| MEUGLER, verbe A. − Emploi intrans. Pousser le cri prolongé et intense caractéristique des bovidés. Synon. beugler, mugir.On entendait meugler les boeufs qui retournaient le sol (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p.782).Quelques vaches restaient dehors à regarder la mer en meuglant (Proust,Sodome,1922, p.1034). − P. anal. Une rafale s'éleva furieusement, meuglant comme un taureau dans la futaie qui se démenait toute (Pourrat,Gaspard,1922, p.215).Toutes les trois minutes la sirène du bord meuglait lamentablement dans le brouillard (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.48). B. − Emploi trans., fam. et péj. [Le suj. désigne gén. un être hum.] Crier quelque chose selon un mode qui rappelle le cri des bovidés. J'écoute les machin's des trains Meugler des not's de violoncelle À Courcelle (Courteline,Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., III, p.255).Ballet Louis XV dansé et meuglé par un monsieur mûr et par une maigre ballerine (Green,Journal,1941, p.123). − [Introduit un discours au style dir.] On est éreinté, meugle une voix si enrouée et si haletante que je ne reconnais pas le parleur (Barbusse,Feu,1916, p.183). REM. Meuglant, -ante, adj.a) Qui est propre au bovidé qui meugle ou qui est propre à un autre animal dont le cri rappelle celui des bovidés. Et il [le hère] se mit (...) à pousser par l'espace une lamentation meuglante, une bramée interminable de peur et de désolation (Genevoix,Dern. harde,1938, p.18).b) P. anal. Dont le son prolongé et souvent désagréable rappelle le cri des bovidés. Aux équipages, aux fiacres, aux omnibus patauds, se mêlaient de meuglantes automobiles (Duhamel,Nuit St-Jean,1935, p.30). Prononc. et Orth.: [møgle], [moe-], (il) meugle [mø:gl̥]. ,,eu tonique [est] long et fermé dans (...) les onomatopées beugle et meugle; on peut d'ailleurs ouvrir ces mots quand ils riment avec aveugle`` (Mart. Comment prononce 1913, p.92). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1539 le dér. muglement, meuglement*] 1549 mugler (Est.); 1579 vaches muglantes (A. Jamyn,
Œuv. poét., fol. 22 rods Gdf. Compl.); 1602 muglante haleine [du vent] (Du Bartas, 1eSem., 6ej., 743, ibid.); 1690 (Fur.: Ce paysan ne chante pas, il meugle). Empr. au lat. mūgĭlare, verbe rare, att. par Suétone, Frg., 161, p.248, 2 en parlant du cri de l'onagre (onagrorum est mugilare) et dans l'Anthologie lat. (TLL, s.v.). L'a. fr. connaît aussi la forme pop. mullier (xiiies. [ms.] Estoire de Grimaud, ms. Bibl. nat., 2455 ds Le Saint Graal, éd. E. Hucher, t.3, p.375: si coumansait a mullier et a braire atreci com uns tors [cf. The Vulgate version of the Arthurian Romances, éd. O. Sommer, t.1, p.XXX, note 13 et p.188, note 8]) et mueller (xives. Apollonius, éd. C.B. Lewis, I, XI, p.9, 23; v. aussi FEW t.6, 2, p.191 a, note 2). Fréq. abs. littér.: 62. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.299. _ Sain. Sources t.1 1972 [1925], p.400, 402; t.2 1972 [1925], p.35. |