| * Dans l'article "NET1, NETTE,, adj. et adv." NET1, NETTE, adj. et adv. I. − Adjectif A. − 1. Qui est sans tache, sans souillure; que rien ne ternit, ne salit. Avoir les dents, les mains nettes; draps nets. Ces maisons merveilleusement nettes, ces meubles bien essuyés, polis, luisants d'avoir été essuyés pendant des siècles (Péguy,V.-M., comte Hugo,1910, p.690).Le voici à l'hôtel. À présent, que faire? Alors sa partie puissante remonte à la surface (c'est peut-être aussi que cette chambre est propre et nette) (Montherl.,Lépreuses,1939, p.1492): 1. ... je ne suis pas tendre, mais je suis délicat: j'aime ce qui est propre, net, bien lavé! Tu crois que cela ne me dégoûte pas autant que toi, cette viande qui pourrit au soleil?
Anouilh,Antig.,1946, p.181. − En partic. [En parlant d'une pers.] Qui est propre, soigné. En rentrant chez moi, j'ai trouvé, dans mon jardin, ma petite cousine élégante, nette et proprette comme une poupée qu'on sort d'une boîte (Goncourt,Journal,1873, p.937).Brunet le regarde avec satisfaction: il a l'air net et propre, avec une lueur gaie dans les yeux (Sartre,Mort ds âme,1949, p.223). − Loc. fam., vieilli. Net comme torchette. Très propre. C'était elle qui le faisait vivre, qui le soignait tendrement, qui l'établissait, chaque matin, dans son fauteuil, avec du linge blanc, net comme torchette, et qui entretenait chez lui l'illusion d'être un bourgeois, un homme établi (Coppée dsFrance 1907). 2. Au fig. Qui est franc, sans tromperie, sans reproche. Il est sorti net de cette affaire; le procédé de cet homme est net, n'est pas net; sa conduite est nette (Ac.). M. Cellier, net en affaires, trouble en spéculations (Michelet,Journal,1841, p.363).Une nette attitude, dans de pareils moments, vaut mieux que toutes les larmes et que tous les désespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et hypocrites (Leroux,Myst. ch. jaune,1907, p.56).Il a tracé une ligne de conduite très nette à tous ceux d'entre eux qui sont décidés à recueillir les avantages de la nationalité française sans en supporter les charges (Barrès,Cahiers, t.10, 1913, p.143). − Avoir les mains nettes. Ne donner lieu à aucun doute, aucun soupçon; être irréprochable. Jamais, au sortir de prison, il n'aurait les mains assez nettes pour reprendre la grande besogne (Zola,Argent,1891, p.408).Tenons-nous à l'écart, maintenant que c'est fini, afin d'avoir les mains nettes, si les choses tournent mal (Claudel,Choéphores,1920, p.938). − Conscience nette. Conscience tranquille, pure, irréprochable. Morrel rougit, car il ne se sentait pas la conscience bien nette à l'endroit des opinions politiques (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.74): 2. ... il fut mêlé à cette étonnante histoire du trou qu'une compagnie creusa, pour transporter cinq ou six mille mètres cubes de terre et faire croire à des travaux gigantesques, et qu'on dut ensuite reboucher, en rapportant la terre de Saint-Ouen, lorsque la compagnie eut fait faillite. Lui s'en tira la conscience nette, les poches pleines, grâce à son frère Eugène, qui voulut bien intervenir.
Zola,Curée,1872, p.416. B. − Que rien n'encombre; qui est débarrassé de tout ce qui gêne, encombre. Le soleil se levait; le bourg était blanc, net et vide comme un décor avant que ça commence (Alain-Fournier,Corresp. [avec Rivière], 1907, p.257).De la terrasse c'est presque un plaisir de voir le boulevard tout net, tout reposé lui aussi, devant soi (Céline,Voyage,1932, p.367). ♦ Net de.Dépourvu de, exempt de. Ciel net de brumes. Maisons toutes en pylônes, propres, régulières, avec l'air neuf; rues poudreuses, mais nettes de toute ordure (Fromentin,Voy. Égypte,1869, p.76).[Il] se déganta et présenta ses mains. Elles étaient nettes de toute cicatrice (Leroux,Myst. ch. jaune,1907, p.25).Les châssis des toiles posées par terre, côté peinture vers le mur, étaient nets de toute poussière (Triolet,Prem. accroc,1945, p.131). 1. Loc. verb. a) Faire place nette. Débarrasser un lieu de tout ce qui gêne, de tout ce qui paraît inutile. Tout est prêt pour le travail; j'ai fait hier place nette pour m'y mettre dès le lever (Gide,Journal,1927, p.852): 3. Le monde des arbres et des herbes attaque sournoisement les Bastides. −Caresse! Il a dit: «Caresse». Comme c'est facile. Et si tu ne mets pas la bêche, et si tu ne mets pas la hache, si tu ne fais pas place nette autour de toi, si tu laisses, une fois, tomber l'acier de tes mains, la foule verte submerge tes pieds et tes murs.
