Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
MONDE1, subst. masc.
I.
A. −
1. Ensemble constitué des êtres et des choses créés; l'univers, le cosmos. Centre, commencement, équilibre, fin, grandeur, naissance, ordre, origine du monde; premier âge, jour du monde; éternité, machine, système du monde; au premier matin du monde; monde infini. Dieu a créé le monde, a tiré le monde du néant (Ac.1935).À quoi nous sert de savoir si le monde existe depuis six ou depuis vingt mille ans, s'il s'est fait de rien ou de quelque chose, de lui-même, ou par un ouvrier (Volney, Ruines, 1791, p.316).Les sages (...) possèdent l'astronomie, l'astrologie, l'arithmétique; ils connaissent le thème natal de l'univers, et peuvent dire le domicile des planètes au moment même de la création du monde (Gautier, Rom. momie, 1858, p.308).
Loc. verb. Se considérer comme le centre du monde; se prendre pour le nombril* du monde; prendre son nombril pour le centre du monde (fam.).
En partic. Ensemble de tout ce qui existe sur terre, perçu par l'homme et le plus souvent en opposition avec lui. Concevoir, connaître, comprendre, découvrir, déchiffrer, expliquer le monde; monde inconnu; compréhension, perception, vision du monde. Peu ou point de cosmogonie proprement dite; peu ou point de mythologie, mais une conception du monde déjà rationnelle, quoique éminemment morale (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.161).
a) Ensemble constitué par la terre et les astres, conçu comme un système et p. méton. système planétaire de la terre. Cette grande loi d'attraction qui suspend le monde à sa place, l'use et le ronge dans un désir sans fin; chaque planète charrie ses misères en gémissant sur son essieu (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.368).
b) P. ext. Tout astre ou corps céleste considéré comme un univers propre. La pluralité des mondes. Les indications que la science s'efforce de fournir, au sujet de l'origine du monde solaire, de l'origine et de la nature de la vie et des espèces (Renouvier, Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.155):
1. Avec quelques notions d'astronomie, on se représente volontiers ce que serait pour nous le spectacle du ciel, vu de la lune ou de Saturne, dans un monde astronomiquement constitué autrement que le nôtre. Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.137.
P. métaph. Les cueilleurs, tenant hautes leurs flammes de verre, semblaient venir, du bout de leur canne, de décrocher des mondes (Hamp, Champagne, 1909, p.83).
2. P. exagér. Ensemble complexe et important considéré par exagération comme une réduction de l'univers. Paris est un monde (Ac.1935).Un navire est un monde. Quand il marche, comme celui-ci, en même temps à la vapeur et à la voile (Audiberti, Quoat, 1946, 1ertabl., p.17).La comptabilité, c'est un monde (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.232).
Loc. verb.
C'est un monde! (fam.). C'est exagéré, incroyable. (Dict. xixeet xxes.).
Il y a un monde entre qqc. et qqc., qqn et qqn. Il y a une distance énorme entre deux choses, deux personnes. Il me semblait qu'il y avait un monde entre les locutions nouvelles et le vocabulaire de l'Albertine que j'avais connue (Proust, Guermantes 2, 1921, p.356).
(Tout) un monde de. Un très grand nombre de. Qui traîne ainsi un lourd passé derrière lui, un monde de souvenirs et de pensées secrètes, et de drames, prend l'habitude du silence (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.155).
Faire tout un monde de qqc. Donner à un fait, un événement une importance exagérée. Les femmes sont terriblement fines, les mères surtout. Elles voient partout des réticences quand il s'agit de leur fils, et d'un rien font un monde (Michaux, Plume, 1930, p.160).
B. −
1. La terre et p. méton. la surface de la terre où vivent les hommes. Les cinq parties du monde; capitale, carte, citoyen du monde; conquérir, dominer, courir, parcourir le monde; faire le tour du monde; centre, confins, extrémité du monde; le vaste, le menu monde; les autres coins du monde. Quand tout s'était endormi dans des immobilités lourdes, dans les silences morts, les étoiles apparaissaient en haut plus éclatantes que dans aucune autre région du monde (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.73).
