| MINUSCULE, adj. A. − [En parlant d'une lettre, d'un caractère d'imprimerie] Petit et de forme particulière (p. oppos. à capitale, majuscule). Caractère minuscule. On vous a offert à Londres une canne de France! (...) Lisez la marque ici en lettres minuscules: Cassette, 6 bis, Opéra (G. Leroux, Mystère ch. jaune,1907, p.68). − Emploi subst. fém. Lettre minuscule. J'aurai eu mon paradis, et quel paradis médiocre, stupide! Du coup, je l'écris avec une minuscule (Green,Journal,1946, p.17): 1. Saint Grégoire avait déjà simplifié le système de la notation en substituant au nombre infini de signes dont les Grecs se servaient pour représenter les notes, les simples caractères de l'alphabet. Les majuscules indiquaient les sons de l'octave inférieure, et les minuscules ceux de l'octave la plus élevée...
Savard,Harm.,t.1, 1853, p.27. − HIST. DE L'ÉCRITURE, IMPR. Qui utilise ce type de lettre. Les alphabets oncial, semi-oncial, minuscule et cursif, sont dérivés par voie de simplification des traits majestueux et réguliers de la capitale romaine (Bénédictins,Paléogr.,t.1, 1889, p.126).Emploi subst. fém. L'alphabet minuscule. La minuscule cursive (Lexis1975). B. − P. ext. 1. Très petit. Dans les cafés, ils sont arrivés à se faire fabriquer des verres minuscules pour liqueurs, qui ne contiennent guère plus qu'un dé (Goncourt,Journal,1890, p.1222).Cet insecte minuscule qu'un bourgeon peut recouvrir (Faure,Espr. formes,1927, p.196). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le minuscule est un gîte de la grandeur. Si l'on sympathise dynamiquement avec l'actif Petit Poucet, voici que le minuscule apparaît comme le gîte de la force primitive (Bachelard,Poét. espace,1957, p.154). 2. Au fig., littér. Petit, de moindre importance. − [En parlant d'un inanimé] D'innombrables préoccupations minuscules pesaient sur elle (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.288).Tous les événements, les grands et les minuscules, se mêlent, se compénètrent. Toutes les plaies me brûlent en même temps (Duhamel,Combat ombres,1939, p.276): 2. ... savoir que l'entassement des efforts minuscules suffira pour bâtir un jour cette demeure dont vous parliez; savoir qu'un grand poème, comme une grande bataille, c'est une somme de petites décisions...
Maurois,Dialog. commandement,1924, p.123. − [En parlant d'une pers.] La seule force de cet ambitieux minuscule est de n'admirer rien, ni personne (Bernanos,Joie,1929, p.595). REM. 1. Minusculement, adv.[Correspond à supra B] D'une manière minuscule. L'éternel baobab, l'arbos gigantea, minusculement empoté (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.124). 2. Minusculisé, adj. masc.,hapax. [Correspond à supra B] Rendu minuscule, plus petit. Hermant, revenant de Rome, plus fondu, plus rapetissé, plus minusculisé (Goncourt,Journal,1895, p.809). Prononc. et Orth.: [minyskyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1634 adj. «par opposition à majuscule, se dit d'une lettre plus petite et de forme particulière» lettres minuscules (Termes de marine, 554, éd. 1670 ds Delb. Notes mss); 2. 1690 subst. (Fur.); 3.1859 adj. «très petit» (Michelet, Journal, p.480). Empr. au lat. class. minusculus «un peu plus petit, assez petit» pour avoir un mot opposé à majuscule*; a pris un sens plus étendu au xixes. Fréq. abs. littér.: 753. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) 119; xxes.: a)982, b) 2548. |