Giono,Colline,1929, p.136. − P. métaph. Nietzsche à travers Humain, trop Humain, Aurore et le Gai Savoir, a fait place nette, table rase: c'est l'instant où la liberté de l'esprit est absolue: ne reste debout que la notion de vérité individuelle (Du Bos,Journal,1924, p.28). − P. anal. Congédier tous ceux dont on veut se débarrasser. (Dict. xixeet xxes.). b) Faire maison nette. Supprimer tout ce qui gêne, qui paraît inutile, superflu dans une maison. Dix fois j'ai (...) fait maison nette, donné mon nécessaire de voyage, mon étui à cigares, ma trousse, mes vêtements anglais, mes stupides collections, mes cannes (Larbaud,Barnabooth,1913, p.318). − P. anal. ♦ Synon. de faire place nette (v. supra).Il lui reprocha Hutin, d'autres encore, dans un tel flot de paroles, qu'elle ne pouvait même se défendre. Mais il allait faire maison nette, il les jetterait dehors à coups de pied (Zola,Bonh. dames,1883, p.722).Vx. Chasser les domestiques. (Dict. xixeet xxes.). c) Fam. Faire les plats nets/faire plat net. ,,Vider les plats en mangeant tout ce qu'ils contiennent`` (Ac. 1935). d) JEUX. Faire tapis net. Gagner tout ce qui est sur le tapis. (Dict. xixeet xxes.). 2. Spécialement a) COMM. Poids net. Poids de marchandises après déduction de celui de l'emballage. Anton. poids brut*.Les marchandises se vendent au poids, au compte ou à la mesure. Celles qui se vendent au poids se classent en marchandises qui se vendent sur poids net, et en marchandises qui se vendent sur poids brut. On ne vend sur poids net que celles qui peuvent se peser hors de leur enveloppe (Comm.t.11837, p.863). b) ÉCON. Dont on a déduit tous les frais, tous les impôts et charges. Faire x francs de bénéfice net; indice, prix, profit, revenu net; épargne nette. Les bénéfices nets, déduction faite des frais généraux, seront partagés (Doc. hist. contemp., Un Contrat de société, 1928, p.160).Le salaire brut est celui qui est dû, le salaire net est celui qui reste à disposition après impôts et cotisations (Romeuft.21958): 4. Le surplus de l'entreprise, c'est-à-dire la valeur nette ajoutée dans l'oeuvre de production, moins les intérêts et les salaires, est une mesure de l'efficacité de la firme, si la comptabilité est correctement tenue.
Perroux,Écon. XXes.,1964, p.643. ♦ Net de.Exempt de, non susceptible de. Net de tout droit. Acheter un petit domaine enclavé dans celui de Marville (...) rapportant environ deux mille francs nets d'impôts (Balzac,Cous. Pons,1847, p.207). 3. Au fig. En avoir le coeur net. S'assurer de la véracité, de l'exactitude d'un fait afin d'être délivré d'un doute, d'une préoccupation. Elle s'était promis qu'elle irait à lui (...) qu'elle lui parlerait pour en avoir le coeur net (Loti,Pêch. Isl.,1886, p.125): 5. ... il s'ingéniait à chercher des causes naturelles qui pussent justifier cette substitution d'un moine au prêtre. C'est, sans doute, très simple; car enfin, avant d'admettre une sorte de miracle... Au reste, j'en aurai le coeur net, car je veux, après la cérémonie, tirer cette aventure au clair.