Champion*, championnat* du monde; record*, recordman* du monde.
De par le monde. À travers toute la terre, partout. Il est de par le monde des êtres inondés de volupté profonde (Barbier, Iambes, 1840, p.109).Tour* du monde.
Loc. verb.
(Verbe +) du, au bout du monde.Des, aux confins des terres habitées; (de) très loin. L'envoyer chercher son pain (...) au bout du monde (Gobineau, Pléiades, 1874, p.40).Tous les mots que tu me dis Semblaient venir du bout du monde (Géraldy, Toi et moi, 1913, p.117).
Au fig. C'est le bout du monde. Au plus, au maximum. Et puis quand nous aurons une dizaine de morts, ce sera le bout du monde (Camus, Peste, 1947, p.1264).V. aussi bout I B 2 au fig.Ce n'est pas le bout du monde. Ce n'est pas (une chose) impossible; l'obstacle n'est pas insurmontable.
Depuis que le monde est monde. Depuis toujours. Si nous avions entendu depuis que le monde est monde toutes les jolies femmes nous appeler à coups de trompe et nous saluer de barrissements, nous aurions pour l'éternité associé l'idée de barrissement à l'idée de jolie femme (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.51).
[À propos d'une rencontre, d'un rapprochement inattendu] Le monde est petit. (Dict. xixeet xxes.).
Tout est pour le mieux dans le meilleur* des mondes (possibles).
2. P. méton. Partie du globe terrestre. Synon. continent, région.Monde occidental, oriental. La Louisiane est un monde nouveau où nous devons trouver tout ce que la terre promise pouvait produire (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p.328).
L'ancien monde. Partie du globe connue des anciens. (Dict. xixeet xxes.).
Le vieux monde. Le continent européen. Les Américains, sur notre vieux monde, se font aimer par tous et partout (Gide, Journal, 1943, p.246).
Le nouveau monde. Le continent américain. Si l'Europe est obligée de reconnaître les gouvernements de fait en Amérique, toute sa politique doit tendre à faire naître des monarchies dans le nouveau monde (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.106).
3. La terre considérée comme le séjour de l'homme et p.méton. la vie.
a) Au monde.Sur terre. Je raisonne comme un pauvre diable que je suis, heureux d'être au monde, fort désireux de ne rien gâter de ce que j'ai de bon autour de moi (Gobineau, Pléiades, 1874, p.10).Si l'on t'a donné ta voix et ton coeur et tes larmes, c'est qu'il y avait des êtres au monde qui attendaient de toi que tu leur donnes le goût de vivre (J. Bousquet, Trad. du silence, 1936, p.190).
Loc. verb.
Mettre au monde. Donner le jour à. (Dict. xixeet xxes.).
Ne plus être au, de ce monde. Être mort (Dict. xixeet xxes.).
Arriver, venir au monde. Naître. Je vins au monde fille légitime, ce qui aurait fort bien pu ne pas arriver (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.74):
2. Les vieilles sociétés avaient (...) leurs rites nationaux, leurs traditions, qui étaient comme le dépôt de l'éducation et de la culture nationale. Chaque individu, venant au monde, trouvait, outre la famille, (...) la nation, dépositaire d'une autre vie plus élevée. Renan, Avenir sc., 1890, p.335.
Être seuls (v. seul) au monde. Les amoureux sont seuls au monde. Jamais elle ni lui n'avaient eu leurs pareils. Ils se sentaient uniques, seuls au monde: et d'heure en heure, si l'on peut dire, tous deux se formaient l'un de l'autre, des idées nouvelles (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.223).
Rien, seul, tout, personne, aucun, nul + au monde. Il n'existe au monde que deux pouvoirs, l'un illégitime, c'est la force; l'autre légitime, c'est la volonté générale (Constant, Princ. pol., 1815, p.8).
