| * Dans l'article "NERVEUX, -EUSE,, adj." NERVEUX, -EUSE, adj. A. − 1. ANAT., PHYSIOL. Relatif aux nerfs (v. ce mot A). Cellule nerveuse; centre nerveux. La transmission de l'influx nerveux de la fibre nerveuse à la fibre cardiaque se fait donc par l'intermédiaire d'une substance chimique, appelée médiateur chimique (Camefort, Gama,Sc. nat.,1960, p.286): 1. ... toute morsure dans une partie du corps particulièrement innervée (main, face, jambe) devient très dangereuse, à cause de la facilité pour le virus de gagner un filet nerveux. La rage se traduit par des symptômes variés. Une de ses caractéristiques réside dans la multitude de ses manifestations.
Garcin,Guide vétér.,1944, p.211. − Système nerveux. Ensemble des organes et des tissus qui coordonnent les fonctions végétatives, motrices, sensorielles d'un organisme supérieur. Le travail musculaire produit d'autre part une action favorisante sur l'activité physiologique du système nerveux (Macaigne,Précis hyg.,1911, p.184). ♦ Système nerveux (cérébro-spinal). Partie du système nerveux qui assure les fonctions de la vie de relation (motricité, fonctions intellectuelles et sensorielles); il comprend le système nerveux central situé au niveau de l'encéphale et de la moelle épinière et le système nerveux périphérique comprenant les nerfs crâniens et rachidiens, relié au précédent. La méthode de l'inoculation intralingunale permet ensuite d'étudier le virus à son émergence dans le système nerveux central (P. Morand,Confins vie, 1955, p.135).Le système nerveux périphérique comprend ainsi: les nerfs crâniens −les nerfs rachidiens −les divers plexus qui font suite aux nerfs rachidiens et les principaux troncs nerveux périphériques issus de ces plexus (Quillet Méd.1965, p.323). ♦ Système nerveux (neuro-)végétatif. Partie du système nerveux qui assure les fonctions végétatives d'un organisme (circulation, respiration, digestion...) et qui, pratiquement autonome, est commandé par le tronc cérébral, par l'intermédiaire des systèmes sympathique et parasympathique. Les perturbations du système nerveux végétatif consécutives à la lobotomie préfrontale ont été étudiées par Reitman. Ayant stimulé le système autonome avant et après opération, il a noté des altérations dans l'homéostasie du système autonome (Delay,Ét. psychol. méd.,1953, p.205). − Plaque nerveuse. Épaississement de l'ectoblaste dû à la différenciation cellulaire de l'ectoblaste en neuroblaste correspondant au stade neurula. Si l'on greffe un lambeau de peau dans la région appelée à donner la plaque nerveuse, on constate qu'il participe à la formation du tissu nerveux (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.40). 2. PATHOL., PSYCHOPATHOL. Qui a son origine, son siège dans les nerfs. Maladie, commotion, dépression nerveuse; troubles nerveux; attaque, crise, fatigue, tension nerveuse; grossesse nerveuse. Sa toux est purement nerveuse, je l'ai calmée avec une pastille de gomme, et le sommeil l'a gagné (Balzac,Lys,1836, p.68).Contrairement à toute attente, ce produit entraîne plus souvent une sédation nerveuse que de l'excitation comme cela se voit avec l'amphétamine (R. Schwartz,Nouv. remèdes et mal. act.,1965, p.29): 2. Ma mère, par désir passionné d'être rassurée par l'ami de Bergotte, ajouta à l'appui de son dire qu'une cousine germaine de ma grand'mère, en proie à une affection nerveuse, était restée sept ans cloîtrée dans sa chambre à coucher de Combray, sans se lever qu'une fois ou deux par semaine.
