| NANTI, -IE, part. passé, adj. et subst. I. − Part. passé de nantir* et adj. A. − Qui est muni, pourvu de. 1. DR., FIN. [Le compl. désigne des gages, des papiers officiels] Les créanciers n'avaient pas encore réclamé, et, bien nantis de leurs titres, ils attendaient (...) que la veuve s'informât de sa position pour lui demander le paiement intégral ou la continuation du revenu que l'emprunt leur assurait (Sand, Meunier d'Angib., 1845, p.80). − Absol. Mes plus forts créanciers étaient bien disposés en ma faveur (...). Seul le capitaliste d'Oscar se montrait intraitable et me poursuivait à outrance: quoique nanti, il se prétendit à découvert, m'enlaça dans une procédure habile et expéditive (Reybaud, J. Paturot, 1842, p.427). 2. [Le compl. désigne une somme d'argent, des biens ou des avantages matériels] Cérizet, le vrai dépositaire de d'Estourny, restait nanti de sommes importantes alors engagées dans la Hausse, à la Bourse, et qui permettaient à Cérizet de se dire banquier (Balzac, Splend. et mis., 1844, p.183).La petite ville où il devait prendre le train se trouvait en fête. Chanteurs et jeux firent tant qu'il y passa la nuit, au bout de laquelle il se trouvait juste nanti du prix de son billet (Verlaine, Souv. et fantais., 1896, p.248). − Absol. Qui jouit d'une fortune ou d'une situation confortable. Bourgeois nanti; les pays nantis. Allons-nous donc glorifier avec les économistes, et consacrer au profit des conservateurs nantis, le monopole? (Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.236). B. − P. anal. 1. ADMIN. Le conseil général, nanti d'un large pouvoir délibérant, ne possède aucun moyen direct d'exécution (Bacquias, Conseil gén. et conseil arrondiss., 1934, p.12).Parmi les errants nantis d'un domicile légal, figuraient les colporteurs et les petits marchands (P. Rousseau, Hist. transp., 1961, p.164): . ... il souhaite [le Vatican] recevoir un ambassadeur de Washington, mais il exige que ce soit un ambassadeur jouissant de la plénitude de ses droits et de ses prérogatives, normalement nanti de lettres de créance l'accréditant auprès du pape...
Le Monde, 19 janv. 1952, p.12, col.5. 2. [Le compl. désigne une qualité, un avantage quelconque] Elle était nantie de deux beaux yeux noirs et d'une jolie taille (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p.497).Gourmont se croyait-il nanti de la vraie, complète et définitive intelligence? (Léautaud, Journal, t. 4, 1922, p.75).Vous reviendrez nantie de deux mois de bonheur: avec ça on met la main sur l'avenir (Montherl., Pitié femmes, 1936, p.1166). 3. [Le compl. désigne un objet quelconque] Ne rentrai-je pas chez moi nantie d'ampoules à ne plus pouvoir fermer la main! (Frapié, Maternelle, 1904, p.33).Il file à l'anglaise, nanti de quelques gâteaux dans ses poches pour grand-père (Butor, Passage Milan, 1954, p.159). − Absol. Acheté un recueil de Tchekov, en trad. anglaise (collection Penguin) et une anthologie de poètes anglais (même collection). Me voici nanti (Gide, Carnets Égypte, 1939, p.1070). II. − Subst. [Parfois avec une valeur dépréc.] Personne qui a de la fortune, une situation aisée. Je gagnai donc à pied l'avenue Friedland, et me trouvant d'une demi-heure en avance pour mon rendez-vous à la librairie de l'Étoile avec un autre jeune nanti (...) je m'assis sur un banc de l'avenue Friedland (Du Bos, Journal, 1927, p.188).Sans ça, qui supporterait les coups du sort et les humiliations d'une belle carrière (...), la turpitude des nantis, les gémissements des anéantis (Queneau, Zazie, 1959, p.154). Prononc.: [nɑ
̃ti]. Fréq. abs. littér.: 69. |