Pour rien au monde. En aucun cas. Il ne devait, pour rien au monde, tomber dans les niaiseries sentimentales: on se répète de mauvaises phrases de romans (Larbaud, F. Marquez, 1911, p.69).
b) Du monde (comme 2eélém. de superl. rel.).Le meilleur homme du monde, la meilleure foi du monde. Trois ans après, nous étions les meilleurs amis du monde et nous luttons ensemble, depuis, avec acharnement, pour la même cause, celle de l'émancipation totale de l'homme (Éluard, Donner, 1939, p.86).
Proverbe. La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a. Le troisième [pois] épuisé, il ne me reste rien à t'offrir, car je n'ai à moi que trois pois verts (...) et la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a (Nodier,Trésor Fèves,1833, p.48).
Loc. verb. Avoir toutes les peines du monde. Avoir beaucoup de mal à faire quelque chose. La police a eu toutes les peines du monde à empêcher le peuple de lyncher ces scélérats (Ménard, Rêv. païen, 1876, p.214).
C. − PHILOSOPHIE
1. Ensemble de choses ou de concepts d'un même ordre, considérés dans leur totalité et constituant un aspect de l'univers. Monde animé, externe, matériel, naturel, perçu, physique, visible, vivant; monde idéal, intersensoriel, intersubjectif, moral; monde des essences, des objets, des phénomènes. Selon le système encyclopédique de Dante, neuf sciences enveloppent l'esprit humain, illuminant les choses intelligibles, répandant la fécondité et la variété dans le monde de la pensée (Ozanam, Philos. Dante, 1838, p.92).Le théâtre doit poursuivre, par tous les moyens, une remise en cause non seulement de tous les aspects du monde objectif et descriptif externe, mais du monde interne, c'est-à-dire de l'homme, considéré métaphysiquement (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.110).La rime cesse d'être dérision, parce qu'elle participe à la nécessité du monde réel, qu'elle est le chaînon qui lie les choses à la chanson (Aragon, Crève-coeur, 1941, p.76).
En partic.
Monde intelligible. ,,Ensemble des réalités correspondant aux apparences sensibles et telles que la réflexion rationnelle conduit à se les représenter`` (Lal. 1968). Le sens d'une phrase nous paraît (...) détachable de cette phrase même et défini dans un monde intelligible (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.219).
Monde sensible. ,,Ensemble des choses qui sont ou qui peuvent être objet de perception`` (Lal. 1968). Une méthode pour nous élever de la nature matérielle à la nature spirituelle (...) du monde sensible au monde intelligible (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p.86).
Monde extérieur. ,,Ensemble des objets perçus par les sens, y compris le corps propre et les organes de la perception`` (Foulq.-St-Jean 1962). L'Occident s'est voulu exclusivement utilitaire, tout entier tourné vers la possession du monde extérieur. Il en est obsédé; par la science, la recherche des lois physiques, il veut agir sur lui, le domestiquer (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.30).
P. méton., PHÉNOMÉNOL. EXISTENTIALISTE. Êtres et objets perçus. «Vision», «motricité», «sexualité» − je m'aperçois que ces «fonctions» ne peuvent être liées entre elles et au monde extérieur par des rapports de causalité (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception, 1945, p.231).
Monde intérieur. Ensemble des faits mentaux et psychiques. Lorsque le moi se détache de la réalité extérieure, il glisse, sous l'emprise du monde intérieur, dans la psychose (Freud, Abr. psychanal., trad. par A. Bermann, 1949, p.40).
2. Ensemble de choses, de concepts ou d'êtres formant un univers particulier, une société à part. Synon. microcosme.Constituer un monde.
a) [À propos d'un monde concret] Monde humain, inorganique, végétal; monde des abeilles; monde sonore, souterrain. C'est surtout parmi les représentants minuscules du monde animal, insectes ou rats, auxquels semble dévolu le redoutable rôle d'agents de transmission, qu'il y a des connexités et des relations à saisir (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum., 1921, p.105).
b) [À propos d'un monde abstrait] Monde affectif, mental, mystérieux; mondes parallèles; monde des émotions, des fantômes, du fantastique; vision du monde. L'esprit a besoin d'un monde fantastique où il puisse se mouvoir et se promener (Joubert, Pensées, t.1, 1824, p.315).Nerval réclame un univers qui soit une spiritualité. Alors il serait certain que le rêve ouvre à l'homme une communication avec le monde des esprits (Durry, Nerval, 1956, p.150).