Proust,Guermantes 1,1920, p.304. 3. [En parlant d'une pers.] a) Qui est d'un tempérament irritable, émotif. Ernst hurlait pour rien; il trépignait, il se roulait de colère: c'était un enfant nerveux, et Louisa avait recommandé à Christophe de ne pas contrarier ses caprices (Rolland,J.-Chr.,Aube, 1904, p.32).Nerveuse et sujette à des vapeurs, elle jetait des cris pour un claquement de porte et se lamentait au son des angélus (Colette,Mais. Cl.,1922, p.153). − Emploi subst. C'est une grande nerveuse, toujours tendue, toujours en émoi, une de ces femmes qui passent leur vie à épier la catastrophe (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.90). ♦ En partic. Un des types fondamentaux de la classification en caractérologie, caractérisé par la formule: Émotif, non Actif-Primaire. On la rencontre [la conscience du corps] chez le nerveux, tandis que le flegmatique ne sent pas son corps mais l'insère avec aisance dans le jeu du monde (Mounier,Traité caract.,1946, p.127). b) Qui est occasionnellement agacé, énervé. Gédéon Spilett et Pencroff étaient singulièrement nerveux, allant, venant, ne pouvant tenir en place (Verne,Île myst.,1874, p.422).Brunet sursaute et fait la grimace. Il se sent nerveux, il s'énerve encore davantage, il dit avec violence: «Je ne veux pas de poux ici». Il s'arrête brusquement, se mord la lèvre inférieure, et regarde les types avec incertitude (Sartre,Mort ds âme,1949, p.254). − [En parlant d'un geste, d'une attitude, d'un comportement] Qui exprime l'irritabilité, l'agacement ou l'énervement. Sanglot, rire nerveux; gaîté, grimace, peur, terreur nerveuse; bâillement, tressaillement nerveux. L'orage lui causait toujours un mal physique, une inquiétude nerveuse, une irritation cérébrale; je ne sais quoi enfin que toutes les femmes, sinon tous les hommes, ont ressenti (Sand,Lélia,1833, p.146).Lente, les yeux clos et les cils frémissants, le coin des lèvres agité par un sourire nerveux, elle tendait le duvet de sa nuque, son cou, et ses épaules voluptueusement rentrées au tranchant cruel du sabre de Barbe-Bleue (Schwob,Monelle,1894, p.43): 3. Il ne se lassait pas de ce bavardage, cherchait de nouveaux prétextes à plaisanteries, prenait Berthe sur ses genoux et lui répondait par de petits mots zézayants du bout de ses grosses lèvres épanouies, puis brusquement l'étouffait dans un baiser nerveux.
Chardonne,Épithal.,1921, p.173. ♦ Emploi antéposé, rare. Il finissait par être pris aux moelles, suffoqué par de nerveuses larmes et toutes les rancoeurs de sa vie lui remontaient (Huysmans,En route,t.1, 1895, p.52). B. − Relatif aux nerfs (v. ce mot B), aux tendons, aux ligaments. 1. Qui a des muscles et des tendons fermes et/ou apparents. Le second étoit grand, sec, maigre, nerveux, et il auroit paru avoir un grand caractère de fixité s'il n'eût pas été à côté du premier (Balzac,Annette,t.1, 1824, p.107).Sa chemise ouverte laissait voir son cou bruni, ses membres nerveux et endurcis aux fatigues (Sue,Atar-Gull,1831, p.12): 4. À la sortie de Paris, on vit arriver un rapide attelage de quatre chevaux qui s'arrêtèrent soudain en raidissant leurs jarrets nerveux comme des ressorts d'acier...
Dumas père, Monte-Cristo,t.2, 1846, p.605. − En partic. [En parlant de la viande de boucherie] Qui présente des ligaments, qui est coriace, tendineuse. Et, croyant cette fois tenir un sujet, un vrai, il se plut, trois jours durant, à le tourner et retourner comme une bouchée de viande nerveuse, jusqu'à ce que ce mastiquage trop consciencieux eût rendu son projet insipide et inconsistant (Martin du G.,Devenir,1909, p.82). 2. P. méton. Qui montre de la vigueur, de la résistance, de la rapidité. Soudain Hercule arrive et veut dompter sa rage: Dans les flots écumans il se jette à la nage, Les fend d'un bras nerveux, appaise leurs bouillons, Et ramène en leur lit leurs fougueux tourbillons (Delille,Homme des champs,1800, p.86).Mais les croupes des derniers chevaux de l'escadron, époussetées par les queues nerveuses, s'éloignaient, s'enfonçaient dans la rue, se confondaient avec la substance de Paris (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.173). − P. anal. [En parlant d'un véhicule] Qui a de bonnes reprises en puissance et en rapidité. Ici aussi, j'aurai ma moto, une Douglas rouge, nerveuse (Genevoix,É. Charlebois,1944, p.121).Tu conduis ta voiture nerveuse et rustique d'une main ferme (Arnoux,Double chance,1958, p.189). − Au fig. Qui a de la vivacité, du tonus. Revenu (...) avec MmeZ., qui a ri aux larmes de mes malicieuses interprétations. −Ne manque pas d'esprit et a cette imagination vive et nerveuse qui achève les perspectives qu'on entr'ouvre, par conséquent bonne matière à écouter, terrain élastique sur lequel rebondit la balle! (Barb. d'Aurev.,Memor. 