Huysmans,En route, t.2, 1895, p.126. C. − 1. Qui a des contours distincts, clairs, franchement marqués ou dessinés ne laissant place à aucun doute, à aucune confusion. Synon. franc, précis.Image nette; cassure, coupure nette. Une bande très nette de nuages d'un gris nacré coupait Ténériffe horizontalement par le milieu (Loti,Mon frères Yves,1883, p.176).Ses cheveux étaient teints outrageusement, calamistrés, séparés au milieu par une raie bien nette (Montherl.,Démon bien,1937, p.1280).Quelques lignes d'une écriture nette sur une petite feuille blanche (Beauvoir,Mandarins,1954, p.405). ♦ Avoir la vue nette. Avoir une bonne vue, bien distinguer de loin les objets. (Dict. xixeet xxes.). − [En parlant d'un son, d'un bruit] Qui est clair, distinct, pur. Une voix nette; battements du coeur nets. Joseph (...) heurta le battant de la porte. Trois coups nets et rapprochés, suivis, à quelque distance, d'un battement solitaire (Duhamel,Passion J. Pasquier,1945, p.142): 6. On entend vers Lignières leurs voix discordantes qui ne sont bientôt plus qu'un murmure très doux auquel répond par instants le marteau du forgeron sur l'enclume, un cri aussi net, aussi pur, que celui qui, en d'autres saisons, sort de la gorge d'argent du crapaud.
Bernanos,Mouchette,1937, p.1269. ♦ Emploi subst. Mettre un brouillon au net. Le mettre au propre; en faire une copie lisible. Monsieur, dit le président à Julien, allez mettre au net dans la pièce voisine le commencement de procès-verbal que vous avez écrit (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.378).Les comptes chaque soir mis au net sans tache ni rature (Claudel,Otage,1911, i, 1, p.228): 7. Trois jours avant sa mort, il retouchait encore ses papiers; il les faisait mettre au net pour l'impression, car il tenait à ces détails et aux moindres culs de lampe de ses éditions autant qu'à tout.
Sainte-Beuve,Port-Royal, t.2, 1842, p.73. 2. Au fig. a) Qui est manifeste, sans ambiguïté; qui ne laisse place à aucun doute. Affirmation, conclusion, explication, réponse nette; avoir la nette sensation de qqc.; cette affaire n'est pas nette. Je tenais à ce que la situation soit nette (Beauvoir,Mandarins,1954, p.382).La géométrie synthétique, malgré son remarquable développement, apparaît à la fin du XIXesiècle en net déclin (Hist. gén. sc.,t.3, vol. 1, 1961, p.29). ♦ Loc. Être net avec qqn. Avoir un comportement clair, sans équivoque. Moi, avec Soubrier, c'est toujours la litote. Henriet: Enfin, tu l'aimes plus que ta mère? Sevrais: Lui, il a toujours été net avec moi (Montherl.,Ville dont prince,1951, ii, 2, p.885). ♦ Expr. fam. C'est clair (et) net. Cela ne présente aucune ambiguïté: 8. Graves et tristes, ils se dissimulaient au milieu de la troupe athlétique assemblée autour des monstrueuses chimères qui bordent, une de chaque côté, l'orée de la lice. «Hé! vous autres?» Un seul coup d'oeil d'eux renseigna complètement le public. C'était clair, net, avoué...
Cladel,Ompdrailles,1879, p.266. − Emploi subst. Être au net avec/sur qqc., avec qqn. S'il voulait approfondir les choses, il en avait pour des années: économie, histoire, philosophie, jamais il n'en aurait fini! Rien que pour être à peu près au net avec le marxisme, quel travail! Il ne serait plus question d'écrire. Et il voulait écrire (Beauvoir,Mandarins,1954, p.115): 9. ... la ruse constante et si monotone de l'inconscient et de ses visées sur nous se ramène à oblitérer cette conscience et à s'assurer notre complicité pour l'oblitérer plus sûrement: mais cela aussi −une fois que l'on est tout à fait au net sur le sujet −devrait pouvoir être déjoué.
