| METTEUR, -EUSE, subst. A. − Rare. Metteur de + subst. 1. Celui qui met quelque chose. Jeunes bouches, mordez le metteur de bâillons! (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p.96). 2. Plais., au fig. Metteur de pieds dans le plat. Il faut bien amuser ce garçon. (D'ailleurs, il me semble né gaffeur et metteur de pieds dans tous les plats) (Colette, Cl. école, 1900, p.52). B. − Metteur en + subst. 1. Metteur en action(s), en oeuvre. Celui qui met en action, en oeuvre; celui qui réalise (un projet). Confier le placement de l'huile de noisette à ce précieux metteur en oeuvre des inventions marchandes, (...) n'était-ce pas tirer une lettre de change sur la fortune (Balzac, C. Birotteau, 1837, p.153).Des metteurs en actions de la copie de l'homme (Goncourt, Journal, 1891, p.109). 2. Dans le lang. des métiers a) INFORMATION − RADIO. Metteur en ondes. ,,Directeur artistique des répétitions et de l'enregistrement d'une émission dramatique (choix de l'ambiance sonore, choix des plans, bruitage, musique)`` (Giteau 1970). C'est peut-être une bonne émission dramatique. Poético-dramatico-musicale. Elle n'attend que son metteur en ondes (Schaeffer, Rech. mus. concr., 1952, p.58). Rem. Le fém. metteuse en ondes est rare: J'obtins une situation de «metteuse en ondes» à la radio nationale (Beauvoir ds Pt Rob.). − TYPOGR. Metteur en pages. ,,Ouvrier qui monte une page de journal, en suivant la maquette et les indications du secrétaire de rédaction`` (Voyenne 1967). À la fois compositeur, metteur en pages, et prote de l'imprimerie, Cérizet (...) composait, il corrigeait sa composition, il inscrivait les commandes, et dressait les factures (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.555): 1. Épineux aussi le métier de metteur en pages, surtout dans les journaux d'information. Mais, quand la feuille est à la fois de doctrine et d'information, la difficulté est doublée. On en vient à bout, et les habitudes d'une maison sont vite prises.
L. Daudet, Brév. journ., 1936, p.217. Rem. Parfois abrégé en metteur: La copie terminée, le paquetier la remet à son metteur après avoir inscrit sous son nom la quantité de lignes qu'elle a fournie, et mentionné le nombre et la qualité des surcharges et intercalations (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr., 1932, 200). b) JOAILL. Metteur en oeuvre. ,,Ouvrier joaillier dont le travail spécial est de monter des pierres de toute espèce, mais principalement des pierres précieuses`` (Chesn. t. 2 1858). c) SPECTACLES. Metteur en scène. Personne qui conçoit l'agencement des différents éléments scéniques (décoration, éclairage, jeu des acteurs, etc.) en vue de la représentation d'une oeuvre dramatique, lyrique ou de l'enregistrement d'une oeuvre cinématographique ou télévisée. Metteur en scène de film(s) (vieilli); metteur en scène de cinéma, de théâtre. Enfin, le cinéma est né. Et à cette heure, une femme hindoue qui regarde Anna Karénine pleure peut-être en voyant exprimer, par une actrice suédoise et un metteur en scène américain, l'idée que le Russe Tolstoï se faisait de l'amour... (Malraux, Conquér., 1949, postf., p.165).Charles Dullin voulait que le nom de metteur en scène soit réservé à «celui qui, par son art personnel, apporte à l'oeuvre écrite par le poète une vie scénique qui en fait ressortir les beautés sans jamais en trahir l'esprit» (Serrière, T. N. P., 1959, p.159): 2. Le plus grand poète du temps étant Corneille, il [Mazarin] passa la commande à Corneille d'une sorte de livret d'opéra, il lui fit une avance de deux mille quatre cents livres, pendant qu'il en offrait quatorze mille au machiniste Torelli, metteur en scène.
Brasillach, Corneille, 1938, p.259. Rem. 1. Au cinéma, metteur en scène est concurrencé par réalisateur, cinéaste; autrefois il l'était par animateur. À la télévision, réalisateur (de téléfilm) est plus usité. 2. L'usage est hésitant lorsqu'il s'agit d'une femme. Dans ce cas on rencontre parfois le masc.: Le metteur en scène, Liliane Cavani, vient à peine de se faire connaître (L'Express, 8-14 mai 1972 ds R. rom., t. 11, 1, 1976, p.40) ou la tournure femme metteur en scène: Alice Guy, la première femme metteur en scène dans les années 1900 (Télé 7 jours, 5-11 mars 1983, p.86). On a relevé aussi la même forme précédée de l'art. fém. La jeune metteur en scène américaine de la création new-yorkaise (Nouvel Observateur, Compte rendu de la comédie musicale «Godspell», 1972 ds R. rom., loc. cit., p.43) ainsi que plus rarement la forme fém. metteuse en scène: Pauline Bruniès, la seule «metteuse» en scène de Suède (Cinémag., 20 oct. 1922, 88/2 ds Giraud 1956). d) TISS. Metteur en carte(s) (pour tissus). Professionnel qui traduit le modèle de fabrication sur des papiers quadrillés et, éventuellement, sur des cartons jacquard. Il faudrait plusieurs causeries pour expliquer les manipulations dont le dessin initial est l'objet avant d'arriver à sa réalisation définitive, passant des mains du dessinateur à celles du metteur en carte, puis du liseur, et enfin du monteur (Lhote, Peint. d'abord., 1942, p.70). ♦ Metteuse en main. Ouvrière qui forme des paquets de soie d'un poids déterminé (d'apr. Ac. 1935). C. − TECHNOL. Metteur au point (de + subst). Professionnel qui met au point un produit, un appareil déterminé. Rem. Entre dans de nombreuses dénominations: metteur au point de construction aéronautique, metteur au point de machines, metteur au point de métiers à tisser, à filer, metteur au point de moteurs d'avions (d'apr. Mét. 1955). − SCULPT. ,,Praticien, ouvrier sculpteur qui dégrossit les ouvrages de sculpture, qui approche de très près le travail de sculpture à exécuter, et le met au point`` (Noël 1968). Prononc. et Orth.: [mεtoe:ʀ], [me-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1305 meteres en le balanche «celui qui pèse» (doc. Arch. de Tournai ds Gdf.); 2. xves. [date du ms.] cynégétique «fauconnier qui met le chapeau au faucon» (Fauconnerie de Frédéric II, ms. B.N. fr. 1296, 105 d'apr. G. Tilander ds Z. rom. Philol. t.46, 1926, p.270); 3. xves. [datation de FEW t. 6, 2, p.189 a] «dépensier [celui qui dépense, engage une somme d'argent]» (Coust. de Bretagne, fol. 80 rods Gdf.); 1611 metteur et encherisseur de fermes (Cotgr.); 4. a) 1680 metteur en oeuvre «orfèvre, joaillier qui réalise un bijou d'apr. un dessin» (Rich.); 1835 fig. (Ac.: cet écrivain est un habile metteur en oeuvre des idées d'autrui); b) 1823 typogr. metteur en page (Boiste); 5. 1874 théâtre metteur en scène (Lar. 19e). Dér. de mettre*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 134. |