| ![]() ![]() ![]() ![]() MOUSSE2, subst. fém. A.− 1. Amas de bulles. a) Amas serré de bulles qui se forme à la surface de certains liquides lorsqu'ils sont agités ou battus. Synon. écume.Une longue cascade (...) fait tourner un moulin, (...) les eaux font leur bruit, la mousse floconne sur un courant où se trempent de molles touffes de verdure (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 206).[Le Trois-Mâts russe] labourait dur la houle... Il avait de la mousse plein ses focs (Céline, Mort à crédit,1936, p. 140): 1. ... voyez comme les vagues se soulèvent à de longs intervalles et déroulent avec calme leurs immenses anneaux; quelquefois une mousse blanche et frémissante jaillit du sommet diaphane des deux lames qui se rencontrent, se heurtent, s'élèvent ensemble et retombent en poussière humide après un léger choc.
Sue, Atar-Gull,1831, p. 1. − [P. anal.] L'écume bordait les rênes des chevaux, et la mousse filait des mors (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 274).Jacques regarda le bonhomme (...) qui maintenant tremblotait des extrémités en excrétant par la bouche une mousse morveuse réaspirée parfois, avec un bruit de siphon (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 54). − En partic. Amas de bulles qui se forme à la surface d'un liquide sous pression ou qui est le siège d'une fermentation. Le cidre doux en bouteilles poussait sa mousse épaisse autour des bouchons (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 31).La petite Lotchen (...) vint déposer une chope devant lui; il la prit, la leva gravement entre son œil et la lumière, pour en admirer la belle couleur d'ambre jaune, souffla la mousse du bord, et but avec recueillement (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 72).Le malt caramel a subi une saccharification partielle (...). On l'ajoute au malt ordinaire pour améliorer la mousse de la bière (Industr. fr. brass.,1955, p. 7): 2. Elle décoiffa une bouteille de « dry », poussa, au départ du bouchon, un léger cri de fille embrassée, et, les doigts mouillés, emplit deux flûtes gravées d'une couronne de prince. Elle penchait, à petits coups, la lourde bouteille vers les fusées de cristal où la mousse blanche nageait sur le vin un peu doré, d'une limpidité de pierre précieuse.
Hamp, Champagne,1909, p. 222. ♦ P. compar. : 3. Tu plongerais dans la luzerne
Ton blanc peignoir,
Rosant à l'air ce bleu qui cerne
Ton grand œil noir, Amoureuse de la campagne,
Semant partout,
Comme une mousse de champagne,
Ton rire fou.
Rimbaud, Poés.,1871, p. 65. b) Amas de bulles gazeuses formées par une solution et constituant une matière plus ou moins légère et plus ou moins dense. Mousse de lessive, de savon; mousse à raser. De l'autre main, qui tenait la courte brosse de chiendent, elle tirait du linge une mousse salie, qui, par longues bavures, tombait (Zola, Assommoir,1877, p. 388).Le barbier, pour mener à perfection son ouvrage, étalait à nouveau sur le visage déjà rasé une mousse onctueuse et, du clair d'un second rasoir qu'il affilait au creux de sa main droite, raffinait (Gide, Caves,1914, p. 798).Elle avait fini de brosser. Elle s'était arrêtée, redressée. Elle s'essuya le front d'une main mouillée qui laissa dans ses cheveux un flocon de mousse blanche frémissante (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 158). − [Dans un cont. métaph.] :
4. Un numéro consistait en une rétrospective du Cancan (...). Quelquefois on ne distinguait que leurs jambes noires [des danseuses] dans une literie du Palais-Royal; quelquefois elles faisaient à pleines mains sauter leur pied en l'air comme un bouchon de champagne et la mousse des dessous les inondait. La naissance de Vénus n'agite pas plus d'écume.
Cocteau, Gd écart,1923, p. 67. 2. P. anal. Ensemble léger, bouffant, vaporeux. Elle ôte son corsage de bal lentement, dégageant ses bras nus et blancs. (...) et, sous une mousse de dentelle, quelque chose de rose apparaît au bord du corset de soie noire (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bord du lit, 1883, p. 900).Douce Lili, un peu joufflue sous la mousse de ses cheveux blonds (Chardonne, Bonh. Barbezieux,1938, p. 53). 3. Au fig. [En parlant de qqc. de léger, de pétillant, de scintillant] a) [Note une impression visuelle] La porte d'entrée est grand ouverte; (...) la maison est sombre et fraîche. Il s'approche de la porte d'entrée; il faut plonger dans cette mousse de lumière (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 199). b) [Note un aspect superficiel et passager] Augustin ne trouvait pas désagréable une fois en passant, cette mousse de plaisir légère, coloriée et sans consistance qui flottait pour quelques heures sur sa vie (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 185).[La taquinerie] est fréquente chez l'adolescent, qui essaie sa force sur autrui en des jeux légers. Elle n'a pas de buts à proprement parler, elle est comme une mousse de l'instinct (Mounier, Traité caract.,1946, p. 560): 5. Des caresses de sa tendresse elle avait éprouvé un plaisir bouleversant au début, lorsqu'elles étaient chastes ou presque, moins vif lorsqu'elle reconnut que cette tendresse n'était d'ordinaire que le prélude et comme la mousse du désir. Des caresses de sa volupté elle n'avait jamais éprouvé nul plaisir : elle était froide de nature...
