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NAISSANCE, subst. fém.
Fait de naître. Anton. mort.
I. − [En parlant d'un être organisé, gén. un être hum.] Point de départ de l'existence considérée dans son déroulement. Ces vagues éternelles de la vie, que la naissance et la mort élèvent et précipitent, repoussent et ramènent (Staël,Allemagne,t.3, 1810, p.76).Ma naissance est le terme pressenti comme une limite par l'espacement, en direction d'elle, des derniers points de souvenirs (Ricoeur,Philos. volonté,1949, p.416):
1. ... ma naissance et ma mort ne peuvent être pour moi des objets de pensée. Installé dans la vie (...) j'ai une sorte d'ubiquité et d'éternité de principe, je me sens voué à un flux de vie inépuisable dont je ne puis penser ni le commencement ni la fin, puisque c'est encore moi vivant qui les pense, et qu'ainsi ma vie se précède et se survit toujours. Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p.418.
A. − Fait de venir au monde, de quitter l'organisme maternel.
1. [En parlant d'un être hum.] Naissance d'un fils, d'une fille; date, jour, lieu de naissance; annoncer, faire part d'une naissance. La naissance d'un fils mit le comble au bonheur de Charles (Duras,Ourika,1824, p.142).Mon vénérable grand-père, après cette naissance d'un héritier enfin mâle, ne voulut point mourir avant d'avoir fait encore quatre enfants à Marie, ma grand'mère (H. Bazin, Vipère,1948, p.19):
2. «La fraternité, c'est d'abord rivalité... les frères naissent ennemis» (Baudoin). Ce sentiment se révèle à la naissance d'un nouvel enfant; elle suscite chez ses frères et soeurs un sentiment de jalousie entretenu par le déplacement sur lui de l'intérêt familial. Mounier,Traité caract.,1946, p.103.
a) Loc. et expr.
α) Loc. verb. Donner naissance à. Enfanter, mettre au monde. Il est fils d'un proscrit, il se nomme Laurence Sa jeune mère est morte en lui donnant naissance (Lamart.,Jocelyn,1836, p.621).Anxieuse, subitement dévorée de crainte, elle demanda à voir l'enfant. Toujours cette peur de donner naissance à un enfant mal conformé (Roy,Bonheur occas.,1945, p.448).
β) Loc. adj./adv. De naissance (précédée d'un adj. ou d'un subst.).
[Pour désigner une caractéristique phys.] Aveugle de naissance. Sourd-muet de naissance, on l'avait élevé à garder des vaches le long des fossés des routes (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Béc., 1885, p.208).Greco était sans doute astigmate de naissance (Barrès,Greco,Marginalia, 1923, p.177).
Signe, tache de naissance. Signe, tache marquant la peau d'une personne depuis sa naissance, et permettant éventuellement son identification. Il était (...) empreint, au bas du cou, d'un signe de naissance (Sainte-Beuve,Volupté,t.2, 1834, p.97).M. Darzac avait, près de la saignée du bras droit une large «tache de naissance» dont les contours semblaient curieusement suivre le dessin géographique de l'Australie (G. Leroux, Parfum,1908, p.129).
[Pour désigner la situation soc., l'appartenance à un pays, une relig., etc.] Cet Olmer, juif de naissance et ravi par surprise, dit-on, à la synagogue dès sa tendre enfance (Bloy,Journal,1898, p.266).Bien que Français de naissance, de coeur, de culture et de carte d'identité, il portait un nom polonais (Triolet,Prem. accroc,1945, p.99):
3. ... il ne peut pas y avoir des riches et des pauvres de naissance sans qu'il y ait des contrats injustes. À plus forte raison, en était-il ainsi quand la condition sociale elle-même était héréditaire et que le droit consacrait toute sorte d'inégalités. Durkheim,Division trav.,1893, p.378.
[Pour désigner des dispositions intellectuelles, mor., qui se sont manifestées très tôt] Être bon, brave, méchant, paresseux de naissance. Nous aurons couru en avant par toutes les voies où leur timidité naturelle devait faire hésiter des républicains de naissance (Maurras,Kiel et Tanger,1914, p.lxxx):
4. Une sainte colère réveilla les yeux distraits de tante Hélène. Les Boches étaient des criminels de naissance; ils suscitaient la haine, plus que l'indignation: on ne s'indigne pas contre Satan. Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.30.
