| MATINÉE, subst. fém. A. − Partie de la journée qui va du lever du soleil à midi. Une belle, fraîche, radieuse matinée; au cours de, dès le début de, dans la matinée; la fin, une partie de la matinée; consacrer, passer ses matinées à; la matinée se passe. Presque aussitôt, le soleil reparut, un soleil triomphal, dans la chaude matinée d'août (Zola,Débâcle,1892, p.76).Mû par quelque obscur et tenace espoir, il relisait encore le travail de la matinée (Martin du G.,Devenir,1909, p.84): 1. Il faisait une matinée brumeuse, larmoyante. Gorgées de brouillard, de grosses gouttes claires roulaient sur la face des choses. Les hommes marchaient, vite et droit, comme des gens qui savent très bien où ils vont.
Duhamel,Confess. min.,1920, p.122. ♦ Faire la grasse matinée. V. grasse I B 2 c b. B. − [P. oppos. à soirée, à propos d'un spectacle, d'une réunion] Après-midi. Quand il m'envoyait au studio des Ursulines voir − en matinée, avec ma mère − un film d'avant-garde ou à l'Atelier le dernier spectacle de Dullin, il me disait seulement: ,,Il ne faut pas manquer ça`` (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p.201). − P. méton. Réunion, réception mondaine, représentation, spectacle qui a lieu au cours de l'après-midi. Matinées classiques. Vous nous invitez à une matinée musicale, et je vois les préparatifs d'un souper (Labiche,Chapeau paille Ital.,1851, iii, 1, p.56): 2. Je me rappelai alors que, la dernière fois que je l'avais vue, le jour où sa mère l'avait empêchée d'aller à une matinée de danse, elle avait, soit sincèrement, soit en le feignant, refusé, tout en riant d'une façon étrange, de croire à mes bonnes intentions pour elle.
Proust,J. filles en fleurs,1918, p.630. C. − MODE, vieilli. Déshabillé féminin qui se portait le matin. Elle est en longue matinée de dentelle, avec rubans et noeuds très Maître de Forges (Giono,Voy. Ital.,1953, p.203): 3. Un peu grisée, Pauline s'arrêtait aux vitrines (...) avec une excitation de fiancée, elle plia dans sa mallette le linge enrubanné, les bas fins, les gants de Suède, la matinée de crêpe de Chine.
Chardonne,Dest. sent. III,1936, p.20. Prononc. et Orth.: [matine]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 «espace de temps entre le lever du jour et midi» (Philippe de Thaon, Comput, 2590 ds T.-L.); 2. 1175 grant matinee «matinée bien avancée» (Hue de Rotelande, Protheselaus, 4400, ibid.); d'où ca 1220 dormir grant matinee (Simon, Trois ennemis de l'homme, 669, ibid.); 1266 dormir crasse matinee (Vers de la mort, 98, 4, ibid.); 3. 1833 «l'après-midi par opposition à la soirée» (Balzac, La Duchesse de Langeais, Comédie humaine, t. V, p.182 d'apr. Mat., p.61, n. 8); 4. 1880 «vêtement féminin» (Journ. des dames et des demoiselles, 1ernuméro de décembre, 28c ds Quem. DDL t. 16). Dér. de matin*; suff. -ée*. Fréq. abs. littér.: 2 168. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2 825, b) 2 857; xxes.: a) 2 954, b) 3 501. Bbg. De Gorog (R.). Three Fr. etymologies. Z. fr. Spr. Lit. 1977, t. 87, p.336. _ Dubois (J.). Représentation de syst. paradigm. formalisés ds un dict. struct. Cah. Lexicol. 1964, t. 2, pp.5-9. |