| NÉRON, subst. masc. [P. allus. à l'empereur romain Néron] Personne très cruelle, despote sanguinaire. Et ce n'est que l'oeuvre triple terminée, que je la donnerai presque simultanément; mettant comme un Néron le feu à trois coins de Paris (Mallarmé, Corresp., 1877, p.151).REM. 1. Néronicule, subst. masc.,hapax. Vous vous donnez des airs de quelque chose. Eh bien, vous n'êtes rien, justement. Rien que des néronicules, vaincus d'avance (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.434). 2. Néroniser, verbe intrans.,hapax. Les tyrans de Rimini ont néronisé sans vergogne (Suarès, Voy. Condottière, t.1, 1910, p.249). Prononc.: [neʀ
ɔ
̃]. Étymol. et Hist. 1680 (Rich.: Néron. Ce mot au fig. veut dire une sorte de tiran cruel). De Néron (Claudius Nero), empereur romain de 54 à 68, célèbre par ses cruautés. DÉR. 1. Néronien, -ienne, adj.a) Partisan de Néron. En apprenant que Néron était destiné à l'Empire, il [saint Paul] aurait été tout de suite néronien (A. France, Pierre bl., 1905, p.148).b) Qui se rapporte à Néron. Époque néronienne. En partic. Jeux néroniens. Jeux littéraires institués à Rome par Néron, vers l'an 52, à l'instar de ceux d'Olympie. Les jeux néroniens furent rétablis par Domitien sous le nom de jeux capitoliens (Ac. Compl.1842).c) Qui ressemble physiquement à Néron. Esdras (...) un grand garçon (...) à qui son front bas et son menton renflé faisaient un masque néronien, impérieux, un peu brutal (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.55).d) Qui ressemble moralement à Néron, qui est digne de Néron. Perversité néronienne; crimes, meurtres néroniens. Sa cruauté naturelle [de Vallombreuse] se livrait, en ces exaspérations, à des emportements néroniens, aux dépens du premier malheureux qui lui tombait sous la main (Gautier, Fracasse, 1863, p.344).Plaisir un peu néronien d'allumer un feu de brousse (Gide, Voy. Congo, 1927, p.800).− [neʀ
ɔnjε
̃], fém. [-εn]. Att. ds Ac. 1935. − 1reattest. 1721 adj. (Trév.); de Néron, suff. -ien*; cf. le lat. neronianus «de Néron». L'angl. neronian «relatif à Néron» est attesté dep. 1598 ds NED. 2. Néronisme, subst. masc.a) Comportement tyrannique et cruel rappelant celui de Néron. La saoulographie des marins qui est inhumaine, monstrueuse, histrionne, spectaculaire et pousse au néronisme (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.263).b) Caractère d'une personne ayant ce comportement. Il a offert à ses amis un souper noir, sur une nappe noire, dans une salle tendue de noir (...) après tous ces exploits d'un néronisme un peu puéril (Lemaitre, Contemp., 1885, p.326).− [neʀ
ɔnism̭]. − 1reattest. 1796-97 (Pache, Sur les factions et les partis, p.26, § 25); de Néron, suff. -isme*. L'angl. neronism «système de gouvernement ressemblant à celui de Néron» est att. dep. 1670 ds NED. |