II. − P. méton.
A. −
1. La communauté; la société des hommes vivant sur terre. Évolution, destin du monde; le monde entier; le monde épouvanté, heureux, idéal; avenir, échelle, pays du monde; changer, délivrer, réformer, sauver le monde. Ce mot [philosophie] commença même à ne plus exprimer que les principes généraux de l'ordre du monde, la métaphysique, la dialectique et la morale, dont la politique faisait partie (Condorcet, Esq. tabl. hist., 1794, p.64).Nous vivons une époque probablement unique dans l'histoire du monde, où le monde passé au crible voit ses vieilles valeurs s'effondrer (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.139):
3. ... quand tout aura disparu, quand tout sera nivelé, il prédit l'avènement d'un monde nouveau. Il voit s'élever sur les ruines de notre civilisation quelque chose comme une confédération mondiale, l'organisation d'une grande vie collective de la planète, sur des bases entièrement renouvelées... Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.899.
À la face du monde. Ouvertement. Vous avez donc pratiqué sans titres et clandestinement? Knock: À la face du monde, au contraire (Romains, Knock, 1923, i, p.5).
Proverbe. Il faut de tout pour faire un monde. Il faut que toute chose existe. Il y avait toujours eu des gendarmes et il y en aurait toujours. Il faut de tout pour faire un monde (L. Durand, Le Caïd, p.136 ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Loc. verb.
Ainsi va le monde. C'est ainsi; c'est l'ordre normal des choses. Ainsi va le monde, c'est une partie d'échecs (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.294).
C'est le monde renversé, à l'envers (v. envers2). C'est contraire au déroulement normal des choses. Donner la préférence à votre protégée, ce serait le monde renversé! (Vogüé, Morts, 1899, p.228).
2. La société des hommes telle qu'elle se présente à une époque donnée dans un milieu géographique et socio-économique déterminé. Voyez au contraire (...) quand le monde ancien commence à se dissoudre, ces aspirations vers l'avenir (Renan, Avenir sc., 1890, p.493):
4. ... l'évolution révolutionnaire (...) consiste, selon moi, à introduire dans la société d'aujourd'hui des formes de propriété qui la démentent et qui la dépassent, qui annoncent et préparent la société nouvelle, et par leur force organique hâtent la dissolution du monde ancien. Jaurès, Ét. soc., 1901, p.LXIX.
SYNT. Monde actuel, antique, barbare, contemporain, civilisé, corrompu, fou, mécanisé, moderne, présent, primitif, surdéveloppé; monde arabe, asiatique, atlantique, germanique, grec, latin, méditerranéen, païen, romain, catholique, chrétien, musulman; vivre dans un monde dur, meilleur.
Le quart* monde, le tiers* monde.
B. − La vie des hommes en société sur terre.
1. RELIGION
a) Ce monde; en ce bas monde. La vie des hommes ici-bas. Pascal nous montre le monde présent comme un enfer où toute communication est rompue entre Dieu et l'homme (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.411).Si je pouvais faire mentir ceux qui prêchent que les biens de ce monde ne nous suivent pas dans la mort! (Mauriac, Noeud vip., 1932, p.233).
Le prince* de ce monde.
Loc. verb. La perfection* n'est pas de ce monde.
P. méton. Ensemble des activités profanes, qui constituent la vie séculière par opposition à la vie monastique. Je vais dire adieu au monde et vivre pour Dieu seul dans le silence et la retraite (Balzac, E. Grandet, 1834, p.244).
b) L'autre monde. La vie de l'au-delà. Dans l'autre monde, il faudra rendre compte de ce que nous aurons fait dans celui-ci (Ac.1935).
