| * Dans l'article "MÂCHURER1,, verbe trans." MÂCHURER1, verbe trans. Fam. [Employé gén. sous la forme adj. du part.] Barbouiller, souiller de noir. Visage mâchuré. Des Indiens barbouillés, mâchurés, mascarés, surtout le chef (Arnoux, Rhône, 1944, p. 404):.... ils se frottent à moi, me tendent leurs yeux, leur nez. Parfois, devant le lavabo, quand les classes fonctionnent, je baise un petit museau mâchuré, qui comprend bien que je ne suis pas d'un acabit raffiné.
Frapié, Maternelle, 1904, p. 245. − P. anal. La lettre toute mâchurée de timbres (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 244).Un grand ciel mâchuré de feu (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 200).La main toute mâchurée d'égratignures (Giono,Solit. pitié,1932, p. 23). − IMPR. Tirer une feuille sans netteté, avec des bavures. Mâchurer une feuille d'impression (Lar. 19e-Lar. encyclop.), feuille mâchurée (Ac. 1935). Prononc. et Orth.: [mɑ
ʃyʀe], [ma-], (il) machure [- y:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971: machurer. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 mascurer «noircir, barbouiller de noir» (Aliscans, éd. W. Hartnacke et E. Wienbeck, 3159); 1690 typogr. machurer une feuille (Fur.); b) 1504 se maschurer «se barbouiller» (A. de La Vigne, Sotie à huit personnages, Le monde, Abus... ds E. Picot, Recueil gén. des Sotties, t. 2, p. 95, 1381: ...le mosnier Qui se maschure en sa farine); 2. 1240 fig. (Baudoin de Condé, Dits et contes, 215, 306 ds T.-L.); 1560 se machurer (Calvin, Instit., [1560] I, VIII, 4 ds Hug.: noir de pechié et mascuré). Mâchurer est une altération mal expliquée, peut-être d'apr. l'a. fr. oscurer (1119, Ph. de Thaon, Comput, 286 ds T.-L.: nuit oscurée; ca 1350 fig. «flétrir, souiller» G. Li Muisis, I, 151, ibid.; dér. de obscur*, cf. lat. obscurare «obscurcir»; FEW t. 6, 1, p.440a, note 13), puis ultérieurement de mâcher1*, de l'a. fr. mascherer (ca 1200 Aliscans, 3159, var. B, 1remoitié xiiies.), d'un verbe *mascarare «barbouiller de suie», dont les représentants sont également relevés en corse, cat., aragonais, et port., dér. de *mascaro- «noir, barbouillé de suie; suie» lui-même dér. pré-rom. de *maska, v. masque1. DÉR. 1. Mâchurage, subst. masc.Action de barbouiller, de salir de noir; résultat de cette action. La traction électrique les soulage [les voyageurs] des fumées, des mâchurages (...) des escarbilles (Arnoux, Double chance, 1958, p. 192).− [mɑ
ʃyʀa:ʒ], [ma-]. − 1reattest. 1958 id.; de mâchurer1, suff. -age*. 2. Mâchuron, subst. masc.a) Région. (surtout Savoie). Tache noire, barbouillage. Se faire un mâchuron. Un visage maigre, souffreteux, où une petite moustache précoce et mal taillée semblait un mâchuron (Daniel-Rops, Mort, 1934, p. 271).b) Ouvrier exerçant une profession salissante telle que celle de charbonnier, de fumiste, etc. Ce chaudronnier est un mâchuron (Quillet1965).− [mɑ
ʃyʀ
ɔ
̃], [ma-]. − 1resattest. a) 2emoitié xiiies. masqueron, macheron, masseron «enduit noir et salissant» (Garin de Monglane, éd. M. Müller, 2792); cf. ibid., 4025 m'estoie de noir maskie et noirciree cité d'apr. le ms. ds Gdf. et cf. T.-L.; av. 1892 «tache noire causée par le contact d'un fond de marmite» (Bonhote ds Guérin); 1934 «tache noire sur un visage» (Daniel-Rops, loc. cit.); b) 1902 «ouvrier au visage mâchuré (chaudronnier, fumiste)» (Nouv. Lar.ill.); de mâchurer1, suff. -on1*, terme relevé dans les dial. gallo-rom., notamment de Bourgogne et des domaines fr.-prov. et prov. (v. FEW t.6, 1, p.432b et 433a). |