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MARTYRE, subst. masc.
A. − HIST. DU CHRIST. Supplices, souffrances et/ou mort endurés par quelqu'un parce qu'il n'a pas voulu renier sa foi. Le martyre de St Étienne, de Ste Agathe; atroce, cruel martyre; affronter, endurer le martyre; aller, marcher au martyre. Sa tête avoit été jadis dépouillée par la flamme, et son front montroit encore les cicatrices du martyre qu'il avoit éprouvé sous Valérien (Chateaubr.,Martyrs, t. 1, 1810, p.165).La masse énorme du Colisée (...) où tant de chrétiens ont souffert le martyre (Michelet,Hist. rom., t. 1, 1831, p.4).
Aller jusqu'au martyre. Aller jusqu'à la mort pour sa foi. Caulet, depuis évêque de Pamiers et janséniste jusqu'au martyre (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 1, 1840, p.503).
Prononcer le voeu du martyre. S'engager par serment à affronter la mort pour sa foi. Au régime impie qui prétend suspendre les voeux, je pense que la Communauté tout entière devrait répondre en prononçant solennellement le voeu du Martyre (Bernanos,Dialog. Carm., 1948, p.1663).
B. − Souffrances et/ou mort endurées pour une cause, un idéal. Le martyre des résistants, des soldats. La Pologne a gagné ceci à son martyre, qu'elle est restée une nation et qu'elle est devenue un symbole (Hugo,Corresp., 1868, p.133).André Chénier était désigné aux bourreaux par son courage (...). Il a vraiment mérité sa mort. Il était digne du martyre politique (A. France,Vie littér., t. 2, 1890, p.236).Tant de martyres subis pour la France au fond des cachots ou aux poteaux d'exécution (De Gaulle,Mém. guerre, 1959, p.463):
1. Avant de charger, il adressa aux siens une brève harangue dont Foucher de Chartres nous a conservé le sens: «Si vous êtes tués, c'est la couronne du martyre; si vous êtes vainqueurs, une gloire immortelle...» Grousset,Croisades, 1939, p.65.
[Avec un sens plus ou moins affaibli] Desplein, le plus grand chirurgien connu, souffrit son premier martyre en se débattant avec les premières difficultés de la vie et de la gloire à Paris (Balzac,Illus. perdues, 1843, p.228).Ils ont été des hommes de lettres accomplis; ils l'ont été jusqu'au martyre; et celui des deux que nous admirons aujourd'hui (...) a pu dire de ce frère (...): «Jules de Goncourt est mort de travail» (Bourget,Nouv. Essais psychol., 1885, p.197).
C. − Grande peine, immense douleur.
1. Souffrance physique subie par quelqu'un par l'effet de la maladie. Martyre physique. Pour moi, sa jeunesse s'épuise, sa santé s'altère. J'assiste tranquillement à ce martyre quotidien (Murger,Scènes vie jeun., 1851, p.72):
2. Tous les matins, on me cautérise mes abcès; on ne laisse pas refermer mon incision du périnée, on l'entretient avec des antiseptiques. Je suis au martyre. Barrès,Cahiers, t. 1, 1897, p.169.
P. hyperb. Situation pénible ou désagréable. Une chaleur étouffante, qui me fait bénir mon étoile d'être né dans un climat où on n'éprouve ce martyre que quelques jours de l'année (Delacroix,Journal, 1853, p.73).J'ai horreur, à distance (...) des quartiers dans lesquels je traînais quelquefois, chassé de chez moi par le bruit des voisins qui me mettait au martyre (Léautaud,Passe-temps, 1929, p.25).
2. Souffrance morale, affective, intellectuelle. Martyre moral; martyre de l'absence, de l'angoisse, des passions, de la séparation. Le long martyre des hommes de bien, les persécutions qu'ils subissent dans leurs pensées et dans leurs sentiments ici-bas (Lamart.,Corresp., 1831, p.121).Les années qu'il passa en pension furent un long martyre, un de ces martyres d'enfant seul et abandonné que tout écrase et qui ne peut savoir ce dont il est coupable (Zola,M. Férat, 1868, p.51).Je fis le désespoir de tous ceux qui m'aimaient: je me mariai. Mon martyre commença, car je me mariai contre tout bon sens (Faral,Vie temps st Louis, 1942, p.149).
Faire un martyre à qqn.Ce départ, cette séparation si imprévue, si douloureuse par tant d'endroits, me fait comme un martyre au coeur, à l'esprit, aux yeux qui se tournent toujours vers Paris (E. de Guérin,Journal, 1839, p.249).
C'est un martyre de + inf.Hommes sans oeuvres, sans pratique de foi! C'est martyre d'avoir des amis de la sorte (E. de Guérin,Journal, 1840, p.330).
Avoir le martyre de + inf.J'eus le martyre de vivre habituellement avec une idée (...) que j'aurais crue tout aussi impossible à supporter (Proust,Fugit., 1922, p.535).
P. métaph. Mon âme me brûlait. J'en sentais la flamme sombre chauffer les parois intérieures de mon corps; et j'endurais, sans même pouvoir exhaler un soupir de détresse, le martyre de ce bûcher intime (Bosco,Mas Théot., 1945, p.18).
Prononc. et Orth.: [maʀti:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1100 «massacre, défaite sanglante» martirie (Roland, éd. J.Bédier, 965); 2. id. «mort endurée pour la religion chrétienne» martyrie (ibid., 1922); 3. 1119 «souffrance intense» martire (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 539); 4. ca 1165 «détresse, tourment» (Benoît de Sainte-Maure, Roman de Troie, éd. L. Constans, 3308). Empr. au lat. eccl. martyrium (du gr. μ α ρ τ υ ́ ρ ι ο ν «témoignage, preuve», «sanctuaire dédié à un martyr»), «action de témoigner le Christ dans la persécution», d'où «lieu où est enterré un martyr, sanctuaire» (v. Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 762. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 906, b) 1000; xxes.: a) 1137, b) 816.