| NEPTUNIEN, -IENNE, adj. A. − Vieilli 1. HIST. DES SC. École, système, théorie neptunien(ne). École, système, théorie qui attribuait à l'action de l'eau la formation de toutes les roches. On discute si longuement et même en leur présence [des femmes], sur la préférence à accorder au système neptunien sur le vulcanien (Stendhal, Amour, 1822, p.158). − Emploi subst. masc. Partisan de cette théorie: . ... chez les Grecs, les théogonies, les cosmogonies abondent dès le premier âge; dès lors, comme aujourd'hui, les vulcaniens, les neptuniens s'y disputent, non pas à la vérité les suffrages du monde savant, mais l'admiration naïve (...), le poétique sentiment d'une foule intelligente et crédule.
Toepffer, Nouv. genev., 1839, p.390. 2. GÉOL. [En parlant de roches, de terrains] Formé par l'action de l'eau. Un très bon exemple de terrains stratifiés, qu'on appelle aussi parfois neptuniens, à cause du rôle prépondérant que la mer a joué dans la genèse de cette catégorie (Lapparent, Abr. géol., 1886, p.103).Nous savons maintenant comment les roches ont été formées (...). Les unes sont dues à l'action de l'eau; on les disait autrefois roches neptuniennes (de Neptune, le dieu de la mer) pour rappeler cette origine (Boule, Conf. géol., 1907, p.24). − [P. méton.] L'origine neptunienne du granite (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr., t.4, 1847, p.56). B. − Littér., rare. Qui se rapporte à Neptune. Empire neptunien. Parmi les mouvements du port, tous pesants ou lents, un canot automobile mettait sa seule vitesse. Un large trident neptunien, fait d'écume, demeurait longtemps sur l'eau après qu'il eut disparu (Montherl., Démon bien, 1937, p.1330). C. − Relatif à la planète Neptune. L'année de Neptune est près de 165 fois plus longue que la nôtre et plus de 680 fois supérieure à celle de Mercure. En une année neptunienne la terre en a compté près de 165 et Mercure 684 (Flammarion, Astron. pop., 1880, p.271). Prononc. et Orth.: [nεptynjε
̃], fém. [-jεn]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) 1801 subst. «partisan du neptunisme» (Haüy, Traité de minér., t.4, p.481); 1822 «relatif au neptunisme» (Stendhal, loc. cit.); b) 1824 adj. géol. «formé sous l'action des eaux» (Annales des Sciences Naturelles, t.1, p.451 qui citent J. de Charpentier, Essai sur la constitution géognostique des Pyrénées: Les masses minérales qui composent la charpente des Pyrénees, paraissent appartenir toutes à la classe de roches que l'on désigne communément sous le nom de roches neptuniennes); 2. 1606 adj. «relatif au dieu de la mer» (Nicot, s.v. neptuninois) −1611, Cotgr., à nouv. 1832 (Raymond); 1611 «relatif à la mer» (Cotgr.), attest. isolée, à nouv. 1832 (Raymond); 3. 1880 «relatif à la planète» (Flammarion, loc. cit.). Dér. du nom de Neptune, dieu de la mer (lat. Neptunus, également att. au sens fig. de «mer, eau»); suff. -ien*. L'angl. neptunian est att. comme adj. terme de géol. au sens de «résultant de l'action de l'eau» dep. 1794 ds NED, «fondé sur la théorie de formation sous l'action de l'eau» 1802, ibid., «relatif à la planète» av. 1849, ibid. et comme subst. «partisan du neptunisme» 1799, ibid. DÉR. 1. Neptunisme, subst. masc.,hist. des sc. Théorie qui attribuait à l'action de l'eau la formation de toutes les roches (p.oppos. à plutonisme, vulcanisme). Continuant leur chemin en ramassant des coquilles, ils s'élevèrent à des considérations sur l'origine du monde. Bouvard penchait vers le neptunisme; Pécuchet, au contraire, était plutonien (Flaub., Bouvard, t.1, 1880, p.90).La première partie du XIXesiècle reste sous l'influence des deux grandes écoles fondées au XVIIIesiècle: l'école de Freyberg, avec le neptunisme de Werner et l'école d'Édimbourg, avec le plutonisme de James Hutton (Hist. gén. sc., t.3, vol. 1, 1961, p.379).− [nεptynism̭]. − 1reattest. 1831 (Journal de géol., t.3, p.191); de neptun[ien], suff. -isme*. 2. Neptuniste, subst. masc.,géol. Partisan du neptunisme. Synon. neptunien.Chez les géologues, la querelle des neptunistes et des plutoniens faisait grand bruit. Mais, entre les deux écoles, qui soutenaient l'origine volcanique ou marine des terres actuelles, il y avait du moins cette croyance commune: qu'une même loi de formation présidait à toutes les créations du monde sensible (Béguin, Âme romant., 1939, p.61).− [nεptynist]. − 1resattest. 1804 subst. (Ann. Min. 3, 86 d'apr. FEW t.7, p.98a), 1832 (Raymond); de neptun[ien], suff. -iste*. L'angl. neptunist de même sens est att. dep. 1802 ds NED. |