| MENU1, -UE, adj. A. − 1. [En parlant d'une pers.] D'une conformation mince, frêle, chétive. Elle était petite, menue et délicate (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 81): 1. Il pouvait avoir cinquante ans et son visage était d'une intelligence extraordinaire, mais sa personne était si menue que lorsqu'il a commencé de s'asseoir, j'ai eu l'impression qu'il n'en finirait pas, je veux dire qu'on le voyait descendre de plus en plus bas et qu'enfin assis il ne paraissait pas plus grand qu'un enfant de sept ans.
Green,Journal,1945, p. 197. ♦ Se faire menu. Se faire tout petit pour ne pas attirer l'attention. Il se faisait menu, sage, pour ne rien encourir de fâcheux (Adam,Enf. Aust.,1902, p. 196). − Au fig. Menu peuple. Couche la plus modeste de la société. Mais il repoussa formellement cette turquoise orientale qui se met en broches et en bagues et qui fait, avec la banale perle d'odieux corail, les délices du menu peuple (Huysmans,À rebours,1884, p. 59). 2. [En parlant de ce qui caractérise physiquement une pers.] Mince, fluet, de faible épaisseur ou volume. Doigts, pieds, seins, traits menus; taille menue. Mais elle, était plus somptueuse encore, rien qu'avec la soie liliale de sa peau, sa taille mince et allongée, sa gorge ronde et menue, ses bras souples, d'une grâce divine (Zola,Dr Pascal,1893, p. 185). ♦ Voix menue. Voix de faible intensité. Ils ne se tinrent pas de sourire. La petite fille était rouge d'aurore, et elle dit de sa voix menue: − Vous m'aviez permis de venir demain matin. Nous sommes demain matin (Schwob,Monelle,1894, p. 57). B. − [En parlant de certains animaux] Menu bétail. Les animaux de petite taille (p. oppos. à gros bétail). Menu fretin (v. ce mot A en partic.). Menu gibier (v. ce mot A 1 synt. petit gibier). C. − [En parlant de choses] 1. Dont le volume, le poids, les dimensions sont faibles. Menus bois, déchets, morceaux; menu plomb; menus grains (pois, lentilles, millet); menu linge (petites pièces de lingerie). Il me montra du doigt, parmi la paille menue, l'enfant Jésus, potelé, peinturluré de rose, et il ricana (Arnoux,Juif Errant,1931, p. 177). 2. De faible intensité, ampleur; fin, peu marqué. Menus bruits; écriture, pluie menue; lettres menues. La délicatesse de tes traits adorés se reproduisait, je ne sais par quelle magie, dans tes gentils mouvements, dans tes gestes menus (Balzac,L. Lambert,1832, p. 174).Jusqu'aux tout petits qui se campaient derrière lui, quand il oscillait sur ses talons et courait à pas menus pour rattraper son équilibre (Moselly,Terres lorr.,1907, p. 32). − Au fig. De peu de valeur, de peu d'importance. Menues besognes, choses; menu profit; menus cadeaux, détails, événements, faits, frais, incidents, larcins, propos, services, soins, vols; menue monnaie. Enfin, constamment dérangé par les fâcheux et les menus soucis et occupations... Mais, durant ces premiers six jours de quiétude, j'ai pu me réentraîner (Gide,Journal,1930, p. 976): 2. Ils s'employaient, au hasard, à des besognes obscures et mal payées, qu'ils abandonnaient dès qu'ils avaient un peu d'argent en poche. Parmi eux, beaucoup d'étudiants au linge élimé, qui vivotaient en donnant des leçons, en faisant des recherches de bibliothèque, de menus travaux de laboratoire.
Martin du G.,Thib.,Été 14, 1936, p. 12. ♦ P. métaph. Menue monnaie. Elle n'était ni tout à fait bonne, ni tout à fait mauvaise, seulement un peu vaniteuse, et contrainte par sa vanité de s'évertuer plus que les autres pour continuer à faire figure dans le monde, au total assez intrigante. C'est la menue monnaie des hommes et des femmes (Guéhenno,Jean-Jacques,1948, p. 43). ♦ Menus plaisirs. Plaisirs qui occasionnent peu de frais; autrefois, dépenses de la Couronne pour les fêtes et les cérémonies. Intendant des menus plaisirs. MmeMartin nous a dit qu'elle nous donnait 3 francs par mois de sa bourse, et dans le même temps tu nous écrivais: Je vous donne tant par mois pour vos menus plaisirs (Hugo,Corresp.,1816, p. 294). − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le menu. Le détail: 3. Si j'y écrivais chaque jour, j'oserais y écrire n'importe quoi, comme il sied. Ce qui doit figurer ici, c'est précisément le trop menu pour avoir été retenu par le crible d'aucune oeuvre. J'y dois écrire, et sans apprêt aucun, du détail.
Gide,Journal,1929, p. 933. ♦ Loc. adv. Par le menu. Dans le détail. On suppute, par le menu, toutes ces belles choses que la censure environne de son inviolabilité (Chateaubr.,Opin. sur lib. presse,1818, p. 299).Donc, sans le moins du monde vouloir tirer aucune conclusion de la manière de petite idylle très authentique qui va suivre, je vais (...) vous la raconter par le menu (Verlaine,
Œuvres compl.,t.5, Confess., 1895, p. 19). Prononc. et Orth.: [məny]; [-ə-] disparaît facilement dans des expr. du type: hacher menu, trotter menu. Warn. 1968 facultatif. Att. ds Ac. dep. 1694, 1694 au fém.: -üe. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1050 la gent menude «le bas peuple» (Alexis, éd. Chr. Storey, 531); b) ca 1100 «qui a peu d'importance, peu de valeur» (Roland, éd. J.Bédier, 2370); 2. a) ca 1100 «de petites dimensions» (ibid., 1956); b) ca 1135 «(personne) petite et mince» (Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, réd. AB, 625); c) fin du xives. [ms.] emploi subst. menus «foies, gésiers (de volaille) dont on fait des fricassées» (Viandier Taillevent, éd. J. Pichon et G. Vicaire, p. 15); 3.emploi adv. a) ca 1100 e menut e suvent «fréquemment» (Roland, 1426); b) ca 1150 «finement, avec art» (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4226); c) 1314 hagier menu «hacher finement» (Henri de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 879); 4. 1538 par le menu (Est., s.v. substiliter). Du lat. minutus «petit, menu», part. passé adj. de minuere «diminuer, amoindrir». Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, p. 153; pp. 390-391, 404-407. _ Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, pp.9-10. |