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* Dans l'article "MINISTÉRIEL, -ELLE,, adj."
MINISTÉRIEL, -ELLE, adj.
A. − Vx. Qui appartient, se rapporte à une charge, à un office déterminé; qui est chargé d'un service public. (Dict. xixeet xixes.).
Chef ministériel (de l'Église). Le Pape (Dict. xixeet xixes.).
Officier ministériel. Officier public ayant le droit exclusif d'exercer certaines fonctions, de rédiger certains actes (tels que les notaires, les huissiers, les commissaires priseurs). Le tout à peine de nullité, et de l'interdiction de l'officier ministériel qui aurait signé l'acte contenant opposition (Code civil, 1804, art.176, p.35).C'était le marteau de l'officier ministériel qui, frappant un coup sec sur l'estrade, adjugeait irrévocablement le numéro 42 à M. Polizzi (A. France,Bonnard, 1881, p.332):
1. ... les auxiliaires de justice (...) comprennent d'abord les avocats, dont la fonction est d'assister les parties et de plaider pour elles en développant oralement leurs arguments, et les avoués qui sont des officiers ministériels (c'est-à-dire propriétaires de leurs charges mais affectés à une juridiction et soumis à un contrôle de l'autorité judiciaire sur la manière de pratiquer leur profession et sur les honoraires qu'ils reçoivent)... Belorgey,Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.44.
B. −
1. Qui appartient à un ministère, au gouvernement, au conseil des ministres (v. ministère B). Agents ministériels (Marat, Pamphlets, Appel à la nation, 1790, p.128).Les solliciteurs familiers des antichambres ministérielles (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 5etabl., iii, p.200).Dans la nouvelle combinaison ministérielle, Anatole Rousseau était passé de l'Instruction Publique à la Guerre (Druon, Gdes fam., t.1, 1948, p.130).
2. Qui est relatif à un ministre, à un ministère, au gouvernement. Fête ministérielle (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.2, 1823, p.378).Arrivée du train ministériel à neuf heures (Colette, Cl. à l'école, 1900, p.258):
2. Les onze condamnés se levèrent, leurs portefeuilles sous le bras, quittèrent le banc ministériel, se dirigèrent en file indienne vers la porte de gauche sous les huées des socialistes. Vogüé, Morts, 1899, p.214.
C. −
1. Qui émane d'un ministre, du ministère. Contreseing ministériel; autorisation, circulaire, commission, délégation, décision, instruction ministérielle. Le colonel Malher de Saint-Mégrin reçut à ce sujet une lettre ministérielle extrêmement désagréable (Stendhal, L. Leuwen, t.1, 1836, p.250).Quinze jours après, un arrêté ministériel, sans autre forme de procès, me nommait dans un des lycées de France les plus infimes, les plus reculés (Benoit, Atlant., 1919, p.142).C'est la raison principale (...) des récentes décisions ministérielles réduisant la surface des logements et la hauteur sous plafond (Le Figaro, 19-20 janv., 1952, p.10, col.6).
2. Qui concerne l'ensemble des ministres ou du ministère. Cabinet ministériel; combinaison, crise, instabilité, responsabilité, solidarité ministérielle. En examinant les actes de la politique ministérielle à l'intérieur et à l'extérieur (Lamennaisds L'Avenir, 1831, p.352).On voit partout surgir spontanément, peu à peu, une nouvelle force politique; le pouvoir ministériel, proprement dit (Comte,Philos. posit., t.5, 1839-42, p.496):
3. Notre constitution, en établissant la responsabilité des ministres, sépare clairement le pouvoir ministériel du pouvoir royal (...). Si on ne les considérait [les ministres] que comme des agents passifs et aveugles, leur responsabilité serait absurde et injuste... Constant,Princ. pol., 1815, p.18.
D. − Qui est partisan inconditionnel du ministère ou du ministre en place, du gouvernement actuel. Candidat, député, parti ministériel. J'appelle papiers ministériels les journaux qui sont payés par Bouchotte et le Gouvernement (Desmoulinsds Vx Cord., 1793-94, p.215).V. gouvernementiste (dér. s.v. gouvernement):
4. Deux sortes de journaux se publient; journaux d'opposition, journaux ministériels (...). Ce que font les ministres, les chambres, votes, lois, canaux, projets, budgets, les uns critiquent tout sans compter, frappent de çà, de là, rien ne passe, à tort et à travers: mais non pas les autres, bien au contraire; tout est parfait, juste, convenable... Musset, Lettres Dupuis Cotonet, 1837, p.753.