2.,1838, p.256).On y sent la volonté nerveuse, constamment contrecarrée, −comme un vol d'oiseau, par coups d'aile répétés, avec un poids qui le ramène implacablement à terre (Rolland,Beethoven,t.1, 1937, p.124). ♦ En partic. [En parlant d'une oeuvre d'art, d'une réalisation intellectuelle, d'une interprétation] L'élégie de Le Brun est sèche, nerveuse, vengeresse, déjà sur le retour, savante dans le goût de Properce et de Callimaque (Sainte-Beuve,Portr. littér.,t.1, 1844-64, p.156).Urbain Gohier publie dans La Revue Blanche, un réquisitoire d'une extrême virulence contre tout ce qui gouverne en France. La matière était belle et le talent nerveux de mon très distingué collaborateur en a tiré grand parti (Clemenceau,Iniquité,1899, p.393).Pendant trois ou quatre siècles, dans cet art nerveux, inquiet, souvent érotique qui fleurit sur tous les rivages de la Méditerranée, il est à peu près impossible de relever une trace quelconque du sentiment religieux (Faure,Espr. formes,1927, p.235).[En parlant d'une langue] La nature de cette langue [française] est d'être claire, logique et nerveuse (Maupass.,Pierre et Jean,1888, p.283).Falguière avait d'abord parlé la langue acérée et nerveuse de Florence (Hourticq,Hist. art,Fr., 1914, p.446). 3. P. anal. a) [En parlant de métaux, en partic. du fer] Qui a été traité de manière à devenir plus résistant et plus souple. Anton. grenu.Lorsqu'ils [les rails en fer] sont bons, leur section se compose de fer nerveux sauf à la partie supérieure du champignon qui est composé de fer à grains (Bricka,Cours ch. de fer,t.1, 1894, p.291). b) [En parlant du charbon] Qui est d'une texture résistante et dure. Le charbon à travers lequel on se frayait un passage était ce que les mineurs appellent nerveux, c'est-à-dire très dur (Malot,Sans fam.,1878, p.127). c) [En parlant d'un arbre ou d'un arbuste] Flexible, résistant. À une distance un peu plus grande, s'élèvent des arbres au tronc noueux, aux rameaux nerveux et entrelacés, au feuillage immobile et sombre (Lamart.,Voy. Orient,t.1, 1835, p.304).Gaspard serrait à plein poing son bâton, un joli pied d'alisier, souple, nerveux, noueux, bien en main, et il ne se sentait pas froid au coeur (Pourrat,Gaspard,1922, p.234). REM. Nervu, -ue, adj.,synon. (supra B).Qui a du nerf. Roméo accourut sur ses pattes si flexibles et minces, si fermes et si nervues que vous eussiez dit des tiges d'acier, et il regarda sa maîtresse (Balzac, Splend. et mis.,1844, p.339). Prononc. et Orth.: [nε
ʀvø], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. «fait essentiellement de tendons» (Livre des simples médecines, éd. P.Dorveaux, 847); 2. 1549 au fig. «qui a de la force, de la vigueur» (J. du Bellay, Deffence et illustration de la langue fr., éd. H. Chamard, 1948, p.147: aussi faudroit-il bien que ces vers non rymez feussent bien charnus et nerveuz, afin de compenser par ce moyen le default de la rythme); 1574 au propre «fort, vigoureux (d'un être vivant)» (R. Garnier, Porcie, 1089 ds Tragédies, éd. W. Foerster, t.1, p.49); 1636 «efficace (d'une personne)» (Monet); 1672 «solide, résistant (d'une matière)» (Lettre pat., février ds Littré); 3. 1573 «dont les muscles, les tendons, font saillie sous la peau» (R. Garnier, Hyppolyte, 177 ds Tragédies, éd. W. Foerster, t.2, p.14); 4. 1678 «qui se rapporte aux nerfs» (G. Lamy, Explication méchanique et physique des fonctions de l'âme sensitive ou des sens, des passions et du mouvement volontaire, p.139: fibres nerveuses); 1721 genre nerveux «ensemble des nerfs du corps humain» (Trév., s.v. genre); 1754 système nerveux (Journal de Médecine, Chirurgie et Pharmacie, t.1, p.114); 5. 1749 bot. (Th. Fr. Dalibard, Florae parisiensis prodromus, ou Catalogue des plantes qui naissent dans les environs de Paris, p.XXII); 6. 1789 «qui est dominé par des nerfs irritables» (G. Buchon, Médecine domestique, t.3, p.295); 7. 1816 «provoqué par une hyperexcitabilité des nerfs» (Maine de Biran, Journal, p.15: état nerveux). Empr. au lat. nervosus «musculeux, tendineux; vigoureux; plein de fibres (d'une plante)», dér. de nervus «nerf». Fréq. abs. littér.: 4844. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6906, b) 9049; xxes.: a) 7583, b) 5832. Bbg. Quem. DDL t.16. |