| MOUCHOIR, subst. masc. A. − Mouchoir (de nez, à moucher). Petite pièce de linge ou de tissu de cellulose dont on se sert principalement pour se moucher. Mouchoir blanc, brodé, écarlate, festonné, fin; mouchoir de baptiste, de poche, de soie, de Valenciennes; acheter, donner, jeter, marquer, perdre, repasser un mouchoir. Par instants elle tourne la tête, et, pour étouffer une reprise de sanglots, presse son mouchoir sur les lèvres enflées (Martin du G.,J. Barois,1913, p.530).Il tira de sa poche son gros mouchoir de coton et s'essuya fébrilement le front et les joues (Bernanos,Imposture,1927, p.343): 1. Elle étoit assise devant une table à ouvrage et raccommodoit, à l'aide de ses bésicles, les bas de M. Gérard, tandis qu'Annette, de l'autre côté, ourloit un mouchoir à son cousin qui marchoit à grands pas dans le salon, les bras croisés et parlant assez haut.
Balzac,Annette,t.1, 1824, p.36. − Expressions ♦ [P. réf. aux larmes versées lors d'un départ] Agiter le mouchoir. Dire adieu: 2. [Gaetano] avait en tout point le costume sous lequel il était apparu la veille à son convive et agitait un mouchoir en signe d'adieu. Franz lui rendit son salut en tirant à son tour son mouchoir et en l'agitant comme il agitait le sien.
Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.415. ♦ Vx. [P. allus. à une coutume orientale par laquelle le Sultan choisissait de cette manière la femme qu'il désirait] Jeter le mouchoir à une femme. Lui donner la préférence (d'apr. Rey-Chantr. Expr. 1979). Il y était question, au cours d'un couplet, du Sultan qui «lui jeta le mouchoir». J'entendais bien ce que le geste voulait dire; évidemment ce devait être d'un usage courant dans certains pays (Gide,Journal,1910, p.295). ♦ Fam. Grand comme un mouchoir (de poche). Exigu, tout petit. C'était au bout d'un nouveau couloir fangeux, un petit carré de terre grand comme un mouchoir et entouré de maisons, si hautes, que le soleil y donnait seulement pendant deux ou trois heures par jour (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.296). ♦ Fam. Faire un noeud à son mouchoir. Nouer un coin de son mouchoir afin de penser à quelque chose; sorte de pense-bête. Sur le Mémorial. − Il [Pascal] le mettait dans sa poche. Pour le tâter. Comme on fait un noeud à son mouchoir (Barrès,Cahiers,t.6, 1907, p.12). ♦ Pop. Mettre son mouchoir dessus. ,,Mettre dans sa poche et son mouchoir dessus: Être contraint de supporter un affront (Palat) − On abrège en disant mettre en poche`` (Larchey, Dict. hist. arg., 2eSuppl., 1883, p.100). ♦ Arg. des sportifs. Dans un mouchoir. ,,Se dit de chevaux ou de coureurs quand ils forment un peloton serré à l'arrivée`` (Turf, 1909; Cycl., 1910 ds Esn. 1966). Dead-heats, arrivées «dans un mouchoir» (Paris-Sport,16 déc. 1933, p.1 ds A.-O. Grubb, Fr. sports neologisms, 1937, p.51).P. anal. La bataille électorale va se jouer dans un mouchoir (Hachette1980). B. − P. anal. − Mouchoir (de cou, de col ou de tête). Morceau d'étoffe dont les femmes se couvrent le cou ou la tête. Synon. carré.Pour le jour de l'an, Plampougnis avait apporté à Lucie une poire rouge confite au sucre; Le dragon à sa Mariette un mouchoir de cou en cotonnade de couleur (Pourrat,Gaspard,1930, p.182).Kate entrait, après avoir jeté un mouchoir sur ses cheveux blonds, et elle s'agenouillait sur un banc, de l'autre côté de la nef (Peyré,Matterhorn,1939, p.119): 3. Les petites bourgeoises et les femmes du peuple portent [à Bayonne] (...) un mouchoir sur la tête, ce qui n'est point sans grâce; un angle de ce mouchoir, long de huit à dix pouces, est laissé en liberté.
Stendhal,Mém. touriste,t.3, 1838, p.120. − Morceau de tissu carré servant à faire un baluchon, à emballer quelques affaires. Il irait marchant à la pluie et à la neige, sous les étoiles et sous le soleil, tout son bien dans un mouchoir au bout d'un bâton (Roy,Bonheur occas.,1945, p.196): 4. À Brest, ce mauvais jour où il avait voulu nous quitter, je l'avais vu passer, en déserteur, portant ses effets de matelot si bien pliés dans un mouchoir, et je l'avais suivi de loin jusqu'à Recouvrance.
Loti,Mon frère Yves,1883, p.329. Vx. Mouchoir d'instruction. ,,Large pièce d'étoffe carrée ou rectangulaire imprimée de dessins à scènes militaires ou marines, dans laquelle les soldats et marins enveloppaient de menus objets`` (Leloir 1961). C. − TECHNOLOGIE 1. CONSTR. Refaire un mur en mouchoir. Refaire un mur ,,en conservant la maçonnerie en bon état, la maçonnerie nouvelle formant une ligne oblique du pied au sommet`` (Lar. 20e). 2. MAR. Remplissage des membrures d'un navire. Mouchoir de cabestan, d'étambrai (Lar. 20e). Les taquets de la plate-forme de cale [d'un cuirassé] sont de simples mouchoirs en tôle triangulaires, placés sur le côté du barrot et rivés sur lui et avec les montants d'une cloison (Croneau,Constr. nav. guerre,t.1, 1892, p.177). Prononc. et Orth.: [muʃwa:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1460-66 mouchouer (Martial d'Auvergne, Les Arrêts d'Amour, XXVIIeArrest, éd. J. Rychner, p.129); ca 1480 (Guillaume Coquillart, Le Monologue, éd. M. J. Freeman, p.284, 221); fig. 1690 jeter le mouchoir à une femme (Fur.: Le Grand Seigneur jette son mouchoir à celles de ses sultanes qu'il veut favoriser); p. compar. a) 1859 (Lamart., Cours litt., p.239: dans mon petit jardin grand comme le mouchoir de Mireille); 1883 (Zola, Bonh. dames, p.12: cette maison-là grande comme un mouchoir de poche); b) 1895, 29 juill. sports (Le Vélo ds Rey-Gagnon Anglic.: Ils finissent tous dans un mouchoir); 2. 1627 mouchoy de col (H. Roy, La Vie, la Mode et le costume au XVIIes., p.439); 1651 mouchoir de col (Scarron, Roman Comique, I, 13 ds Littré). Dér. de moucher*; suff. -oir*. 1 b est le calque de l'angl. in a handkerchief (v. Mack., p.135 et Rey-Gagnon Anglic. 1981). On trouve la forme mouscoirs, 4equart xiiies. (Roques t.1, Douai 62, 902) au sens de mouchette*. Fréq. abs. littér.: 2111. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2018, b) 3889; xxes.: a) 4092, b) 2710. Bbg. Mack. t.1 1939, p.135. _ Ménage. Le Mouchoir et le couvre-chef. Fr. mod. 1939, t.7, pp.159-165. _ Quem. DDL t.9, 10. |