| MASOCHISTE, adj. et subst. A. − [Correspond à masochisme A] 1. Adj. et subst. (Personne) dont le plaisir sexuel est lié à la souffrance ou à l'humiliation. Le sadique et le masochiste, pour atteindre la volupté, ont recours l'un et l'autre à la cruauté (Gide, Journal, 1814, p.521): 1. L'erreur est de croire que le personnage masochiste rencontre, comme par bonheur, un personnage sadique. Chaque personne d'une perversion n'a besoin que de l'«élément» de la même perversion, et non pas d'une personne de l'autre perversion.
G. Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, Paris, Union gén. d'éd., 1971, p.41. 2. Adj. Relatif au masochisme en tant que perversion sexuelle. Expérience, fantasme, tendance masochiste. Les rêves contre le désir représentent dans beaucoup de cas l'accomplissement d'un désir inconscient masochiste (Choisy, Psychanal., 1950, p.16).Les rites masochistes de supplice et de souffrance impliquent de véritables suspensions physiques (le héros est accroché, crucifié, suspendu) (G. Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, Paris, Union gén. d'éd., 1971, p.32). B. − [Correspond à masochisme B] 1. Adj. et subst. (Personne) qui recherche la souffrance, l'humiliation ou qui s'y complaît. Il fallut le bousculer ce masochiste hors du camp à grands coups de pied dans les fesses. Ça lui fait plaisir quand même mais pas assez (Céline, Voyage, 1932, p.195).Nous affirmions, sans crainte d'être traité de masochiste, que la douleur est notre maître (Vilar, Tradition théâtr., 1963, p.98). 2. Adj. Relatif au masochisme (en tant que trait de caractère). Plaisir masochiste. D'autres [femmes] se complaisent dans un rôle de victime, elles se font les douloureuses esclaves de leur mari, de leurs enfants et y prennent une joie masochiste (Beauvoir, Deux. sexe, t. 2, 1949, p.279): 2. Ce nihilisme pratique peut (...) présenter encore un autre aspect, masochiste celui-là. Nous le rencontrons chez tous les malheureux qui trouvent je ne sais quelle incompréhensible exaltation à obéir passivement, à répéter des consignes, à se griser de phrases toutes faites, à excommunier surtout: oui, c'est sans doute là le dernier degré de l'abaissement spirituel.
G. Marcel, Heure théâtr., 1959, p.103. REM. Maso, adj. et subst.,abrév. fam. a) Adj. Le loisir maso, à base de fatigue totale et de glace impitoyable, dans un environnement à rebrousse-poil (Le Nouvel Observateur,11 mars 1974, p.50, col. 1).b) Subst. Jean-Luc Godard est un «maso», «un type qui se détruit», «un névrosé terrible» (Le Nouvel Observateur,16 févr. 1970, p.35, col. 2).Un maso hollandais la supplie: «Ligote-moi!» Elle le ligote et lui tape dessus (Actuel, mars 1981, no17, p.54). Prononc.: [mazɔ
ʃist]. Étymol. et Hist. 1896 (M. A. Raffalovitch, Uranisme et unisexualité, 134 ds Quem. DDL t. 21). Dér. de masochisme*; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 18. Bbg. Quem. DDL t.9, 23 (s.v. maso). |