive douleur (Renan, Souv. enf., 1883, p.142).Le roi d'Espagne Charles II, beau-frère de Louis XIV et de l'empereur Léopold, allait mourir sans enfant. Selon que Charles II laisserait sa succession à l'un ou à l'autre de ses neveux, le sort de l'Europe serait changé (Bainville, Hist. Fr., t.1, 1924, p.250).V. aîné ex. 10, descendance ex. 3, collatéral ex. 3: 1. −Mon père, le fils de votre frère ne devrait pas manquer chez vous de...
−Ta, ta, ta, ta, dit le tonnelier sur quatre tons chromatiques, le fils de mon frère par-ci, mon neveu par-là. Charles ne nous est de rien, il n'a ni sou ni maille; son père a fait faillite...
Balzac, E. Grandet, 1834, p.110. − DR. 163. Le mariage est encore prohibé entre l'oncle et la nièce, la tante et le neveu. 164. Néanmoins, le gouvernement pourra, pour des causes graves, lever les prohibitions portées au précédent article (Code civil, 1804, p.33).Les neveux et nièces sont parents en ligne collatérale au 3edegré selon la computation civile (et au 2edegré, selon la computation canonique) de leurs oncles ou tantes (Cap.1936).V. meurtrier ex. du Code civil. − Neveu par alliance. Fils du beau-frère ou de la belle-soeur. Mon fils (...) était ton neveu par alliance (Druon, Gdes fam., t.2, 1948, p.201). − Neveu croisé. Neveu par les mâles. Neveu parallèle. Neveu par les femmes. Les primitifs appellent donc souvent un oncle paternel «père» (...) les oncles qu'on appelle du terme de «père» nomment leurs neveux parallèles «fils» et désignent leurs neveux ou nièces croisés d'un terme différent, signifiant neveu ou nièce (Lowie, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.260). − [En appellatif, dans la bouche d'un oncle ou d'une tante] Van Buck: Monsieur mon neveu, je vous souhaite le bonjour. Valentin: Monsieur mon oncle, votre serviteur (Musset, Il ne faut jurer, 1840, i, 1, p.95). − Nom patronymique + neveu (pour différencier un neveu de son oncle).Une lettre de Paris (...) m'annonce que M. Blondeau neveu est nommé secrétaire général du ministère des Finances (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1836, p.83). − [P. réf. à l'expr. (être) le fils de son père] Être le neveu de son oncle. Avoir les mêmes qualités ou les mêmes défauts que son oncle. «... −Regardez-moi; je suis son neveu.» −Et je lui ai donné vingt sous. Elle a regardé mes vingt sous, comme nous nous regarderions un diamant bleu; et moi, non pas comme le neveu de mon oncle, mais comme l'archange Gabriel! (Barb. d'Aurev., Memor. A... B..., 1864, p.426). − Au plur. [Pour désigner neveux et nièces sans distinction de sexe] :
2. Je n'ai plus qu'une soeur, et elle s'est mariée, et elle a eu des enfants, son mari travaille au chemin de fer, et à chaque escale j'achetais des joujoux pour les gosses sachant bien qu'un jour je reviendrais pour voir mes neveux...
Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.249. 2. Neveu (à la mode de Bretagne). Par rapport à une personne (qui est l'oncle ou la tante à la mode de Bretagne), fils d'un cousin germain ou d'une cousine germaine. Synon. cousin issu de germain*.Son neveu [de Charles Couperin] à la mode de Bretagne, Armand-Louis Couperin (...) fut un faible compositeur, mais un exécutant des plus habiles (Schmitt, Simon, Guédon, Nouv. manuel organiste, 1905, p.210): 3. ... une fille (...) soeur de mon père et beaucoup plus âgée que lui (...) et ses deux fils (...) étaient par conséquent les neveux de mon père, bien que l'oncle et les neveux fussent à peu près du même âge. Quant à moi, je suis leur cousine, et leurs enfants sont mes neveux et nièces à la mode de Bretagne, bien que je sois la plus jeune de cette génération.
Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.326. − DR. Les neveux ou nièces à la mode de Bretagne sont parents en ligne collatérale au 5edegré, selon la computation civile (et au 3edegré, selon la computation canonique), de leurs oncles et tantes à la mode de Bretagne (Cap.1936). 3. HIST. DE L'ÉGLISE. Cardinal-neveu. Cardinal neveu du pape en place. Les Jésuites (...) pressèrent l'internonce à Bruxelles de s'opposer à la publication. Celui-ci en écrivit à Rome, et le Cardinal-Neveu (Barberin) lui manda de s'y opposer en effet, se fondant sur le Bref de Paul V, renouvelé par Urbain VIII lui-même (Sainte-Beuve, Port-Royal, t.2, 1842, p.95). 4. Loc. interj. pop., par antiphrase. [Dans une réponse, pour marquer le renforcement, l'assertion, l'approbation] −Un peu, mon neveu (n'veu)! Beaucoup assurément! Synon. Et comment! Plutôt! Je te crois! Tu parles! Je veux!: 4. −Quoi? T'es d'Pantruche? Non, mais sans blague?...
−Un peu, mon neveu! J'ai resté dix ans dans la rue d'la Gaîté.
Benjamin, Gaspard, 1915, p.10. Rem. V. aussi petit-neveu*, arrière-neveu* et arrière-petit-neveu*. REM. Népoticide, adj.,hapax. Enfin cette chambre déjà tant attaquée à cause du jugement de Ney, vous la condamnez à devenir népoticide! (...) Quel singulier spectacle que celui d'un prince de la maison d'Orléans allant, avec un appareil impérial, chercher le corps de l'oncle, pendant que celui du neveu est sous la main de la justice (Balzac, OEuvres div., t.3, 1840, p.363). Prononc. et Orth.: [nəvø]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1100 subst. masc. cas sujet niés, cas régime nevuld (Roland, éd. J. Bédier, 824, 2885, 216, 2420, graphies nevold, nevod, nevuld, nevolz, sur leur valeur, v. G. Straka ds Mélanges Moignet ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t.18, 1, pp.299-308); b) 1155 subst. fém. nièce (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 116); 2. ca 1165 «petit-fils» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 29225); ca 1500 subst. masc. plur. nepveux «les descendants (de quelqu'un)» (Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Calmette, t.3, p.103), littér. dep. le xviies.; 3. 1690 neveu à la mode de Bretagne (Fur.). Du lat. nepos, nepotis (fém. neptis, neptis) «petit-fils (descendant de parenté indirecte)» qui a pris à basse époque le sens de «fils du frère ou de la soeur»; ces 2 sens du lat. subsistent en fr., en ital. et en sarde mais dans le domaine ibéro-rom. ne vit que le sens de «petit-fils», le sens de «fils du frère ou de la soeur (en esp. sobrino, du lat. sobrinus «cousin germain»)» n'étant att. que sporadiquement; le plur. neveux «lignée, descendance» est un calque de l'emploi poét. du plur. nepotes en lat. classique. Fréq. abs. littér.: 2087. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3837, b) 3897; xxes.: a) 2261, b) 2152. Bbg. Kuznecon (A. M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, no125, p.9. |