Fam. C'est de naissance. Si j'ai faim! j'ai toujours faim! C'est de naissance (Bernanos,Imposture,1927, p.451).
γ) (Jour) anniversaire de la naissance (de qqn). Il lui mit aux oreilles deux brillants, qu'il venait de courir acheter, en se rappelant que l'anniversaire de sa naissance tombait ce jour-là (Zola,DrPascal,1893, p.178).
b) Spécialement
α) ASTROLOGIE
Ciel, thème de naissance. Disposition des astres dans le ciel au moment de la naissance d'un individu, étude des influences qui en résultent pour sa destinée. Synon. thème* natal, de nativité.Cette longue impuissance (...) que lui avait value la conjugaison (...) de Jupiter ascendant et de Vénus dominante dans son ciel de naissance (Arnoux,Seigneur,1955, p.21).
β) DÉMOGR. [La naissance est envisagée d'un point de vue statistique (taux de natalité, nombre idéal d'habitants pour un pays donné, etc.)] Courbe des naissances et des décès; contrôle, régulation des naissances; espérance de vie à la naissance. Les comportements traditionnels sont d'entrée mis en cause, dans la mesure où ils s'opposent à une politique de limitation volontaire des naissances (Tiers Monde,1956, p.372):
5. On peut imaginer que des vérités nouvelles seront un jour inventées pour réglementer dans les limites qui conviennent le nombre des naissances sur une planète où il est déjà possible de prévoir une densité trop grande de la vie humaine. Gaultier,Bovarysme,1902, p.293.
Naissance vivante. ,,Naissance d'enfant vivant`` (Méd. Biol. t.3 1972).
γ) DR. ADMIN. [La naissance est envisagée comme déterminant, pour chaque individu, son état, sa situation dans la nation, dans la société]
Acte, bulletin, extrait de naissance. Je possède également un extrait de naissance sur timbre, demandé sans doute en vue de quelque formalité administrative (Duhamel,Notaire Havre,1933, p.17).
Pop. Avaler* son acte, son bulletin, son extrait de naissance. Mourir.
Bureau, registre des naissances. Bureau de la mairie où l'on déclare la naissance d'un enfant, registre (de la commune ou de la paroisse) dans lequel on la consigne. Sieur Landoys, du clos-Landès, était (...) chargé des écritures et gardien du registre des naissances, mariages et décès (Hugo,Travaill. mer,1866, p.73).Du lundi au samedi, Sandoz s'enrageait à la mairie du cinquième arrondissement, dans un coin sombre du bureau des naissances (Zola, Œuvre,1886, p.41).
Déclaration de naissance. Les déclarations de naissance seront faites, dans les trois jours de l'accouchement, à l'officier de l'état civil du lieu (Code civil,1804, art.55, p.12).
Naissance illégitime, irrégulière, légitime. Les bourgeois, qui empêchaient leurs marmots de la fréquenter, vu sa naissance illégitime (Flaub.,Éduc. sent.,t.1, 1869, p.121).Le discrédit, qui s'attache encore aux naissances irrégulières, est absurde (Martin du G.,Thib.,Épil., 1940, p.940).
δ) MÉD. Passage de la vie intra-utérine à la vie extra-utérine chez le foetus. Naissance avant terme ou prématurée; naissance difficile, provoquée; naissance double ou gémellaire. Il me semble que la nature n'ait pu satisfaire aux conditions de la naissance de l'enfant qu'en abrégeant, aux dépens du développement du foetus, la durée de la grossesse de la mère (Cournot,Fond. connaiss.,1851, p.522).
ε) RELIG. CATH.
Naissance du Christ, de Jésus, du Messie, du Sauveur. Incarnation de Jésus-Christ et début de l'ère chrétienne. Synon. nativité:
6. ... un événement par rapport auquel s'ordonnait toute l'histoire antérieure et duquel datait le commencement d'une ère nouvelle; un événement unique, dont on pourrait presque dire qu'il marquait une date pour Dieu même: l'incarnation du verbe et la naissance de Jésus-Christ. Gilson,Espr. philos. médiév.,1932, p.182.