Du Bos,Journal,1925, p.341. − MAR. Patente nette. Patente de santé donnant au navire le droit d'entrée dans un port. L'officier de service fait raisonner le navire, c'est-à-dire qu'il demande (...) de quelle patente il est porteur (...). La patente nette indique un état de santé parfait (Stendhal,Mém. touriste, t.2, 1838, p.403).Un navire ne peut entrer au port s'il n'a une patente nette et les officiers de santé viennent à bord constater la régularité du document (Le Clère1960). b) Distinct, évident. Au lieu d'une vue nette de quelque chose, elle ne présente qu'un bredouillement confus d'images mélangées, un tohu-bohu de redites qui s'entrecoupent (Amiel,Journal,1866, p.407).Elle se sentait glisser de nouveau vers un gouffre de ténèbres. Ses yeux se refermaient. Elle eut la perception nette qu'elle allait mourir (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.416): 10. Ma mère fut souvent accusée d'avoir ajouté par son désordre à ces embarras de famille. J'ai le souvenir si net de notre intérieur à cette époque, que je puis affirmer qu'elle ne méritait en rien ces reproches.
Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.175. ♦ Avoir la conscience nette de qqc. Être clairement conscient de quelque chose. Il a fait cet acte coupable sans préméditation, sans réflexion, sans avoir la conscience nette de ce qu'il faisait (Michelet,Journal,1849, p.72).Quand il aborda Esparraguera, il avait une conscience nette de l'absurdité de ce qu'il faisait, de son absurdité ou bien de sa sagesse supérieure (Montherl.,Bestiaires,1926, p.499).Malgré sa modestie, il a une conscience très nette de sa valeur. Il ne m'a pas caché qu'il était très ambitieux (Gide,École femmes,1929, p.1253). c) Clair, précis. Une pensée, une sensation nette; style net et aisé. Je mange, par exemple, pour soutenir ma vie et satisfaire un besoin animal, et mon intelligence nette et prompte avant le repas s'obscurcit et s'affaisse après (Maine de Biran,Journal,1819, p.238).L'abrutissement et le manque d'exercice ont donné à mon expression un certain flou, qui me déplaît. Ma pensée reste nette. Mais mes mots ne savent plus la serrer d'aussi près (Rivière,Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p.167): 11. Chasserait-il impitoyablement les êtres auxquels son père aurait dû de vivre entouré de soins et de s'éteindre entre des bras amis? Il en était là de ces réflexions, moins nettes pourtant dans son esprit, moins arrêtées et moins précises que nous ne venons de les exprimer...
Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.144. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre [Les épisodes de Servitude et grandeur militaires] ont plus de sens, de poids et de feu intérieur, moins de maîtrise et de liberté dans l'exécution. Ce qui manque toujours, c'est le net du style (Thibaudet,Réflex. litt.,1936, p.34). − Esprit net. Esprit lucide, méthodique. Pour ne plus penser qu'à son propre salut, il s'était choisi un second, à l'esprit net et vigoureux, à la volonté ferme, aux nerfs solides (Bremond,Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.105).Gaspard lui posa la main sur le bras et lui signifia du regard d'avoir à se contenir. Bien qu'il fût à peine un jeune homme, il se trouvait avoir pris la gouverne, parce qu'il avait l'esprit plus net et plus en éveil (Pourrat,Gaspard,1922, p.83). II. − Emploi adv. A. − D'une manière précise. Jambe cassée net; os brisés net. On montait l'escalier! (...) Et ce pas était bien le sien, il l'entendit plus net à l'étage au-dessous, et on montait toujours (Ramuz,A. Pache,1911, p.199).Le sien de faux-col, le même, il le gardait depuis deux ans. Par pure et simple coquetterie il le repeignait tous les mois! (...) Mais alors bien contrairement à ce qu'assurait la notice, les doigts marquaient tout à fait net sur le col enduit (Céline,Mort à crédit,1936, p.412). B. − Tout d'un coup, brutalement. Être interrompu net; tomber net sur qqn; couper net à qqc. Rien ne se brise net dans le coeur; les liens se dénouent d'eux-mêmes et ne se coupent pas; l'arbre se pourrit sur pied et ne tombe pas en un seul jour (Flaub.,Corresp.,1847, p.15).Au moment de franchir l'oued mon mulet s'arrêta net devant des flaques de sang croupi qui provenaient d'un abattoir (Tharaud,Fête arabe,1912, p.139).Les maisons y sont à la file et s'arrêtent net au bout de l'éperon (Pesquidoux,Livre raison,1932, p.143). C. − D'une façon catégorique, franche; sans ambiguïté; sans équivoque. Parler, répondre net; renoncer net à qqc. Quand il vous sera demandé quelque chose que vous ne sauriez faire, refusez net en ne laissant aucune fausse espérance (Balzac,Lys,1836, p.160): 12. Ah! non! ça ne sonne pas net. Vous avez l'air de présenter des excuses. Jamais les lecteurs de L'Assaut n'accepteraient de lire, dans nos colonnes, un article où vous faites, bon gré, mal gré, des concessions à la gauche socialisante.
