| MICROBE, subst. masc. A.− BIOL. Organisme unicellulaire appartenant au règne bactérien (bactéries), au règne végétal (champignons microscopiques) ou au règne animal (protozoaires). Microbe aérobie, anaérobie, pathogène, pyogène, saprophyte; développement, pullulement de microbes; contaminer par les microbes. Il faut d'abord signaler l'existence de ces êtres microscopiques tout à fait inférieurs qu'on appelle bactéries et plus vulgairement microbes (Boule, Conf. géol.,1907, p. 70).Les microbes du lait peuvent se retrouver dans le beurre; ils proviennent soit des eaux impures employées pour les manipulations, soit des maladies de la vache (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 245).On sait qu'il existe normalement dans le côlon de nombreux microbes non pathogènes qui concourent à la formation des matières fécales (Quillet Méd.1965, p. 164). Rem. 1. On appelait autrefois microbes tous les organismes invisibles à l'œil nu, responsables de maladies ou de putréfactions. Le microbe du rouget du porc se cultive dans des bouillons très divers (Pasteur ds Travaux, 1885, p. 401). 2. De nos jours on tend à remplacer ce terme par celui de microorganisme. B.− Usuel. Microorganisme générateur de maladie. À la fin, le voici qui s'élève contre cette innovation qui, sous le prétexte des microbes, va enlever les rideaux aux malades, leur retirer ce pauvre petit chez-soi (Goncourt, Journal,1884, p. 302).Je leur ai apporté toutes les indications pour la production massive du microbe de la fièvre de Malte (Malraux, Espoir,1937, p. 693): Je sais bien que Pasteur n'est pas responsable de tant de folies déchaînées par la peur des microbes, et qu'après tout, n'importe quel traité de morale produirait plus ou moins les mêmes effets sur une âme déjà surtendue et découragée par la théologie janséniste.
Bremond, Hist. sent. relig.,t. 4, 1920, p. 469. − P. métaph. Nous plaisantions; nous n'en pouvions mais : il doit y avoir un microbe du rire (Genevoix, Boue,1921, p. 84).La délégation des gauches! Ce seul nom évoque des palabres, (...) toute une faune de couloirs en marge de la vraie vie, une agitation de microbes au dedans d'un grand corps qu'ils n'ont pas conscience de détruire (Mauriac, Journal 4,1950, p. 164).La tristesse (...) C'est un poison, un microbe qu'on a tort de cultiver (L. de Vilmorin, Hist. d'aimer,1954, p. 64). C.− P. exag., fam. Être de petite taille, enfant. Synon. avorton.Ça m'aurait étonné que tu ne sois pas là, microbe! dit M. Heaume en me cueillant le poignet (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 215). REM. 1. Microbique, adj.,biol., vieilli. Relatif aux microbes, qui tient des microbes. Synon. microbien. (Ds Nouv. Lar. ill. Suppl. 1907, Lar. encyclop.).Si, dans l'ordre microbique, il y avait des êtres très intelligents, nous nous en apercevrions à des actions réfléchies émanant d'eux (Renan, Feuilles dét.,1892, p. 406). 2. Microbisme, subst. masc.,biol. a) Ensemble de la flore bactérienne d'un milieu organique (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971, Garnier-Del. 1972). b) Microbisme latent. Présence dans les tissus de microorganismes ne provoquant aucune manifestation morbide, mais pouvant, sous l'influence de circonstances favorables, se multiplier, devenir virulents et provoquer des troubles pathologiques. Elles [l'infection] peut être produite par une invasion massive ou, au contraire, par une infiltration lente réalisant une sorte de microbisme latent (Le Gendre dsNouv. Traité Méd.fasc. 7 1924, p. 249). Prononc. et Orth. : [mikʀ
ɔb]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1. 1878 biol. (Ch. Sédillot ds Cr. hebdomadaires des séances de l'Ac. des sc. t. 86, p. 634); 2. 1888 « personne chétive, petite » (C. Villatte, Parisismen d'apr. FEW t. 6, 2, p. 80a). Formé par Ch. Sédillot d'apr. le gr. μ
ι
κ
ρ
ο
́
ς « petit » (v. micro-) et β
ι
́
ο
ς « vie », littéralement « petite vie, petit organisme vivant », cf. F. Letessier et É. Benveniste, v. bbg. infra. Fréq. abs. littér. : 175. Bbg. Benveniste (É.). Formes nouv. de la compos. nom. B. Soc. Ling. 1966, t. 61, pp. 83-87. − Letessier (F.). Microbe. Fr. mod. 1947, t. 15, pp. 179-180. |