| NÉNIE, subst. fém. ANTIQ., le plus souvent au plur. Chant funèbre à la louange d'un personnage de marque, exécuté chez les Romains par des pleureuses à gages. Les lamentations des juifs autour du cercueil d'un des leurs rappellent parfaitement les nénies de l'antiquité païenne et montrent la persévérance jusqu'à nos jours, d'une coutume très primitive (Lar. 19e).L'antique nénie était délaissée et il avait été impossible de la faire revivre aux funérailles d'Auguste. Les litanies liturgiques, sorte de gloussement inintelligible, faisaient place à un chant original en l'honneur des défunts notables (Dict. d'archéol. et de liturg., Paris, Libr. Letouzey et Ané, 1934, p.1099).− P.anal. Lamentation funèbre; chant triste. Je suivis ma cousine, (...) portée par huit vieilles femmes (...) tandis qu'aigre et faux s'égrenait le De Profondis de chantres plus habitués aux travaux des champs qu'aux Nénies qu'ils psalmodiaient là (Verlaine, OEuvres compl., t.5, Confess., 1895, p.106).La nénie d'Antigone marchant toute vivante à la mort! Une des plus hautes plaintes lyriques qu'ait entendues l'humanité (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p.94). Prononc. et Orth.: [neni]. Ac. dep. 1762: nénies. Homon. nenni. Étymol. et Hist. a) 1520 nevies (graphie fautive) «chant funèbre, chant triste» (G. Michel, tr. Suétone, II, 95 rods Hug.) −1662, Jean Chapelain ds Hunter au sens de «élégie»; b) 1721 (Trév.: Nénie. Terme de Poësie ancienne. Espéce de vers qu'on chantoit aux obsèques des morts). Empr. au lat. nenia «chant funèbre, chant triste, incantation». |