| MUSCADE, subst. fém. et adj. A. − Fruit du muscadier, ayant l'aspect d'une capsule charnue, jaunâtre, de la grosseur d'une pêche, marqué d'un sillon longitudinal et s'ouvrant en deux valves (d'apr. Baillon t.3 1891). B. − 1. Noix (de) muscade ou, absol., muscade. Graine aromatique du fruit du muscadier, de la grosseur d'une très petite noix, ovoïde, un peu ridée, de couleur brune et marbrée intérieurement, que l'on emploie comme épice. Les princes sont comme la muscade, il n'en faut pas mettre partout sous peine de ne plus l'aimer (Montesquiou,Mém., t.3, 1921, p.64): 1. Les fruits du muscadier, cultivé dans l'Insulinde, sont couverts d'un tégument qui, détaché, aplati et séché, constitue le macis. Lorsqu'on a séparé ce dernier de la graine et qu'on brise le tégument dur après dessication, on obtient la noix de muscade ou noix muscade.
Brunerie,Industr. alim.,1949, p.105. Rem. Hanse Nouv. 1983 refuse ,,noix de muscade``. ♦ Beurre de muscade. Matière grasse blanchâtre, d'odeur aromatique, de saveur forte, extraite de la noix muscade. Muscade [beurre de]. Il est employé comme antirhumatismal (Planchon, Collin,Drogues orig. végét., t.1, 1895-96, p.405). 2. P. anal. a) (de parfum). [Avec valeur adj.] Rose muscade. Rose rouge dont le parfum légèrement épicé rappelle celui de la noix muscade. (Dict. xixeet xxes.). b) (de forme). Petite boule de liège dont les escamoteurs se servent dans leurs tours. Le grand Morizot était un amateur qui récréait les salons en escamotant des muscades (Zola,Page amour,1878, p.895).Ah! si j'en avais le loisir (...) je vous escamoterais mon Chatillon comme une muscade. Je vous l'enverrais d'une pichenette en Marsouinie (A. France,Île ping.,1908, p.241): 2. L'établissement d'un tireur de cartes se compose (...) de trois gobelets de fer-blanc, de quelques petites boules de liège ou muscades.
Vidocq,Voleurs, t.1, 1836, p.272. ♦ P. métaph. Dès ce premier jour, quand en rentrant je pus voir le souvenir que je rapportais, je compris quel tour de muscade avait été parfaitement exécuté (Proust,J. filles en fleurs,1918, p.875). − Expr., fam. Passez(,) muscade! Le tour est joué. Au fig. [Pour signifier la réussite d'une opération exécutée très vite et sans qu'on s'en soit aperçu] Tout à coup son bec [de la mort] au cervelet se plante. Passez, muscade! (Cocteau,Potomak,1919, p.277): 3. [La Marquise de Chandivert] Pas grand'chose, Éminence! que vous vouliez bien nommer notre ami, chanoine titulaire, vous coupez court aux ragots (...) vous affirmez ainsi qu'il n'y a rien! Passez muscade!
La Varende,Roi d'Écosse,1941, p.265. Prononc. et Orth.: [myskad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 nois muscade ([Chrétien de Troyes], Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1355); b) ca 1485 muscade (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 17597); 2. 1554 rose muscade (O.de Magny, Gayetez, d'un bouq. de s'amie ds Gdf. Compl.); 3. 1701 «petite boule de liège utilisée par les escamoteurs dans leurs tours de passe-passe» (Fur.) 4. a) 1808 partez, muscade expr. dont se sert le prestidigitateur pour annoncer que son tour est réussi (Hautel); 1835 passez, muscade (Ac.); b) 1906 loc. fig. (Pt Lar.). Empr. à l'a. prov.notz) muscada (xives. ds Levy Prov.), dér. de musc «musc». Fréq. abs. littér.: 56. |