Loc. verb., fam. Envoyer, expédier qqn dans l'autre monde. Tuer quelqu'un. Brigand de capitaine! (...) il a bien manqué de m'envoyer dans l'autre monde (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.305).
c) Monde + adj. déterminatif.Monde futur, supérieur. Il y a là un monde surnaturel et divin qui est Dieu lui-même, dans lequel nous devons être transportés, transformés (Dupanloup, Journal, 1856, p.188).
2. Absol. La haute société, la société des gens qui aiment luxe et divertissements. Le grand monde. Quant à M. le chevalier, rien n'empêche qu'après avoir quitté ses graves amis il n'aille s'amuser dans le beau monde (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb., t.1, 1821, p.65).Ceux qui ne perçoivent, des êtres humains, que l'apparence et que, seules, les formes extérieures éblouissent, ne peuvent pas se douter de ce que le beau monde, de ce que «la haute société» est sale et pourrie (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.118).V. beau ex. 10 et 11.
Demi-monde*.
Homme, femme, gens du monde. Je ne savais pas que d'être des gens du monde, cela fût une chose si difficile, si fatigante et si compliquée (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.198).On voyait qu'il était un véritable homme du monde, à ce qu'il lustrait ses bottines, sous le rebord des marches, au luxueux tapis de l'escalier (Montherl., Célibataires, 1934, p.789).
Loc. verb.
Savoir le/son monde, avoir du monde (vieilli). Connaître les usages de la haute société. (Dict. xixeet xxes.).
Faire son entrée dans le monde. Pour une jeune fille, être admise à participer à la vie mondaine. Je ferai mon entrée dans le monde, et mille gaffes en même temps (Colette, Cl. école, 1900, p.280).
3. Les gens, les individus. Le monde, du monde; beaucoup, plein, trop de monde; un monde fou; le monde est méchant. C'est de la bonne clientèle d'ouvriers, tous du monde honnête, payant bien (Dabit, Hôtel Nord, 1929, p.13).
Un monde, du monde. Un grand nombre de personnes. Il y avait du monde, autour des baraques foraines (Camus, Étranger, 1942, p.1151).
Un monde + compl. d'obj. déterminatif. Il a un monde d'ennemis (Ac.1935).
Avoir du monde. Recevoir des gens. Quand on voulait avoir du monde à son mariage, on invitait les personnes, parbleu! (Zola, Assommoir, 1877, p.459).
Tout le monde. La (quasi) totalité, la grande majorité des gens. On confond généralement comme Buffon langue et style, parce que peu d'hommes ont besoin d'un art de volonté (...) et parce que tout le monde a besoin d'humanité dans l'expression (Jacob, Cornet dés, 1923, p.14):
5. Tout le monde mange Les pédérastes... les hirondelles... Les girafes... les colonels... Tout le monde mange Sauf le chômeur... Prévert, Paroles, 1946, p.66.
Monsieur Tout le Monde. Individu qui ressemble à la grande majorité des gens; n'importe qui. C'est Monsieur Tout le Monde, l'homme de la rue, le parfait citoyen de la démocratie, celui qui s'habille en série, mange en série, baise en série, a une petite 5 HP de série et ne se distingue et ne se particularise en rien (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p.210).
Péj., par antiphrase. Du beau, du drôle de, du joli monde. Des gens peu recommandables. Ce qui m'étonne c'est que la Gestapo ne soit pas encore venue rafler tout ce joli monde (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.45).
Le petit monde
Les gens du commun. Il a les manières, le langage du petit monde (Ac.1935).Au milieu de cette nature saisissante, s'agitaient ou rêvaient de petites gens, tout un petit monde avec sa vérité native et comique (Baudel., Salon, 1846, p.141).
Les enfants. J'ai deux bouches à la maison, et qui avalent ferme, allez! Comment voulez-vous que j'arrive à élever mon petit monde, si je m'amuse à la bagatelle? (Zola, Assommoir, 1877, p.405).
Son monde
Le personnel de maison. (Dict. xxes.). Il a congédié tout son monde (Ac.1935).