Montherl., Démon bien,1937, p. 1245. c) Loc. Faire de la mousse (vx). Synon. se faire mousser*. (Dict. xixeet xxes.). B.− P. anal. 1. ART CULIN. a) Entremets ou dessert à base de blancs d'œufs ou de crème fouettée. Mousse au caramel, au cassis, à la fraise. Battez, pour qu'ils soient mousseux, Quelques œufs; Incorporez à leur mousse Un jus de cédrat choisi (Rostand, Cyrano,1898, ii, 4, p. 73).Au premier dîner, par exemple, tiens, je lâche le mot, j'ai été ignoble. J'ai repris cinq fois de la mousse au chocolat (Anouilh, Sauv.,1938, ii, p. 176).Procope mit à la mode les mousses glacées à base de crème fouettée, qu'on surnomma « glaces à la chantilly » (Gdes heures cuis. fr.,Éluard-Valette,1964, p. 237). b) Pâté, préparation de consistance légère et mousseuse. Mousse de foie de volaille, de poisson. Le foie gras n'a aucun rapport avec la fade mousse qu'on sert habituellement sous ce nom (Proust, Temps retr.,1922, p. 712). 2. Emplois techn. a) CHIMIE ♦ Mousse de latex. Latex dans lequel a été dissous un gaz neutre. La mousse de latex possède des qualités d'élasticité qui assurent aux sièges et lits une stabilité de forme et une solidité qui la font de plus en plus rechercher (Industr. fr. caoutch.,1965, p. 45). ♦ Mousse de platine. Synon. éponge* de platine.Platine spongieux obtenu par calcination du chloroplatinate d'ammonium, utilisé comme catalyseur (d'apr. Lar. encyclop.). Séparation du platine à l'état de chloroplatinate d'ammonium (...). Calcination de ce sel et obtention de mousse de platine que l'on fond (Guillet, Techn. métall.,1944, p. 125). ♦ Mousse carbonique*. − Emploi adj. ou en appos. (cour.). Caoutchouc mousse. Caoutchouc à faible densité dans lequel a été dissous du gaz neutre, chimiquement inerte. Balle, jouet en caoutchouc mousse; tapis de sol, de table en caoutchouc mousse. Derrière les poteaux et la barre [du sautoir] une zone de réception, en sable ou caoutchouc mousse, permet à l'athlète de reprendre contact au sol sans danger (Jeux et sports,1967, p. 1243). ♦ P. ell. Balle mousse. Balle faite de caoutchouc mousse. Un rétablissement, et il tomba dans la chambre avec la souplesse, le silence d'une balle mousse (La Varende, Souv. Seigneur,1953, p. 224). − Au plur. Demi-produits de différentes natures obtenus par la préparation de résines polymérisées ou polycondensées. Les mousses sont à cellules fermées ou ouvertes. Certaines se présentent sous forme de demi-produits en plaques, sandwichs, feuilles minces, bandes (...) : le polystyrène (...), les silicones, les polyéthylènes (Grand.1962). b) TEXT. Mousse de nylon. Tissu de nylon très extensible et assez épais. Bas, chaussettes en mousse de nylon. (Dict. xxes.). − Emploi adj. ou en appos. Nylon mousse. (Dict. xxes.). Fil mousse. Fil synthétique de superpolyamide dont les filaments présentent des ondulations particulières lui donnant un gonflant et des propriétés isolantes remarquables (Dict. xxes.). c) TRICOT. Point* mousse. Prononc. et Orth. : [mus]. Ac. 1694 : mouce; 1718 et 1740 : mouce, mousse; dep. 1762 : mousse. Étymol. et Hist. 1. a) 1680 « amas serré de bulles » (Rich.); b) 1755 « crème fouettée dans laquelle on mêle du chocolat » (Menon, Les Soupers de la cour, t. 4, p. 302); c) 1949 mousse carbonique (Nouv. Lar. univ.); 2. a) 1878 faire de la mousse « faire des embarras, chercher à briller, faire grand étalage de toilette » (Figaro du 28 oct. ds Rigaud, Dict. jargon paris.); b) 1899 se faire de la mousse « se faire du souci » (d'apr. Esn.); 1920 « se mettre en colère, se faire du souci » (Bauche). Emploi métaph. de mousse1*. Bbg. Mack. t. 2 1939, p. 244. |