| MOUSQUET, subst. masc. HIST. DE L'ARM. Arme à feu portative (qui succéda à l'arquebuse et précéda le fusil) en usage dans l'infanterie du xveau xviiesiècle, que l'on fixait au sol sur une petite fourche et que l'on allumait à l'aide d'une mèche. Gros, petit mousquet; balle, coup de mousquet; canon de mousquet; charger, décharger un mousquet; manier le mousquet. François Iervouloit ressusciter la chevalerie parmi les porteurs de mousquets et d'arquebuses (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 4, 1831, p. 260).Six générations auparavant, le fusil de chasse était à l'honneur dans la maison. Après le mousquet apporté de France et le fusil à bourre (Guèvremont, Survenant,1945, p. 75):Vis-à-vis le quai de la Grève, des jeunes gens armés de mousquets s'installaient chez des femmes pour tirer. L'un d'eux avait un mousquet à rouet. Ils sonnaient, entraient, et se mettaient à faire des cartouches.
Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 286. ♦ Mousquet à mèche, à serpentin, de rempart (Ac. Compl. 1842); mousquet à fusil*; mousquet biscaïen, synon. de biscaïen (v. ce mot II B 1 a). ♦ Mousquet à rouet. Mousquet à pierre dont la mise à feu s'opérait à l'aide d'un rouet d'acier. V. ex. supra. − Locutions ♦ À (une) portée de mousquet. Aussi loin qu'un mousquet peut porter. Le soir ils s'enhardirent et vinrent à portée de mousquet, tourner autour du retranchement (Gobineau, Nouv. asiat.,1876, p. 216).Je me trouvais voyager dans les Flandres, toute une journée, en chaise publique, dans le vis-à-vis d'une femme du commun, (...) à deux ou trois portées de mousquet de Louvain, (...) je m'avisai de ses ongles (Audiberti, Mal court,1947, i, p. 144). ♦ Porter le mousquet. Être soldat dans l'infanterie. L'intendant, qu'on avait cru mort apparemment, et qu'on apprend qui porte, frais et gaillard, le mousquet dans la garnison d'Hesdin (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 5, 1859, p. 451). − Proverbe, fam., vx. Crever comme un (vieux) mousquet. Mourir par excès de table, par débauche ou par excès d'embonpoint; mourir subitement et stupidement. Cent sous contre dix que, si son dépérissement continue, avant un mois le patron aura crevé comme un mousquet! (Sue, Myst. Paris,t. 8, 1843, p. 279).Voilà ce pauvre bougre de d'Arcet (...) qui a crevé au Brésil comme un mousquet, au moment où il touchait à la fortune (...); il meurt tout d'un coup dans son lit par l'explosion d'une lampe à gaz (Flaub., Corresp.,1847, p. 10). Prononc. et Orth. : [muskε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1568 mosquet (Arch. municipales de Bayonne, Reg. fr., I, 162 d'apr. K. Baldinger ds R. Ling. rom. t. 20, p. 83); 1571 mousquet (Inventaire des pièces d'artillerie des duchés de Lorraine et de Bar ds Journal de la Soc. d'archéol. lorraine, 1869, p. 109). Empr. à l'ital. moschetto, nom donné à une arme à feu portable dep. début xvies. (Sanudo ds Batt.), masc. formé sur moschetta « flèche de l'arbalète » (dep. début xives., Cino da Pistoia, ibid.), issu p. compar. de moschetta « petite mouche », dér. dimin. de mosca (mouche*). Fréq. abs. littér. : 93. Bbg. Hope 1971, p. 211. |