| MASCULIN, -INE, adj. A. − [P. oppos. à féminin I; correspond à homme II] Qui est propre à l'homme en tant qu'être humain du sexe doué du pouvoir de fécondation. 1. [En parlant d'attributs, d'objets physiques; correspond à homme II A 1 a] Qui appartient à un homme. Crâne, organe masculin. Deux ou trois fois, en rentrant à des heures inaccoutumées, il crut voir des dos masculins disparaître entre les portes; et elle sortait souvent sans vouloir dire où elle allait (Flaub., Éduc. sent., t. 2, 1869, p.206).Elle réfléchit au corps féminin. Bien que femme elle-même, elle conçoit sans difficulté que les hommes le trouvent voluptueux (...). Et le corps masculin? Germaine s'interroge (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.120). − Du sexe masculin. Concours ouvert à tous les candidats du sexe masculin sans condition d'âge ni de titres (Encyclop. éduc., 1960, p.178). ♦ P. ell. Chaque carte sera répertoriée par la tabulatrice sur le papier indiquant l'âge et le nombre de sujets masculins vivant aux États-Unis ayant cet âge (Berkeley, Cerveaux géants, 1957, p.62). 2. [Correspond à homme II A 1 d] Qui est considéré comme caractéristique des hommes. a) [En parlant d'un comportement, d'une attitude, de gestes] Fatuité, orgueil masculin. Je rougis, déshabituée depuis des années d'une certaine sorte de grossièreté masculine (Colette, Entrave, 1913, p.68).Augustin regardait avec la gaucherie masculine cette collaboration de deux femmes autour d'un berceau (Malègue, Augustin, t. 2, 1933, p.22). b) [En parlant d'une femme considérée dans sa morphologie ou son comportement] Qui rappelle un homme, qui ressemble à un homme. Une dame à figure énorme, laide et vieille, à l'expression masculine, très endimanchée, et qui lisait la Revue des Deux Mondes (Proust, Sodome, 1922, p.858).C'était une grande femme osseuse et masculine, au teint noir et non sans un peu de barbe (Maurois, Ariel, 1923, p.135). 3. [En parlant d'une activité] Qui est accompli par des personnes de sexe masculin, réservé aux personnes de sexe masculin. Métier masculin. 6 agrégations réservées aux hommes: agrégations masculines des lettres; de grammaire; d'histoire; de géographie; de mathématiques; des sciences physiques (Encyclop. éduc., 1960, p.318).La gymnastique masculine est en plein essor (Jeux et sports, 1967, p.1293). 4. [En parlant d'un ensemble de pers.] Composé d'hommes, formé par des hommes. Clientèle masculine; public masculin. Il se rendit chez Philippe, avec lequel il dîna. Cette compagnie masculine le réconforta (Arland, Ordre, 1929, p.210).Je me refuse à croire que douze mille Américains, si adroitement choisis qu'ils puissent être, nous renseignent d'une façon précise sur la mentalité de toute la population masculine (Green, Journal, 1948, p.169).Brightwell, capitaine de l'équipe masculine (Jeux et sports, 1967, p.1220). B. − [P. oppos. à féminin II] 1. GRAMM. Genre masculin. ,,Genre grammatical qui, dans une classification en deux genres, s'oppose au féminin et qui, dans une classification en trois genres, s'oppose au féminin et au neutre`` (Ling. 1972). V. féminin II A 1 et genre A 2 d.Quand on dit le nom d'un animal, il convient également au mâle et à la femelle; de-là est venue l'habitude de distinguer le genre masculin et le genre féminin (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.79). − Du genre masculin. Cet homme qui (...) a tout lu, tout compris, cet homme qui est savant de façon presque monstrueuse, cet homme (...) prononce «un espèce de» quand il s'agit d'un objet du genre masculin. Exemple fréquent: un espèce de crétin (Duhamel, Maîtres, 1937, p.210). ♦ P. ell.: 1. De l'École Normale d'où M. Lavisse n'est pas encore sorti on a dit que c'était une auberge. Ceux qui savent ce qui s'y passe savent qu'il ne faudrait point s'arrêter à ce nom d'auberge, mais aller à un mot masculin, légèrement plus bref, beaucoup plus énergique.
Péguy, Argent, 1913, p.1151. − Emploi subst. masc. Genre masculin. Dans ces phrases, moi (Antoine) je dis, lui (Pierre) il répond, c'est Pierre et Antoine qui déterminent les pronoms à être au singulier et au masculin (Destutt de Tr., Idéol. 2, 1803, p.83).Vous avez le masculin et le féminin dans votre langue: je le comprends pour l'homme et la femme, mais pour les choses inanimées? (Goncourt, Journal, 1890, p.1235): 2. Toute femme est devenue ainsi pour lui le symbole et le sexe de quelque iniquité. À part la sienne, qui est − le masculin naturellement pour ce qui la désigne − qui est le charme, l'éclat et le prestige...