Les proches, la famille. Il pensait au mal qu'avait sa mère pour faire manger tout son monde! Il avait trois frères plus jeunes et sa fiancée habitait avec eux (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.259).
Les gens à qui on a affaire. Le grand Cointet connaît bien son monde! (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.618).
Loc. verb.
Se moquer, se fiche (fam.), se foutre (vulg.) du monde. Parler, agir sans se préoccuper des autres. Dites donc, Maheu, est-ce que vous vous fichez du monde! (Zola, Germinal, 1885, p.1176).
Tromper son monde. Tromper les autres, leur donner le change. C'est un grand, qui paraissait sérieux; il trompait bien son monde! (Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p.585).
Il y a du monde au balcon (pop.). Voilà une poitrine opulente. (Dict. xixeet xxes.).
Région. (Ouest et Canada)
Du (bon) monde. Personne(s) honnête(s), de bonne éducation, serviable(s). C'est un citoyen respectable qui aurait pu être échevin ou commissaire d'école s'il l'avait voulu; bref du bon monde (J. Ferron, Les Confitures de Coing, Montréal, éd. Parti-pris, 1972, p.42).
Comme du monde. Convenablement, d'une manière correcte. Tiens-toi donc comme du monde (Canada1930).
Loc. verb. (Canada). (N')être pas du monde. Être turbulent, grossier, haïssable, mal élevé. Un vrai sauvage, quoi! Ces survenants-là sont presque pas du monde (Guèvremont, Survenant, 1945, p.254).
Le monde + verbe au plur.Les gens. Le monde vont venir (Canada1930).Att. aussi en Lyonnais.
C. − Classe, groupement social particulier constituant une communauté à part. Le monde aristocratique, bourgeois, ouvrier, artistique, culturel, littéraire, socialiste, agricole, paysan, rural, économique, politique, savant, scientifique, universitaire; monde des arts, du cinéma, des courses, des lettres, de la mode, du travail. C'est curieux, l'hostilité du monde clérical contre cette pièce qui contient un couplet en l'honneur du prêtre (Goncourt, Journal, 1888, p.885).Un salarié qui ne dispose d'aucun capital, un étudiant qui n'a jamais fréquenté le monde des affaires est incapable, par définition, de profiter des facilités du régime [capitaliste] (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p.182).Psychologiquement le communiste est celui qui désespère du monde capitaliste et chez lequel ce désespoir absolu est le moteur même de la lutte (Lacroix, Marxisme, existent., personn., 1949, p.17).
En partic.
a) Milieu social auquel on appartient. Vichy est peuplé de Rouennais et d'une quantité de bourgeois ignobles (...). J'ai trouvé beaucoup de monde de connaissance, des gens de mon monde; on cause dans la rue quand on se rencontre (Flaub., Corresp., 1863, p.97).
Loc. verb. Être du même monde. Être du même milieu. Jacqueline est une petite fille et Miraut est un gros chien. Ils sont du même monde, ils sont tous deux rustiques (A. France, P. Nozière, 1899, p.63).
b) Monde des adultes, des jeunes. La fissure entre le monde des adultes et celui des jeunes y est tout aussi profonde que dans les sociétés bourgeoises (Le Nouvel Observateur, 21 févr. 1968, p.33, col. 4).