Duhamel,Combat ombres,1939, p.192. ♦ Tout net. Sans détour, carrément. Un médecin lui conseilla l'usage du safran, qui n'eut aucun résultat; alors il la déclara tout net en grossesse (Borel,Champavert,1833, p.25).Dans mon livre je me déclare tout net pour l'admiration en bloc. Je lis Homère en ce moment, et je trouve tout beau (Hugo,Corresp.,1864, p.467).Tu liras cela, tranquillement, le soir, chez toi, pour te distraire, et tu me diras tout net quels sont, à ton avis, les passages les mieux venus (Duhamel,Cécile,1938, p.97). D. − Tous frais déduits. Mon château électoral de Valombreuse, à la suite de réparations et d'agrandissements, me coûtait près de trois cent mille francs. Géré par mon ami le notaire, il me rapportait net quatre mille cinq cents francs, un et demi pour cent (Reybaud,J. Paturot,1842, p.390). REM. Nettifier, verbe trans.[Correspond à supra I C 2] .Rendre net, clair. Ce visage était d'une accentuation de traits inoubliable et la lueur des yeux, au moment du clin des paupières, jetait sur ce teint comme l'idée d'une torche intérieure. Quelle était cette circonstance? Je m'efforçais en vain de la nettifier en mon esprit (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p.129). Prononc. et Orth.: [nεt]. Vx: Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Littré [nε]. Littré note la tendance à prononcer [nεt]. Selon DG [nε] est vieilli et selon Rouss.-Lacl. 1927 la prononc. hésite entre [nε] et [nεt]; t final derrière voyelle est amuï dans la prononc. et la graph. dep. le xies. (scutu > écu). Exceptions: net, rut. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Adj. A. «sans souillure» (domaine moral) 1. en parlant d'une pers. a) 1remoitié xiies. (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, 118, 1: Beneüré li net en la veie [immaculati in via]); 1174-76 (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 4831 ds T.-L.); fin xiies. (Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, p.46, 37: Bien auret...sunt li nat de cuer); b) 1174-76 «loyal, intègre, droit» (Guernes de Pont-Ste-Maxence, op. cit., 170 ds T.-L: de nette gent fu nez); 2. en parlant d'un inanimé a) 1remoitié xiies. (Psautier de Cambridge, éd. F. Michel, 17, 32: Deus...ki posat nete la meie veie [posuit immaculatam viam meam]); b) p.ext. ca 1195 «sans détour, sans ambiguïté, sans arrière-pensée, parfait» (Ambroise, Guerre sainte, 5058 ds T.-L.: pais estable e nette); 1219, avr. [choses] de nete pensez et de sain consel (Charte ds M. Tailliar, Recueil d'actes en langue wallonne, p.61); 1225-59 amor nete e pure (Jean Erart, Poésies, éd. T.Newcombe, IX, 22). B. «Pur, non altéré, sans trouble» 1. 1160-74 eve nete (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 238); ca 1200 vassal net (Guiot, Bible, éd. J. Orr, 2450); id. tans nes et purs (Renart, éd. E. Martin, XI, 3); fin xiie-début xiiies. air nés (Le Conte de Floire et Blancheflor, éd. J. L. Leclanche, 1355); 2. p.ext. a) ca 1170 «propre» (Béroul, Tristan, éd. A. Ewert, 3862); 1174-87 mains netes (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 6642); [1552 fig. (Amyot, Plutarque, Vies, Périclès, 74 ds OEuvres, éd. G. Walter, t.1, p.378: En si grande licence, avoir conservé ses mains pures et nettes)]; ca 1200 maisons nettes ici, fig. (Guiot, op. cit., 1742); 1280 robe nete (Clef d'amor, 349 ds T.