| ![]() ![]() ![]() ![]() MARQUÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de marquer*. A. − Qui est empreint d'une marque, qui est pourvu d'un signe distinctif. 1. a) [En parlant d'un inanimé concr. pourvu d'initiales, d'un label, d'une étiquette] Linge marqué; vêtement marqué de ses initiales. Au loin, entre le pilier le plus proche du porche et dernier de l'abside (...) apparaissait la chasuble violette, rouge ou verte de l'officiant marquée d'une croix d'or (Jouhandeau, M. Godeau, 1926, p. 288).La marque implique l'apposition, sur les produits, d'un signe susceptible de les distinguer, et assez adhérent pour les faire considérer comme marqués (Réau-Rond. 1951, s.v. marque). − Loc. fig. Être marqué au coin de. V. coin1B. b) Vieilli. Papier, parchemin marqué. Papier, parchemin servant à la rédaction d'un acte et comportant une marque imprimée représentant l'acquittement d'une taxe perçue au profit du Trésor. Maintenant il en coûte à un maire sept sous et demi de papier marqué pour seulement mettre en prison l'homme qui travaille, et les juges s'en mêlent (Courier, Pamphlets pol., Au réd. «Censeur», 1819, p. 11). 2. [En parlant d'un être animé et, p. méton., d'une partie du corps] Être marqué. Porter une marque, un tatouage. Être marqué de petite vérole. Sept [condamnés] d'entre eux devraient être fouettés, deux marqués sur la joue gauche (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 163).Il écarta violemment sa chemise de soie, découvrit une peau nue et lisse, marquée de cinq cicatrices profondes (Bernanos, Joie, 1929, p. 622). − Au fig. Être (né) marqué (de/par le destin, Dieu, la fatalité). Le respectant comme marqué de Dieu, ils eurent pour sa personne des égards infinis (Flaub., St Julien l'Hospitalier, 1877, p.83). ♦ [Correspond à la loc. verb. marquer mal (cf. marquer II A)] Être d'un aspect peu favorable. − Fanchette va bien? − Toujours, merci. Elle a eu encore trois enfants croyez-vous! (...) des enfants indignes, du reste, grisâtres, jaunâtres, mal marqués (Colette, Cl. s'en va, 1903, p. 307). ♦ Péj. Qui, en raison de ses agissements antérieurs, inspire quelque suspicion. Qui est compromis. Cet homme est politiquement marqué (Lexis1975).Il était très marqué à gauche (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 40).Le fait est qu'ils [des réfugiés russes] sont tous suspects (...) ce sont des hommes marqués (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 385). − En partic. [En parlant d'une pers. et, p. méton., d'un des traits du visage ou du visage lui-même] Qui porte les marques de la fatigue, de l'âge, de la maladie. Visage marqué. Oh! Est-il heureux d'être bel homme! Néanmoins, il vieillit, il est marqué (Balzac, Cous. Bette, 1846, p. 112).Ce ne sont pas ces traits, à la fois aigus et marqués, qui animent ce visage (Malraux, Conquér., 1928, p. 42). − P. anal., THÉÂTRE. [À propos d'un acteur, d'une actrice et p. méton. du rôle tenu par ce genre d'acteur, d'actrice] Qui n'est plus de première jeunesse. Elle est un peu marquée pour jouer les amoureuses (Littré). MmeDorval est trop marquée, trop mélodramatique pour ce rôle jeune et chaste (A.Daudet, Crit. dram., 1897, p. 292). B. − Spécialement 1. JEUX. Cartes marquées. Cartes truquées comportant une marque, un signe qui permet de les reconnaître. (Dict. xixeet xxes.). 2. PHYS., BIOL. Élément rendu identifiable par la fixation d'un corps radioactif. Molécule marquée: . ... étude de la circulation sanguine par injection dans le torrent circulatoire soit de globules marqués au radio-fer, soit de sérum sanguin marqué par des corps radioactifs (...). Des travaux très intéressants se développent à l'heure actuelle à l'aide de bacilles et de virus artificiellement marqués avec des éléments radioactifs.
Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p. 230. C. − [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr.] 1. a) [En parlant d'un inanimé concr.] Dont le dessin, en creux ou en relief, est très accusé; qui est souligné avec netteté, saillant. Menton marqué; pommettes marquées. Il se faisait des «putains» une représentation extérieure très précise (...). Elles avaient (...) la poitrine et les hanches saillantes, la taille bien marquée (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p. 269). b) [En parlant d'un inanimé abstr.] Accusé, accentué, qui se perçoit nettement. Accent, changement, goût, intérêt, talent marqué; attention, distinction marquée; gestes marqués. Les différentes oeuvres d'un artiste sont toutes parentes comme filles d'un même père, c'est-à-dire qu'elles ont entre elles des ressemblances marquées (Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p.2). 2. Au fig., dans le domaine de la vie psychique, sociale, (au niveau des rapports humains, des sentiments, des passions).Prononcé, fort. Sentiment religieux très marqué; influence, habitude marquée; avec, sans convictions politiques marquées. Un snobisme très marqué (...) les pousse [les hommes de pensée] à apporter leur suffrage à toute doctrine ayant un caractère extrême (Du Bos, Journal, 1925, p. 237). II. − Adjectif A. − [En parlant d'un être animé; correspond à marque1II A] HIST. NAT. Qui porte quelque tache. Cheval marqué en tête. Qui porte une tache blanche au front. (Dict. xixeet xxes.). B. − [En parlant d'un inanimé abstr.; correspond à marque1I B 2 d et à marquer I A 4 a] LING. Unité (linguistique) marquée (p. oppos. à unité non-marquée). Unité pourvue d'une particularité phonologique, morphologique, syntaxique ou sémantique qui l'oppose aux autres de même nature dans la même langue (d'apr. Ling. 1972). Cette notion de marque, très importante en phonologie surtout, a vu son usage s'étendre à tous les niveaux de la structure linguistique. (...) le couple marqué/non marqué a été utilisé pour opposer la forme pluriel et la forme singulier des substantifs (Mounin1974). Prononc.: [maʀke]. Étymol. et Hist. V. marquer. Fréq. abs. littér.: 3114. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5352, b) 3453; xxes.: a) 3279, b) 4854. |