2. [En parlant d'un animal, d'un végétal] L'époque des naissances a commencé. Chaque matin, le fermier Pajol compte deux ou trois agneaux de plus (Renard,Poil Carotte,1894, p.183).La naissance des bourgeons, la montée de la sève (Du Bos,Journal,1928, p.74).
3. [En parlant d'un organisme, d'un organe vivant] Le développement, quel qu'il soit, suit une marche rigoureusement constante. (...) ce sont les mêmes cellules qui se divisent ou se meuvent au même moment, qui donnent naissance aux mêmes organes (J. Rostand, La Vie et ses probl.,1939, p.36).Toute cellule, à un moment donné, se divise (par «scissiparité» ou «karyokinèse») et donne naissance à une nouvelle cellule semblable à elle-même (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p.109).
B. − P. anal. et au fig. Passage à un état de renouvellement spirituel, de plus grande élévation morale. Très cher Léon Nicolaiéwitch, écrit ce paysan au lendemain de la mort de Tolstoï, c'est à toi que je suis redevable de ma nouvelle naissance spirituelle (Barrès,Cahiers,t.1, 1896, p.33).Un homme différent est sorti des mains de l'analyste (...). C'est une «deuxième naissance» dans le sens que lui donnaient précisément les initiations antiques (Choisy,Psychanal.,1950, p.224).
RELIG. Nouvelle, seconde naissance. Régénération obtenue grâce au baptême. (Dict. xixeet xxes.).
II. − P. méton.
A. − [Avec un adj. précisant l'origine] Condition, milieu social dont est issu un individu, un groupe de personnes. Synon. extraction, famille, origine.Grande, haute, illustre naissance. Déjà plusieurs jeunes gens d'une grande fortune ou d'une naissance distinguée s'étoient mis inutilement sur les rangs (Nodier,J. Sbogar,1818, p.141).Un profond sentiment du néant social où la naissance obscure et le défaut de fortune maintiennent tant d'esprits supérieurs (Balzac,Illus. perdues,1837, p.29):
7. À un grand poète et de noble naissance on passe plus aisément l'arrogance. − Mauvais raisonnement. L'arrogance est d'autant plus nécessaire que la naissance est basse. Maurois,Disraëli,1927, p.46.
Emploi abs. Origine noble ou illustre. Avoir de la naissance; faire grand cas, se vanter de sa naissance. − Mais, ma chère, un inconnu! un homme sans naissance, un ouvrier peut-être! (Stendhal,L. Leuwen,t.1, 1836, p.92):
8. ... la noblesse et la naissance étaient considérées des citoyens comme un grand avantage, et Alcibiade (...) était fort au-dessus des autres citoyens; brillant de tous les dons de la nature, il réunissait la double aristocratie des richesses et de la naissance. Sénac de Meilhan,Émigré,1797, p.1690.
DR. CIVIL. Droit de naissance. ,,Transmissibilité d'une charge ou d'un privilège par hérédité`` (Barr. 1974). La Sorbonne avait décidé que les droits de naissance ne pouvaient conférer aucun droit à la couronne à un prince ennemi de l'Église (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t.2, 1823, p.57).Maître L'Ambert, successeur de son père, exerçait le notariat par droit de naissance (About,Nez notaire,1862, p.6).
B. − Naissance de + subst.Ce qui marque l'apparition, le début de quelque chose.
1. Fait de se manifester, de se montrer; moment où quelque chose apparaît. Synon. commencement, origine.
a) [Le subst. désigne une réalité concr., un phénomène perceptible par les sens] Naissance d'une étoile. Observons le soleil au matin, à la naissance de l'aurore (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.289).La naissance du jour est une symphonie qui me recouvre comme une coupole (T'Serstevens,Itinér. esp.,1933, p.128).
b) [Le subst. désigne une réalité abstr.: manifestation de l'esprit, sentiment, etc.] Naissance de l'amitié, de l'amour; naissance d'une doctrine, d'une religion. On peut attribuer à ce moment la naissance d'un sentiment de distinction et de faveur pour Lucien (Stendhal,L. Leuwen,t.1, 1836, p.309).Il n'est guère que Maine de Biran pour apercevoir, à cette époque, avec une pareille netteté, le rôle des puissances affectives dans la naissance et le développement des songes (Béguin,Âme romant.,1939, p.9):
9. Il [le psychologue] voit la naissance des idées, leur développement, leur combinaison, les impressions des sens aboutir à des émotions et à des raisonnements, les états de conscience toujours en voie de se faire et de se défaire... Bourget,Nouv. Essais psychol.,1885, p.8.
