| MI-CHEMIN (À), loc. adv. Au milieu du chemin (v. ce mot II A 3). Couper, parvenir, se perdre, se raviser, rester à mi-chemin. Nous allâmes à pied de la barrière à Nogent, non sans regarder, de loin, le Père-Lachaise. La pluie nous prit à mi-chemin (Michelet, Journal,1840, p. 331).On déjeunera près du pigeonnier, annonça Barthélemy. C'est une bonne halte, à mi-chemin (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 169).♦ En partic. S'arrêter, arrêter qqc. à mi-chemin. (S')arrêter avant d'avoir atteint son but, ne pas aller au bout de son entreprise. La France (...) a (...) cruellement déçu le peuple italien en arrêtant à mi-chemin son émancipation nationale (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 3).V. chemin II B ex. de Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 385. − [Avec compl. prép. désignant] ♦ [la nature du chemin à parcourir] Degré par degré, il avait grimpé jusqu'à mi-chemin de l'échelle sociale de Juvigny (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 53). ♦ [ce vers quoi l'on tend, le but à atteindre] À mi-chemin de qqc. (ou de qqn).Être, se trouver à mi-chemin (d'un lieu). Ce qu'on n'avait pas descendu dans les caves, on l'avait emporté dans le bois (...). Meuble par meuble, le village déménageait (...). Sur le bord de la route, il y avait (...) un piano que les hommes découragés, avaient abandonné à mi-chemin du bois (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 148).Leur appel (...) retentit dans les cœurs malades, à mi-chemin de Dieu (Mauriac, Vie Racine,1928, p. 243).En partic. S'arrêter, arrêter qqc. à mi-chemin de qqc. (ou de qqn). Très bien, très bien, dit François avec un regard arrêté à mi-chemin de l'interlocuteur (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 98).Mes auteurs favoris, par un reste de vergogne, s'arrêtaient à mi-chemin du sublime : même chez Zévaco jamais preux ne défit plus de vingt truands à la fois (Sartre, Mots,1964, p. 122).V. extrême ex. 6. ♦ [les deux extrémités d'un parcours, les deux éléments d'une alternative considérés indifféremment] À mi-chemin de... et de...; à mi-chemin entre (deux choses ou deux lieux).À mi-chemin du rire et des larmes; à mi-chemin entre l'action et le désespoir, entre l'opposition et le pouvoir; à mi-chemin entre deux attitudes, entre deux extrêmes. Il s'arrête sur la route, à mi-chemin de Bar-le-Duc et de Verdun (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 98).Au centre de la Galilée, à mi-chemin entre Tibériade et la mer (Grousset, Croisades,1939, p. 240).[P. ell. de la prép.] La sonate est surtout remarquable par la rigueur de la variation perpétuelle, la densité de l'écriture contrapuntique et un climat situé mi-chemin entre l'impressionnisme et le romantisme (Samuel, Art mus. contemp.,1962, p. 210): ... une valeur humaine qui se tient à mi-chemin de l'innocence et de la culpabilité, de la raison et de la déraison, de l'histoire et de l'éternité.
Camus, Homme rév.,1951, p. 214. ♦ [le point de départ et le point d'arrivée] À mi-chemin de... à... (vieilli ou rare).Dantès posa son assiette à terre, à mi-chemin de la porte à la table (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 176).Ils arrivèrent à un campement qu'ils nommèrent le fort Wills. Ils en firent un poste entouré de palissades, situé à mi-chemin de Melbourne au golfe de Carpentarie (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 114). − Emploi subst. masc., rare. Le mi-chemin. Le milieu du chemin. Un canon, qui marque dans la rade le mi-chemin entre Herm et Saint-Pierre-Port (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 450). Prononc. et Orth. : [(a)miʃmε
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1507 subst. le my-chemin « le milieu du chemin » (Coutumes de la ville... de Lievyn, art. premier, II ds Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, I, 327); 2. a) loc. prép. 1587 à mi chemin de « à la moitié de la distance totale » ici fig. à mi chemin de leur folie (Lanoue, 165 ds Littré, s.v. mi1); b) 1836 au propre à mi-chemin de Darney (Stendhal, L. Leuwen, t. 2, p. 165); 3. loc. adv. 1678-79 à mi-chemin « à moitié de la distance totale » ici fig. (La Fontaine, Fables, VIII, XXV, 42); 1690 au propre (Fur.). Comp. de à, de mi-* et de chemin*. |