| NATURISTE, adj. A. − ETHNOL. RELIG. Qui est fondé sur la divinisation des êtres et des forces de la nature. Croyances naturistes. Naturiste et polythéiste dès l'origine, sa religion [de l'Égyptien] garde l'amour de la forme (...), jamais il n'adora ses dieux que sous la forme humaine ou animale (Faure,Hist. art,1909, p.45).Dans les cultes archaïques, on serait tenté de croire que le choix des objets sacrés, des activités sacrificielles, est tout arbitraire. En fait, il est naturiste chez les nomades, agricole chez les cultivateurs sédentaires, artificialiste chez les artisans, etc. (Philos., Relig.,1957,p.38-14). B. − 1. PHILOS. Qui a pour fondement le concept de nature. Synon. naturaliste.L'âge d'or de l'humanité n'est pas dans le passé; la religion naturiste de Rousseau relaie un mythe du paradis terrestre, qui va à l'encontre de l'espérance chrétienne, tendue vers un avenir que construit l'homme, dans un affrontement avec la nature, grâce auquel il s'accomplit lui-même individuellement et collectivement (Univ. écon. et soc.,1960, p.64-10). − Subst. Personne qui se réclame de cette philosophie: . ... les Naturistes comme d'Alembert et Diderot, qui, tout en étant dans la bienveillance (d'Alembert) ou dans l'enthousiasme fréquent (Diderot), n'admettent de loi morale qu'une certaine affection, une certaine chaleur muable et propre à la nature de chaque animal.
Sainte-Beuve,Port-Royal,t.2, 1842, p.390. 2. Qui mène une vie proche de la nature, qui se réclame de la nature. Le meurtre politique confié à des volontaires fanatisés, le mystère des sociétés secrètes, les assemblées naturistes jetant leurs appels sur la prairie nocturne, voilà les faits qui donnent actuellement sa caractéristique la plus inquiétante à l'activité allemande (Barrès,Pays Lev.,t.2, 1923, p.18).Un changement se produisit dans une partie de l'opinion et plusieurs méthodes d'alimentation naturiste furent proposées. Le végétarisme considère que la chair morte des animaux (viandes et poissons) est nocive pour l'homme (R. Lalanne,Alim. hum.,1942,p.107). − Subst. Adepte de ces conceptions. Tu sais que je suis un vieux naturiste. Je n'aime pas beaucoup toutes ces pommades que les femmes d'aujourd'hui se collent sur la figure. Mais c'est moi qui ai tort, il faut vivre avec son temps (Sartre,Mur,1939, p.49). C. − HIST. DE LA MÉD. Médecin naturiste. ,,Médecin qui pratique la médecine expectante, c'est-à-dire qui confie le sort du malade à la nature supposée toujours conservatrice`` (Littré). Bordeu a, je crois, employé le premier, ce titre de naturistes, pour désigner et caractériser, en les rangeant dans une catégorie particulière, les médecins qui s'attachent à un empirisme philosophique, et qui font profession de s'en rapporter à la nature, comme à un guide et à un modèle dans l'observation et dans le traitement des maladies (Encyclop. méthod. Méd.t.101821). D. − HIST. DES IDÉES ESTHÉT. Qui est fidèle à la nature. Synon. naturaliste, réaliste.Et je crois marcher dans une de ces planches japonaises au sol de neige, aux arbres carminés, avec lesquels ce pays de l'art naturiste représente son hiver (Goncourt,Journal,1870, p.692). − Subst. Son compagnon de noce était ce gros Allemand d'Haffner, le naturiste coloriste, le maître des champs de choux violets (Goncourt,Journal,1855[add. de 1887], p.196). − En partic. Qui appartient à l'école du naturisme. Les vers naturistes d'aujourd'hui (Léautaud,Journal littér.,1904, p.130). Prononc.: [natyʀist]. Étymol. et Hist. 1. 1821 «médecin qui prend la nature pour guide et modèle dans l'observation et le traitement des maladies» (Encyclop. Méthod. Méd.); id. médecins naturistes (ibid.); 2. 1842 «philosophe qui s'appuie sur le concept de nature» (Sainte-Beuve, loc. cit.); 3. 1896 litt. (M. Le Blond, Essai sur le naturisme, p.96); emploi adj. la doctrine naturiste (Id., ibid., p.123). Dér. de nature*; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 23. |