2. Endroit, point précis où commence quelque chose. Naissance d'une branche, d'un fleuve; naissance des cheveux, de la gorge. Parvenu à la naissance du Gave béarnais (Dusaulx,Voy. Barège,t.2, 1796, p.58).Germaine a gardé son kimono de soie nagasaki (...). On aperçoit par l'échancrure la naissance des seins, le creux délicieux qui les sépare (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.149).
BÂT. Base, point d'assise, de départ d'un élément d'architecture, de construction. Naissance d'un arc, d'une colonne. Des galeries circulaires, adossées à de vastes tribunes, règnent autour de la basilique, à la hauteur de la naissance de la voûte (Lamart.,Voy. Orient,t.2, 1835, p.383).La partie égout [d'une gouttière] est constituée d'éléments droits, de talons, d'angles, de naissances d'où partent les descentes (Rustica,6-12mai1981, no593, p.18).
Naissance d'enduit. Bande d'enduit en plâtre présentant un léger relief et formant l'entourage d'une croisée (d'apr. Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t.1, 1929, p.146).
C. − Loc. verb. [Le suj. désigne une chose]
Donner naissance à + compl. d'obj. indir. Provoquer l'apparition d'une chose, d'une réalité nouvelle. Synon. créer, engendrer.L'étude de l'esprit (...) a donné naissance à l'école philosophique intellectuelle, ouverte aux vieux âges et perpétuée jusqu'à nous (Chateaubr.,Mém.,t.1, 1848, p.619).Ce processus donne naissance à un noyau d'oxygène (Goldschmidt,Avent. atom.,1962, p.19):
10. La population se mêla spontanément par les mariages et le latin devint la langue officielle des Francs qui oublièrent la leur, tandis que se formait la langue populaire, le roman, qui, à son tour, a donné naissance au français. Bainville,Hist. Fr.,t.1, 1924, p.25.
Prendre naissance à, dans, en ... + compl. de lieu. Apparaître, se manifester; trouver sa cause, son origine dans... Les superstitions prennent quelquefois naissance dans le peuple, les philosophies ne naissent que dans la tête des sociétés (Lamart.,Confid.,1849, p.35):
11. Quelle que soit la contrée où la culture du riz ait pris naissance, elle a conquis (...) une zone si étendue que le tribut qu'elle fournit à l'alimentation s'accroît d'une grande variété de suppléments suivant les contrées. Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p.143.
Prononc. et Orth.: [nεsɑ ̃:s], [ne-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Début xiies. «origine par le sang, extraction (d'une personne)» (Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 20); spéc. 1651 «illustre origine, noblesse» (Corneille, Nicomède, I, 2); 2. début xiies. [ms.] «venue au monde [d'une personne]» (St Alexis, éd. Chr. Storey, prol.); 1130-40 (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 144); ca 1165 prendre naissance (Benoît de Ste-Maure, Troie, 23164 ds T.-L.); 3. 1670 relig. [la grâce de la] seconde naissance «la régénération par le baptême» (Pascal, Pensées, 674, éd. J. Chevalier ds Œuvres, p.1299). B. 1. Ca 1200 «moment où commence, où apparaît quelque chose» (Dialogues St Grégoire, 257, 14 ds T.-L.: devant la naissence del soloilh [ante solis ortum]); 2. id. «début, origine» (Homélies de St Grégoire sur Ezéchiel, 5, 7, ibid.); 3. 1561 archit. (Delorme, Inventions, 52 vods Quem. DDL t.4: la naissance des poutres); 4. 1770-83 anat. (Buffon, Oiseau., t.12, p.379 ds Littré: la naissance de la gorge [d'un oiseau]). Dér. de naître* d'apr. le lat. nascentia «naissance». Fréq. abs. littér.: 4295. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 7554, b) 5064; xxes.: a) 4636, b)6317. Bbg. Quem. DDL t.4.