| MENUET, subst. masc. A. − Danse à trois temps en vogue au xviieet au xviiies. La duchesse était auprès de moi, et le coup d'œil le plus intelligent de sa part m'a fait voir qu'elle sentait l'embarras de ma position; mon oncle n'a pas tardé un instant à le redoubler en m'amenant le marquis pour ouvrir le bal avec moi, nous avons commencé par un menuet (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p. 1744).Dans une grande chambre boisée, une belle dame en corsage jaune et en jupon rose, avec de longues manches aux coudes, est entre un danseur et un pierrot qui l'invitent au menuet (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 201): 1. Dès lors, la danse par couples, celle qui se pratique dans les dancings, peut fort bien correspondre à un appauvrissement de la culture, et Huizinga n'a sans doute pas tort de l'affirmer. Cela, pourtant, ne prouve pas que le tango, le slow, le rock and roll ou le cha-cha-cha manifestent moins la tendance ludique que ne le font le quadrille ou le menuet.
Jeux et sports, 1967, p. 739. B. − Air sur lequel était dansé le menuet: 2. Et quand le quartier-maître de Vénier, avec un tout petit violon, se mettait à jouer des menuets, en se balançant, les chevaliers de Signeville, de Saint-Féral, de Contréglise, toutes ces espèces de fous, leur petit tricorne sur l'oreille, se levaient en tendant la jambe, et présentaient la main aux dames, qui se dépêchaient de rabattre leurs robes bouffantes et de se placer.
Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 24. C. − Morceau à trois temps qui suit l'adagio ou l'andante d'une symphonie, d'une sonate,d'un quatuor; un des mouvements d'une suite. Il a exprimé à ravir la grâce divine de l'andante, la légèreté du menuet, l'animation ardente et spirituelle du finale (P. Lalo, Mus., 1899, p. 373).On sera peut-être étonné en lisant les titres des six mouvements de la suite op 25: prélude, gavotte, musette, intermezzo, menuet, gigue. les post-schoenbergiens n'ont pas manqué de relever l'emploi anachronique des formes anciennes avec un langage nouveau (Samuel, Art mus. contemp., 1962, p. 193). Prononc. et Orth.: [mənɥ
ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1671 «ancienne danse à trois temps, adoptée sous Louis XIV» (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, 1); 2. 1674 «air sur lequel on danse le menuet» (Hauteroche, Crispin musicien, V, 9 ds Littré); 3. 1859 «forme instrumentale dans la suite, la sonate» (Bouillet). Emploi subst. de l'a. fr., m. fr. menuet adj. «fin, délicat, mince» (av. 1188, Partonopeus de Blois, éd. J. Gildea, 4889). Fréq. abs. littér.: 77. |