| MELON, subst. masc. A. − HORTICULTURE 1. Plante potagère annuelle (de la famille des Cucurbitacées) à tige rampante et à feuilles échancrées qui produit des fruits comestibles. Melons en pleine terre; melons sur couche; cloche à melons; pincer les melons. Il ne faudra pas oublier d'irriguer les rigoles qui encadrent les melons, et d'arroser à la main les balsamines (Colette,Naiss. jour,1928, p.6): 1. J'accepte avec beaucoup d'empressement (...) quelques graines de melons de Valence. Il y a à Cannes des melons de cette espèce, mais ils dégénèrent au bout de quelques générations et tendent à devenir citrouilles.
Mérimée,Lettres ctessede Montijo,1867, p. 321. − P. méton. Fruit de cette plante, de forme ronde ou ovale, à écorce lisse ou striée de côtes, qui possède une chair juteuse et sucrée, le plus souvent de couleur orangée. Melon brodé, cantaloup, sucrin; melon au porto; melon confit; melon d'Espagne; confiture de melon. Pris (pour tout dîner) une tranche de melon glacé chez Tortoni (Barb. d'Aurev.,Memor. 1,1837, p.145).J'allais au château. On mangeait du melon avec le beurre et puis encore au dessert du melon avec du sucre (Barrès,Cahiers,t.1, 1897, p.137): 2. ... tous les fruits de tous les étés du monde, raisins gluants, melons couleur de beurre, figues pleines de sang, abricots en flammes, viennent dans le même moment rouler aux étals de nos marchés.
Camus,État de siège,1948, 1repart., p.197. 2. Melon d'eau. Pastèque. Nous avons rencontré une caravane qui partait chargée de pastèques pour Kôçéir, nous en achetâmes plusieurs (...), je mangeais la pulpe rouge et neigeuse d'un de ces melons d'eau (Du Camp,Nil,1854, p.293).Les belles pastèques dont l'âne descend le soir au Pausilippe une double cargaison (...), melons d'eau que l'on fend, que l'on débite en tranches rouges (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.96). B. − CHAPELL. (Chapeau) melon. Chapeau d'homme, en feutre rigide, à bords étroits et à fond bombé, en usage surtout à la fin du xixes. et au début du xxe. Il était coiffé d'un melon brun, à bords plats (Huysmans,À rebours,1884, p.145).Le faux fils de famille, en chapeau melon trop haut (Larbaud,Barnabooth,1913, p. 149).Un ridicule petit chapeau melon complétait l'ensemble (Gide,Si le grain,1924, p.405).V.chapeau ex. 4. C. − P. anal. 1. Arg. et pop. Tête. Coups de melon dans la poitrine (Esn.1966). 2. Arg. et pop., vieilli. Imbécile. Synon. cornichon.Tourterot: Vous êtes si melons à Châtellerault! Médard domestique: Possible; mais, quand on s'adresse aux melons (...) qu'on veut être compris des melons, m'est avis qu'il faut leur parler le langage... melon (Labiche,Deux papas,1845, i, 1, p.381): 3. ... rugissons contre M. Thiers! Peut-on voir un plus triomphant imbécile (...)! Non, rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la bourgeoisie!
Flaub.,Corresp.,1867, p. 346. ♦ Emploi adj. Eh bien! me dit-il, tu es encore joliment melon de piauler comme ça. Ce fut à peine si je compris, c'était là un argot que je ne savais pas encore (Du Camp,Mém. suic.,1853, p.31).V. supra ex. de Labiche. − Arg. scol. Élève de première année, à Saint-Cyr. [Sous Louis-Philippe] L'ancien (...) appelait la recrue, melon (Titeux, St-Cyr,1898, p. 329).1870! (...) Les Saint-Cyriens, grands anciens, anciens, melons et petits melons allaient payer largement leur tribut ([Saint-Cyr], Centenaire St-Cyr,1908, p.44). 3. Région. (fr. d'Afrique du Nord). Nord-Africain. Synon. péj. bicot, bougnoul, crouillat, raton: 4. Nous sommes quatre journalistes (...). Nous essayons (...) sur cette place où sont tombés, un mois plus tôt, les derniers martyrs de l'Algérie française, d'engager le dialogue: impossible. «Combien il vous paie, le F.l.n.?» (...) «Allez, vous les aurez les «melons», jusqu'à Poitiers!»
