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* Dans l'article "NAUSÉE,, subst. fém."
NAUSÉE, subst. fém.
A. −
1. Vieilli. Mal de mer. Synon. méd. naupathie:
1. Il était bien un peu malade, mais qu'importe! Il ne comptait pas ses nausées, et, quand son corps se tordait sous le mal de mer, son esprit s'ébaudissait d'une immense satisfaction. Verne,Tour monde,1873, p.95.
2. Envie de vomir, suivie ou non de vomissements. Synon. haut-le-coeur, mal au coeur*, mal de coeur* (fam.).Nausées atroces; avoir la nausée, des nausées (synon. avoir le coeur sur le bord des lèvres, avoir le coeur qui chavire); douleurs, migraines, vertiges accompagnés de nausées. Elle fut prise d'une nausée si soudaine, qu'elle eut à peine le temps de saisir son mouchoir sous l'oreiller (Flaub.,MmeBovary,t.2, 1857, p.170).Au moment d'avaler la première bouchée d'une côtelette appétissante, une nausée, un étourdissement m'arrêtèrent (Proust,J. filles en fleurs,1918, p.495).V. épigastre ex. et haut-le-coeur ex.:
2. Une nausée lui serra tout à coup les entrailles et fermant les yeux il s'appuya un instant au dossier d'un meuble dans la pièce sans lumière qu'il traversait (...). Tout son visage était baigné d'une sueur dont il sentait les gouttes rouler sur son cou. Green,Chaque homme,1960, p.1327.
B. − Au fig. Sensation de dégoût insurmontable, sentiment de profonde répugnance (dans l'ordre intellectuel ou moral). Synon. écoeurement, horreur, répulsion.Comme tu dois être punie, pauvre mère, par le remords! Et cet être, quelle nausée de lui, tu dois éprouver maintenant que tu vois clair! (H. Bataille,Maman Colibri,1904, iv, 5, p.29).Est-ce que jamais vous n'avez eu la nausée en regardant le calendrier, à voir les semaines passer, passer toujours sans un changement (Montherl.,Songe,1922, p.178):
3. Une nausée universelle devant les insuffisances de ce monde soulève le coeur des Slaves, des Germains et des Latins. Elle se manifeste, chez les premiers par le nihilisme, chez les seconds par le pessimisme, chez nous-mêmes par de solitaires et bizarres névroses. Bourget,Essais psychol.,1883, p.10.
Locutions
Donner la nausée, des nausées à qqn. Synon. lever le coeur.Leurs propos et leurs rires lui donnaient la nausée (Rolland,J.-Chr.,Adolesc., 1905, p.365).Pour unique perspective, cette rentrée scolaire, cet internat de Normale, qui lui donnaient la nausée (Martin du G.,Thib.,Sorell., 1928, p.1238).
C'est à donner la nausée, des nausées. C'est écoeurant, exaspérant. Les Trois Mousquetaires sont exécrables. On est fâché d'avoir lu cela (...). C'est vulgaire; c'est à donner des nausées! (Balzac,Lettres Étr.,t.3, 1845, p.163).
Jusqu'à la nausée. Jusqu'à la saturation, jusqu'au dégoût. Ma chambre. Hideux petit univers, dont tous les détails me sont archiconnus, jusqu'à la nausée (Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.990).L'on parle volontiers du mystère de la poésie et des lettres. L'on en parle jusqu'à la nausée (Paulhan,Fleurs Tarbes,1941, p.9).
REM.
Nauséen, -éenne, adj.De nature à provoquer des nausées. Synon. nauséeux.Que peut avoir avalé Jacques-Émile Blanche, quelle coloquinte, quelle herbe nauséenne, pour avoir cette crampe buccale dans ce visage pâle (L. Daudet,Salons et journaux,1917, p.194).
Prononc. et Orth.: [noze]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1495 «envie de vomir» (B. de Gordon, Pratiq., V, 8 ds Gdf. t.3, p.725); 1573 «envie de vomir due au mal de mer» (Guillaume Paradin, Mém. de l'histoire de Lyon, Lyon, A. Gryphius, A Monseigneur Françoys de Mandelot [*2]: ... endurent mesmes agitations, elancemens et nausees en temps de tempestes); 2. 1752 fig. (Trév.). Empr. au lat. nausea «mal de mer; nausée»; fig. «dégoût», v. aussi noise. Fréq. abs. littér.: 374. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 184, b) 500; xxes.: a) 643, b) 778. Bbg. Arnold (W.). Ennui, spleen, nausée, tristesse. N. Spr. 1966, t.15, pp.166-169.