Giraudoux, Sodome, 1943, II, 4, p.111. ♦ Forme masculine. (Se) mettre au masculin. Si les mots qualifiés sont de genres différents, l'adjectif se met au masculin pluriel (Grev. 1964, p.307). 2. VERSIFICATION ♦ Rime masculine. Rime placée à la fin d'un groupe rythmique dont la dernière syllabe n'est pas terminée par un e muet. Cet enchaînement régulier de rimes féminines et masculines qui a été une élégance de style avant d'être une règle de versification (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.10).Commençant par toi qui... et finissant par une rime masculine, je veux chanter en rimes plates une des qualités glorieuses de Gautier (Mallarmé, Corresp., 1873, p.37). ♦ Vers masculin. Vers à rime masculine. Ce petit vers masculin de quatre syllabes qui tombe à la fin de chaque stance produit à la longue une impression mélancolique (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.314). REM. Masculinement, adv.,rare. D'une manière masculine. Sentir ma vie a été surtout ma manière de vivre. J'ai donc vécu fémininement plutôt que masculinement. Une double cause a favorisé cette existence élégiaque et lyrique (Amiel, Journal, 1866, p.39). Prononc. et Orth.: [maskylε
̃], fém. [-in]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Adj. 2emoitié du xiiies. «qui est propre à l'homme» masculin genre (Gautier de Coinci, Ste Léocade, éd. E.Vilamo-Penti, 1236); 1690 «qui a rapport à l'homme» ligne masculine (Fur.); 1826 «qui est composé d'hommes» la population masculine (Balzac, Physiol. mar., p.77); 2. 1550 gramm. pronoms ... masculins (Meigret, Le Tretté de la gramm. fr., Paris, 3epart., chap. VI, fo61 vo); subst. le masculin (Id., ibid., 1repart., chap. VII, fo19 vo); 3. 1775 «qui a les caractères de l'homme, qui tient de l'homme» phrase un peu masculine pour une dame (Beaumarchais, Mém., t. 1, 72). Empr. au lat. masculinus «de mâle, d'homme», lui-même dér. de masculus, v. mâle. Fréq. abs. littér.: 342. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 254, b) 428; xxes.: a) 438, b) 744. DÉR. 1. Masculinisme, subst. masc.,rare, biol. ,,Présence chez la femme de caractères sexuels secondaires masculins`` (Méd. Biol. t. 2, 1971). Anton. féminisme (cf. ce mot B).− [maskylinism̭]. − 1reattest. 1931 (Lar. 20e); de masculin, suff. -isme*; semble avoir éliminé la forme masculisme 1902 (Nouv. Lar. ill.) qui avait à l'orig. le sens de «ensemble du sexe masculin, de ses conditions d'être, naturelles et sociales» p. oppos. à féminisme, dér. par haplologie de masculin sur le modèle de féminisme*, qui en méd. a pris le sens de «présence chez la femme de caractères sexuels secondaires masculins» (Garnier-Del.; ,,inusité`` ds Méd. Biol. t. 2). 2. Masculinité, subst. fém.a)
α) Caractère masculin, ensemble des caractères spécifiques − ou considérés comme tels − de l'homme. Synon. virilité; anton. féminité.Il doit y avoir de vives affinités de vision entre la masculinité de MlleDufau et la féminité que recèle partiellement le curieux esprit du grand virtuose [Besnard] (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p.265).Je ne puis avoir ni désir ni tendresse pour une femme qui ne me rappelle pas l'enfant. − Avec ça, on finit en correctionnelle comme satyre. − Le satyrisme n'est que l'exagération de la masculinité (Montherl., Pitié femmes, 1936, p.1150).Tout garçon cherche à s'élever à la masculinité (Mounier, Traité caract., 1946, p.597).
β) Ensemble des caractères physiques propres au mâle, à l'individu du sexe masculin. Je dirai (...) qu'une barbe bien fournie, des bras velus, (...) signes d'une masculinité puissante, sont beauté chez un homme (Pommier, Athéisme, 1857, p.173).L'oeuf fécondé contient dans ses chromosomes des gènes de masculinité et des gènes de féminité: les premiers l'emportent dans l'oeuf destiné à produire un mâle; les seconds, dans l'oeuf destiné à donner une femelle (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét., 1936, p.42).b) Dr. anc. (Privilège de) masculinité (Lep. 1948). ,,Privilège en vertu duquel, dans les successions, les mâles étaient préférés aux filles`` (Barr. 1967 et 1974). c) Démogr. ,,Importance relative du nombre des hommes, par rapport à une population totale`` (George 1970). Rapport, taux de masculinité. ,,Rapport entre l'effectif de sexe masculin et l'effectif correspondant de sexe féminin`` (Thinès-Lemp. 1975). Synon. indice de masculinité (Méd. Flamm. 1975).Le rapport de masculinité est typiquement de 1,05 à la naissance (Méd. Flamm.1975).− [maskylinite]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) α) ca 1268 «ensemble des caractères propres au sexe masculin» (Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, 147, p.137), attest. isolée, à nouv. au xvies. 1520 au sens de
β) «qualité d'homme» la vertu de masculinité (Le Guidon en franç., 278b, éd. de 1534 [Vaganay, Pour l'hist. du franç. moderne ds Hug.]) en partic. fin xvie-début xviies. dr. loix de masculinité «loi qui rendait héritiers les seuls mâles» (E. Pasquier, Plaidoyé pour le duc de Lorraine [I, 1083], ibid.), b) 1963 démogr. rapport de masculinité (Lar. encyclop.); dér. sav. de masculin, suff. -(i)té*. |