L'Express,3-9 juill. 1972, no1095, p.96. REM. Melonier, subst. masc.,rare. Producteur de melons. Vous avez exécuté ma commission du melon. Si vous rencontriez chez la comtesse un M. Polo, député de Valence, il serait le melonier qu'il me faudrait. Demandez la graine de melons musqués de Valence (Mérimée,Lettres Duchesse de Castiglione,1868, p.67). Prononc. et Orth.: [məlɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Plur. des chapeaux melon ou chapeaux melons (voir Loti, Japoneries, 1889, p.295 et Jammes, Robinsons, 1925, p.146). Étymol. et Hist. 1. Ca 1256 bot. (Aldebrandin de Sienne, Rég. du corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 51, 10: fera une decoction de violetes, de poumes de semence de cahoides, de melons, de citroles, d'ierbes froides); 2. a) 1827 «imbécile» (Granval, Vice, p.104); b) 1833 «tête» (d'apr. Esn.); c) 1830-38 «élève de la première année de Saint-Cyr» (d'apr. Titeux, op. cit., p.328); 3. 1877 «chapeau d'homme de forme ronde et bombée» (A. Daudet, Nabab, p.139); 1880 chapeau-melon (Journal des dames et des demoiselles, 2enode déc., 41 a ds Quem. DDL t.16); 4. 1962 «arabe» (Lanly, p.51). Du b. lat. melonem, acc. de melo «fruit d'une sorte de cucurbitacée», abrév. du lat. class. melopepo «id.», lui-même issu du gr. μ
η
λ
ο
π
ε
́
π
ω
ν «id.» (comp. de μ
η
λ
ο
ν «pomme» et de π
ε
́
π
ω
ν «cuit par le soleil, mûr»). Il n'est pas possible de savoir si le mot a toujours été connu ou s'il a été repris au lat. (cf. aussi l'ital. mellone et l'esp. melón «id.», v. FEW t.6, 1, p.685a). Le sens d'«imbécile», prob. issu de celui de «tête», lui-même issu d'une métaph. usuelle sur les noms de fruits (cf. citron, fraise, pomme...), a donné lieu p.ext. (avec en plus la notion de «débutant») au sens 2 c (cf. Esn. et Cellard-Rey). L'emploi de melon au sens d'«arabe» est obscur, Cellard-Rey propose l'hyp. d'une métaph. sur la coiffure (calotte, chéchia). Fréq. abs. littér.: 338. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 239, b) 333; xxes.: a) 431, b)795. DÉR. 1. Melonné, -ée, adj. et subst. fém.,bot. a) Adj. Qui a la forme d'un melon. (Dict. xixeet xxes.). b) Subst. fém. Courge à limbe droit. Synon. pépon musqué (ibid.).− [məlɔne]. Littré: meloné. − 1reattest. 1840 adj. (Ac. Compl. 1842); de melon, suff. -é*. 2. Melonnière, subst. fém.Terrain réservé à la culture des melons, endroit où l'on cultive des melons. Des carrés de légumes, une melonnière dont les cloches brillaient à la lune (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.551).Jean Alibert, qui travaillait à la melonnière (Bosco,Mas Théot.,1945, p.122).− [məlɔnjε:ʀ]. Ac. 1694 et 1718: melonniere, 1740: melonniére, dep. 1762: melonnière. − 1reattest. 1534 [éd.] meloniere (B. de La Grise, Livre doré de Marc Aurèle, fo71 ro); de melon, suff. -ière (v.-ier). |