-L.); b) 1475 emploi subst. metre au net «faire une copie lisible à partir d'un brouillon» (J. de Roye, Chron. scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t.1, p.352). C. «Perçu de manière précise par les sens, par l'intelligence; qui conçoit ou exprime de manière précise et claire» 1. domaine de l'esprit a) 1535 «qui conçoit clairement» (Olivetan, Bible, Sap., 7, 22 d'apr. FEW t.7, p.149b); 1559 nette intelligence des affaires (Amyot, op. cit., 30, p.351); 1608 «qui a une conception, une expression claires» (M. Régnier, Satires, éd. G. Raibaud, IX, 25: Desportes n'est pas net, du Bellay trop facille); b) 1647 «clair, précis (du langage)» (Vaug., p.578: Un langage pur, est ce que Quintilien appelle emendata oratio, et un langage net, ce qu'il appelle dilucida oratio); 2. domaine des sens a) 1645 «qui a des contours précis (dessin, écriture)» (A. Bosse, Traité des manières de graver en taille douce, 2 d'apr. FEW, t.7, p.150a), cf. 1649, Id., Sentimens sur la distinction des diverses manières de peinture et graveure, p.86: les [...] hacheures ne paroissent plus si nettes sur le papier); b) 1752 pierre nette (Trév., s.v. pierre); c) 1679, 4 juill. voir net ici, fig. (Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t.2, p.434); d) 1690 voix claire et nette (Fur.). D. «Débarrassé, délivré de ce qui charge, encombre» 1455-75 metre [une ville] au net «saccager» (Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.3, p.351, 28); fin xves. net de «libre, non encombré de» grève toute nette de gens (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t.3, p.188, 9); 1542 faire les platz netz (Rabelais, Gargantua, add. de l'éd. de Lyon, F. Juste, 1542 ds éd. R. Calder et M. A. Screech, p.43, 85) −spéc. 1. a) s.d. [av. 1483] comm. celui qui vient de net «produit, bénéfice net» (Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et B. de Mandrot, t.10, p.466); b) fin. 1557, 9 déc. «libre de charge (d'un bien)» (Coutume de Courtrai ds Ch. Bourdot de Richebourg, Grand coutumier, t.1, p.1044); c) 1723 comm. [poids net] (Savary, s.v. net: Se dit:... de ce qui reste après que l'on a ôté la tare du poids brut de la marchandise); 2. xviies. avoir le coeur net de «être délivré d'un souci par rapport à» (O. Basselin, Vaudevires, XIX ds Vaudevires d'Olivier Basselin et de Jean Le Houx, éd. B. L. Jacob, Paris, 1858, p.35). II. Adv. 1. début xiiies. «complètement, tout à fait» (Ste Julienne, 2236 ds T.-L.); 1remoitié xiiies. [ms.] tot a net loc. adv. «id.» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 5627, var., v. t.2, p.110); 3etiers xiiies. net (Jacques de Cysoing, Quant foille vers..., 7 ds Chans., éd. E. Hoepffner ds St. mediev. t.11, 1938, p.93); 2. 1530 «tout d'un coup et rapidement» coupper tout net (Palsgr., p.505b, s.v. I nette away); 1668 être étranglé court et net (La Fontaine, Fables, VI, 19); 3. a) 1636 dire, parler, refuser net «catégoriquement, sans ambiguïté» (Monet); 1640 trancher net «dire librement» (Oudin Curiositez, s.v. trancher); b) 1677, 16 juill. casser (qqn) tout net (Sévigné, op. cit., t.2, p.295): 4. 1649 imprimer bien net (A. Bosse, Sentimens..., p.85); 5. 1665 payer net et comptant (La Fontaine, Conte d'un paysan qui avait offensé son seigneur ds OEuvres, éd. R. Groos et J. Schiffrin, t.1, p.381); 6. 1748 marchandise pesée net (Savary, éd. 1748, t.3, p.566b). Du lat. nitidus «luisant, brillant, resplendissant; pur, limpide (fons, aether); brillant de beauté, de jeunesse; paré, élégant; (en parlant du style) soigné, poli, brillant [Cicéron, Quintilien]». De la notion de «brillant, resplendissant», est issue celle de «net, propre», très voisine (cf. nitidae aedes, Plaute). Le sens «pur, limpide» att. au fig. à basse époque, se développe dans la lang. chrét. où le mot est employé comme anton. de corruptus, falsus: nitidas preces (début vies. ds Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 3897. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2287, b) 5803; xxes.: a) 6855, b) 7389. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p.53, 72, 344-353. _Hakamies (O.). Trois termes de comm. Netto-brutto-franco. Neuphilol. Mitt. 1953, t.54, pp.319-322. _Quem. DDL t.5. |