Prononc. et Orth.: [mɔ ̃:d]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1135 monde «ensemble des choses et êtres créés» (Couronnement Louis, 1927 ds T.-L.); 1549 depuis que le monde est monde (Est.); 1640 ainsi va le monde (Oudin); 2. 1651 «ensemble complexe et important» (Saint-Amant, Œuvres, éd. C. Livet, I, 143: Paris... ce petit monde); 3. 1657-62 «ensemble de choses, notions formant un domaine particulier» ce monde visible (Pascal, Pensées, éd. J. Chevalier, ch. 1, p.1105); 4. 1672 «planète, corps céleste considéré comme un ensemble» (Molière, Femmes savantes, IV, 3). B. 1. 1135 «le globe terrestre» (Wace, Vie Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 413: les homes de cest mont); 1672 c'est le bout du monde «délai extrême qu'on ne peut dépasser» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.3, p.140); 1690 courir le monde, (loger) au bout du monde (Fur.); 2. 1516 le nouveau monde «l'Amérique» (M. Du Redouer, Le nouveau monde et Navigacions faictes par E. de Vespuce...); 1580 «une partie du globe terrestre» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, I, 31); 1690 l'Ancien Monde (Fur.); 3. 1283 «la terre considérée comme lieu de la vie humaine» (Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. M. Salmon, § 21, p.26); 1560 venir au monde (Bible Rebul, chap.1, v. 9, p.33); 1585 l'autre monde «séjour après la mort» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 41); 1671 mettre au monde (un enfant) (Pomey); 1677 n'être plus au monde «être mort» (Mmede Sévigné, op. cit., t.5, p.343). C. 1. Ca 1145 «la société, la communauté humaine vivant sur terre» (Wace, Conception N. D., 379 ds T.-L.); 2. 1589 «certaine catégorie d'êtres humains, groupement social» (Plais. devis des supposts du S. de la Coquille ds Gdf. Compl.); 1651 monde des fidèles (Pascal, Lettre à Mret MmePerier à l'occasion de la mort de M. Pascal, le père... ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p.494); 1690 c'est le monde renversé (Fur.); 3. ca 1584 «la société sous son aspect de luxe et de divertissement» (Brantôme, Dames galantes, éd. L. Lalanne, t.9, p.183); 1612 savoir son monde «savoir se conduire dans la bonne société» (M. Regnier, Satyre XIII ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p.176); 1640 le grand monde (Oudin); 1644 hommes du monde «personnes de la haute société» (C. Sorel, Les loix de la Galanterie, IV ds Nouv. rec. des pièces les plus agréables de ce temps ds Livet Molière); 4. a) 1530 du monde (Palsgr., p.207); 1532 «quelqu'un, des gens» (Rabelais, Pantagruel, éd. V. L. Saulnier, ch. IV, 30, p.24); 1688 se moquer du monde (Bossuet, Hist. des var. des Églises protestantes, éd. F. Lachat, vol.14, p.525); 1689 avoir du monde «avoir des invités» (Mmede Sévigné, op. cit., t.. 9, p.324); 1849 le petit monde «les enfants» (Sand, Pte Fad., p.28); b) 1608 avec un adj. poss. «les personnes que l'on a à son service, les domestiques» (M. Regnier, Satyre VI ds Œuvres, éd. G. Raibaud, p.71); 1645 «ses amis, sa famille» (J.-L. Guez de Balzac, Lettres, éd. P. Tamizey de Larroque, 78 ds Mél. hist. t.1, p.626); c) ca 1135 toz li monz «chacun» (Couronnement de Louis, éd. Y. G. Lepage, 2227); 1585 tout le monde «n'importe qui, le premier venu» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p.272); 1881 MrTout le Monde (Sachs-Villatte). D. 2emoitié xiiies. relig. «les activités profanes opposées à la vie spirituelle» (Rutebeuf, Ave Maria Rustebuef ds Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t.2, p.240). La forme monde est empr. au lat. mundus «l'univers», «le globe terrestre», «les hommes» et au sens de «le siècle» en lat. eccl.; elle s'est substituée à l'a. fr. mont (xes., Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 4) encore très usitée au xiieet xiiies., cf. supra et v. T.-L. Fréq. abs. littér.: 63823 (nouveau-monde: 102). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 86685, b) 81473; xxes.: a) 85671, b) 102291. Bbg. Dub. Pol. 1962, p.346. _ Freire (J. G.). R. port. Filol. 1969-71, t.15, pp.481-482. _ Furukawa (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp.36-38. _ Gall. 1955, p.45. _ Leroy (G.). Les Idées pol. et soc. de Charles Péguy. (Thèse doctorat. Paris. 1977). _ Quem. DDL t.10, 20. _ Scudéry (M. de). Choix de conversations de Mllede Scudéry. Ravenna, 1977, passim.