Emploi subst. Sur six députés, on aura deux royalistes, deux ministériels et deux libéraux (Lamennais, Lettres Cottu, 1820, p.102).Avant peu vous verrez l'aristocratie, les gens de cour, les ministériels descendant en colonnes serrées dans la spéculation (Balzac,Mais. Nucingen, 1838, p.635).
REM. 1.
Ministérialité, subst. fém.,rare. Fait d'exercer un ministère. Subordination réelle et effective, − voilà qui fait contraste avec les conceptions modernes gallicanes ou libérales; mais subordination qui n'a plus en aucun cas la forme de la simple ministérialité, − et voilà qui fait contraste avec la conception médiévale (Maritain, Human. intégr., 1936, p.190).
2.
Ministériellement, adv.a) De manière ministérielle; par le ministre. M. Fould n'avait rien dit dans son testament de ses funérailles qui ont été réglées ministériellement (Mérimée, Lettres Mmede Beaulaincourt, 1867, p.69).b) Dans la forme ministérielle. Ce que M. F. dit là des propositions faites ministériellement est encore plus vrai des propositions qui naissent dans l'une ou l'autre assemblée (Maine de Biran, Journal, 1816, p.111).En raison de la complexité des affaires qui intéressent toujours des domaines connexes mais ministériellement séparés, un ministre doit en permanence «solliciter un autre pouvoir» (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.108).
3.
Ministérialiste, adj.,rare. Qui est partisan du ministère en place. Nous communistes, qui ne sommes pas des «ministérialistes», nous refuserions de siéger dans un gouvernement qui se proposerait d'appliquer une politique que nous n'approuvons pas (Le Monde, 12 janv. 1968, p.6, col. 2).
Prononc. et Orth.: [ministeʀjεl]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1593 «qui a rapport à un office, à une fonction» (Pierre Crepet, Le Triomphe des Saincts, I, 654 ds R. Philol. fr. t.45, p.145); 2. 1766 «de ministre, de ministère» (Lettre, 7 octobre, éd. Schück, I, p.35 ds Proschwitz, p.139); 1775 «qui est partisan du ministère» (Journ. de Bruxelles, 25 octobre, − III, p.225 − , de Londres ds Proschwitz Beaumarchais, p.268). Dér. de ministre* et de ministère* d'apr. le b. lat. ministerialis att. en lat. chrét. comme adj. «qui est au service de Dieu» (av. 470 ds Blaise Lat. chrét.), dér. du lat. class. minister,v. ministre; ministériel a évincé la forme ministerial att. comme subst. «officier de justice» dès 1284 (Charte, Moreau, 206, fo148 ro, Richel. ds Gdf., s.v. menestrel: ministeriaus) et comme adj. dès 1524 «chargé d'administrer» (Briçonnet à Marguerite d'Angoulême, Corresp., 25 fév., éd. Chr. Martineau et M. Vesnère, t.2, p.131, no88), puis «qui est du parti des ministres» (Vergennes à Garnier, 26 mars, − Doniol, I, p.72 − ds Proschwitz Beaumarchais, p.267), v. cet ouvrage p.267 et 269. On trouve également à la fin du xviiies. au sens de «partisan des ministres» la forme ministérialiste (1796, Néologiste fr.). Fréq. abs. littér.: 439. Fréq. rel. littér.: xixes. : a)1265, b) 206; xxes.: a) 565, b) 336.
DÉR.
Ministérialisme, subst. masc.Opinion, conduite de ceux qui, dans un régime parlementaire sont partisans inconditionnels, soutiennent inconditionnellement le ministère en place. Il faut bien reconnaître − dût mon ministérialisme en souffrir − que le cabinet Brisson a perdu là une remarquable occasion de ne rien dire (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.242). [ministeʀjalism̭]. 1reattest. 1796 (le Néologiste fr. ds Quem. DDL t.11); dér. sav. de ministériel, suff. -isme*.
BBG.Dub. Pol. 1962, pp.343-344. _ Quem. DDL t.11. _ Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.267.