| MARMORÉEN, -ÉENNE, adj. A. − GÉOL., MINÉR. Qui est de la nature du marbre. Roche calcaire et marmoréenne; calcaires marmoréens. La dolomie peut être compacte, saccharoïde ou marmoréenne et grenue (...). La dolomie grenue se distingue en général par un toucher beaucoup plus rude que celui des marbres calcaires (Lapparent,Minér., 1899, p. 521).Du haut de son roc de texture marmoréenne, Angoulême voit sourdre à ses pieds dans les prairies des eaux magnifiques (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 369). B. − Gén. littér. 1. Qui évoque le marbre, les caractères du marbre (teinte, immobilité, froideur). Immobilité marmoréenne. Au-dessus des arbres, les blancs sommets des Apennins dessinaient un de ces fonds à la fois nuageux et marmoréens que Shelley avait tant admirés (Maurois,Ariel, 1923, p. 349).Il [Bailleul] pouvait (...) distinguer tous les cailloux du fond. Il y en avait d'un blanc marmoréen (...) d'autres lie de vin. Mais leurs nuances se fondaient dans la teinte rousse de tous les autres (Genevoix,Boîte à pêche, 1926, p. 113). − P. métaph. J'ai assisté hier à une réception de l'Académie de Bordeaux. Hilarant! Bafouillage quasi muet du président. Éloquence du récipiendaire. Profession de foi poétique. (C'était un poète!) Le Parnasse, pureté de la forme, splendeur marmoréenne, etc., etc. (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1907, p.142). 2. En partic. a) [En parlant d'une pers., de son caractère, de son aspect] Rigidité marmoréenne; une froideur marmoréenne. Il sortit encore une fois de son mutisme marmoréen (Barbusse,Feu, 1916, p. 282): . Les indigènes demeurèrent fixes dans leur dernière attitude, comme des personnages de tableaux vivants. On les eût dit pétrifiés. Quelle était la cause de ce changement, et pourquoi tout d'un coup cette immobilité marmoréenne. On ne tarda pas à le savoir.
Verne,Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 176. − De marbre. Une vie de privations, l'isolement (...). C'était le devoir implacable (...), une honnêteté farouche, un mouchard marmoréen, Brutus dans Vidocq (Hugo,Misér., t. 1, 1862, p.214). ♦ À toute épreuve. Synon. de fer.J'ai été très chaste dans mon voyage, mais très gai − et d'une santé marmoréenne et rutilante (Flaub.,Corresp., 1858, p. 263). b) [En parlant du corps hum.] Front marmoréen. J'ai des envies folles de manger vos épaules marmoréennes (Flaub.,Corresp., 1877, p. 324).Figure immobile, marmoréenne, excepté dans les moments rares où paraît le sourire; alors tout se transforme (Loti,Mon frère Yves, 1883, p. 12).Le temps n'osa jamais toucher à ces traits purs et les pâlit seulement, de plus en plus, jusqu'à les rendre marmoréens. N'eût été l'éclat du regard, on se serait demandé par moments s'il vivait (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p. 59). − P. métaph. La passion d'une autre n'a jamais fait palpiter ce coeur d'airain dans cette poitrine marmoréenne (Gautier,Rom. momie, 1858, p. 312). c) MÉD. Le choc hémorragique se caractérise par sa pâleur considérable (blancheur marmoréenne) (Langlois, Binet dsNouv. Traité Méd.fasc. 7 1924, p. 221). − [En parlant d'un os] ,,Devenu compact comme du marbre`` (Vignaud 1973). En dehors (...) d'opacités en taches ou de condensations marmoréennes, c'est l'ostéoporose que l'on rencontre le plus fréquemment dans la sclérodermie (Ravault, Vignon,Rhumatol., 1956, p. 559). REM. Marmorin, -ine, adj.,var. vieillie. a) De marbre. Vous devez comprendre l'amour comme un principe qui ne se développe dans toute sa grâce que (...) sous la lueur d'opale d'une lampe marmorine (...) devant un foyer doré (Balzac,Ferragus, 1833, p. 69).Tout, dans cette figure marmorine, exprimait la force et le repos (Balzac,Séraphita, 1835, p. 195).b) Chim. ,,Qui possède les propriétés du marbre`` (Duval 1959). Prononc. et Orth.: [maʀmɔ
ʀeε
̃], fém. [-eεn]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1840 «qui appartient, qui ressemble au marbre» (Ac. Compl. 1842); 1852 fig. flot marmoréen (Leconte de Lisle, Poèmes ant., p. 122). Dér. sav. du lat. marmoreus «de marbre; blanc, dur comme le marbre»; suff. -éen*. Fréq. abs. littér.: 33. |