| * Dans l'article "MENTAL, -ALE, -AUX,, adj." MENTAL, -ALE, -AUX, adj. A. − Qui appartient au mécanisme de l'esprit; qui fait appel aux facultés intellectuelles. Calcul, effort, niveau, test, travail mental; activité, construction, organisation, structure, synthèse mentale; facultés, fonctions mentales. Mais les modernes ayant souvent abusé d'un tel axiome pour représenter notre intelligence comme purement passive, le grand Leibnitz fut obligé d'y joindre une restriction essentielle, destinée à formuler la spontanéité de nos dispositions mentales (Comte,Catéch. posit., 1852, p.79): 1. Concevez-vous quelles précieuses révélations nous obtenons en appliquant une pareille méthode à toutes les opérations mentales, à toutes les sensations? Nous parcourons les écoles, les casernes, les usines, les hôpitaux, et sur des centaines, des milliers de sujets, nous répétons des expériences qui consistent à émouvoir l'esprit en exerçant sur le corps un contrôle d'une incroyable minutie.
Curel,Nouv. Idole, 1899, II, 3, p. 201. − PSYCHOL. Âge mental. Degré de développement intellectuel attribué à un individu, généralement à un enfant, en fonction des résultats de tests auxquels il est soumis: 2. À partir de l'emploi de l'unité appelée par Binet «âge mental», Stern a développé la notion de quotient intellectuel ou Q I, rapport de l'âge mental à l'âge chronologique.
Delay,Ét. psychol. méd., 1953, p. 112. ♦ Par dérision. Vous avez 10 ans d'âge mental! Vous avez un comportement d'enfant. ♦ Restriction mentale. En casuistique, subterfuge qui permet de tromper sans mentir en ne dévoilant pas expressément sa pensée: 3. Nous ne ferons rien de semblable, persuadé qu'Arnauld se raconte ici, à son «cher Jésus», tel qu'il se voit. Je ne dis pas qu'il ait renoncé pour la circonstance à ses finesses de dialecticien. La phrase est adroite et flaire souvent la restriction mentale. Il a pris ses précautions même avec le grand juge.
Bremond,Hist. sent. relig., t. 4, 1920, p. 290. − Emploi subst. masc. sing. avec valeur de neutre Ensemble des facultés psychiques. Rien ne nous permet de comprendre les relations de la conscience et des processus nerveux, du mental et du cérébral (Carrel,L'Homme, 1935, p. 111). B. − Qui a rapport à l'esprit en ce qui concerne sa santé et éventuellement son aspect pathologique. Aliénation, arriération, confusion, cruauté, débilité, déchéance, désordre, hygiène, maladie, pathologie, trouble mental(e). − Voici ce qu'il concluait. − Cette confidence que vous venez me faire, absolument spontanément, je la considère, Bardamu, comme l'indice très encourageant d'une amélioration notable de votre état mental (Céline,Voyage, 1932, p. 115): 4. ... l'incohérence, l'ataxie mentale des hommes qui nous gouvernent, paraissent être arrivées au point où elles ne peuvent plus croître. La folie qui s'est emparée de tous ces gens consiste à croire qu'ils sont juges de Dreyfus.
Clemenceau,Vers réparation, 1899, p. 184. − [En parlant d'une pers.] Malade mental. Nul, nous l'avons vu, n'a le triomple plus facile que le débile mental, vu le peu de forces qu'il dépense (Mounier,Traité caract., 1946, p. 450). ♦ Emploi subst., p. ell. de malade. Personne atteinte d'une maladie mentale. Une assistante sociale raconte son expérience: «Je reçois surtout ceux que j'appelle les petits «mentaux», ceux qui ne sont pas assez malades pour être placés dans un hôpital psychiatrique» (Le Nouvel Observateur, 14 févr. 1977ds Gilb. Mots contemp. 1980). Prononc. et Orth.: [mɑ
̃tal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1374 fém. mentele «qui se fait dans l'esprit» (J. Goulain, Trad. du Ration. de G. Durant, B.N. 437, fo35a ds Gdf. Compl.); 1457 fém. mentalle (Crainte amour. et beatit., Ars 2123, fo29 ro, ibid.); 1893 subst. (Blondel, Action, p.157). Empr. au b. lat. mentalis «de l'intellect, de l'âme» (blâmé par St Augustin) dér. de mens «principe pensant, activité de la pensée, esprit, intelligence» sur le modèle de spiritus/spiritalis, corpus/corporalis. Fréq. abs. littér.: 1260. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 259, b) 658; xxes.: a) 1130, b)4105. DÉR. 1. Mentalisation, subst. fém.Prise de conscience d'un phénomène; représentation intellectuelle de ce phénomène. J'aime aussi imaginer les modes et conditions d'une mentalisation du territoire universitaire, et par quelles rues passerait la frontière (Larbaud,Journal, 1934, p. 291).− [mɑ
̃talizasjɔ
̃]. − 1resattest. 1842 (Richard: Mentalisation; action de mentaliser, de rendre mental, état mentalisé), 1934 (Larbaud, loc. cit.); dér. à l'aide du suff. -(a)tion* de mentaliser (1842, supra), lui-même dér. de mental, à l'aide du suff. -iser*; d'apr. Lal. le mot a été empl. par le psychologue Ed. Claparède dans son enseignement au début du xxes. et imprimé pour la 1refois ds Feelings and Emotions en 1928. 2. Mentalisme, subst. masc.Conception qui, pour la compréhension des concepts autant en logique qu'en linguistique, privilégie l'approche intuitive. L'École bloomfieldienne donne le nom de mentalisme à l'attitude des linguistes qui définissent les unités linguistiques et les règles de combinaison par leur signification, celle-ci étant définie empiriquement et de manière intuitive (Ling.1972).− [mɑ
̃talism̭]. − 1resattest. a) 1842 «système de mentalisation» (Richard), également ds Richard 1845, b) 1948 psychol. (A. Burloud, Psychol., p.9); dér. de mental à l'aide du suff. -isme*; au sens b cf. l'angl. mentalism (ca 1900 ds NED, v. aussi NED Suppl.2). 3. Mentaliste, adj. et subst.Qui se réclame du mentalisme; adepte de cette conception. On a donné le nom de conception mentaliste à une conception de la nature phonique des sons du langage qui remonte à Baudouin de Courtenay. Ce linguiste oppose un son imaginé ou intentionnel au son effectivement émis, (...) distinction qui annonce la distinction moderne entre phonème et son (Ling.1972).− [mɑ
̃talist]. − 1reattest. 1967 (Piaget ds Log. et connaissance sc., p.86 [Encyclop. de la Pléiade]); de mental, suff. -iste*; cf. angl. mentalist (ca 1900, v. NED; att. antérieurement au sens d'«intellectualiste»). BBG. − Mack. t. 2 1939, p. 96. |