| MARDI1, subst. masc. A. − Jour de la semaine qui succède au lundi. Mardi dernier, prochain; mardi matin, après-midi, soir; le mardi, tous les mardis; à mardi (prochain). Gilbert Cloquet n'eut donc point de surprise quand il vit arriver chez lui, la veille de la foire de Corbigny, qui a lieu le deuxième mardi du mois, le garde de Fonteneilles (R. Bazin,Blé,1907, p.269).Karelina attendait Domitien, − l'«espérait» plutôt. − On était un mardi. Il venait quelquefois, ces jours-là (Van der Meersch,Empreinte dieu,1936, p.180).V. jeudi ex.: . D'après la Genèse, le lundi appartient à la lumière; le mardi, au ciel; le mercredi, à la terre, à la mer et aux végétaux; le jeudi, aux astres; le vendredi, aux poissons, reptiles et volatiles; le samedi, aux bêtes et à l'homme; le dimanche, au repos du Seigneur.
Bloy,Journal,1894, p. 114. − P. méton. Le mardi de quelqu'un. Son jour de réception qui se place ce jour-là. «À mon mardi, vous étiez ainsi et vous m'avez intéressée, peut-être par comparaison avec ma ménagerie; tenez pour certain que le justaucorps vous va mieux...» − «À vous aussi,» répondit-il (Péladan,Vice supr.,1884, p.196). − Loc. fig., vieilli. Mardi, s'il fait chaud. [Loc., pop., employée à propos d'une ,,époque illusoire que l'on indique pour une chose qui ne doit pas se réaliser`` (Lar. 19e)]. En voilà une peloteuse qui venait les embobiner! Aujourd'hui, elle les tapait de dix sous, demain ce serait de vingt, et il n'y avait plus de raison pour s'arrêter. Non, non, pas de ça. Mardi, s'il fait chaud! (Zola,Assommoir,1877, p.754). B. − Mardi gras 1. Dernier jour du carnaval et qui précède le carême; notamment jour gras où se déroulent des réjouissances publiques (mascarades, défilés de chars, batailles de confetti) ou semi-publiques (bals...). Réjouissances du Mardi gras. Se déguiser pour le Mardi gras (Ac. 1935). Ce qui peut se passer dans une chambre d'hôtel meublé une nuit de Mardi gras, non, cela dépasse tout ce que l'imagination peut inventer d'horrible! (Lorrain,Sens. et souv.,1895, p. 131). − P. métaph. Les plages du Danube, celles des lacs au nord de Berlin, celles de Chicago elles-mêmes, ne sont rien à côté de ce Mardi-gras en costume de bains, où les masques et les bergamasques sont remplacés par des appareils à sous, par des marchands de sucre candi (Morand,New York,1930, p. 72). − Loc. Faire le/son mardi gras. ,,Prendre part aux amusements de ce jour-là`` (Littré). Rem. Dupré 1972 note ces expr. comme ,,sorties de l'usage en même temps que les festivités du Mardi gras. Lorsqu'on parle de ces festivités pour les villes où elles ont encore lieu, on emploie généralement le mot carnaval``. SYNT. Masque(s), déguisement(s) pour le Mardi gras; un soir, une farce de Mardi gras; cavalcades de Mardi gras. − P. méton., fam. Un mardi gras. Personne déguisée. Synon. un carnaval.Vous ne pouvez pas vous montrer dans cet accoutrement: vous avez l'air d'un mardi gras (Ac.1935).Être déguisé en mardi gras. Un général qui n'aimait pas les francs-tireurs (...) dit à ceux-là: «Ce n'est pas le tout que d'être habillés en mardi gras. Il faut se battre (...)» (A. France,Crainquebille,Edmée, 1904, p. 181). 2. Loc. fig., fam. Ce n'est pas mardi gras aujourd'hui! [Exclam. adressée ironiquement à, ou loc. employée à propos d'une pers. dont l'accoutrement évoque un déguisement]. (Ds Rob., Lar. Lang. fr., Rey-Chantr. Expr. 1979). Prononc. et Orth.: [mɑ
ʀdi]. Ds Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, var. [ -]. Mart. Comment prononce 1913, p. 18, en revanche: ,,On contrarie mal à propos la tendance générale de la langue quand on ferme l'a``. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1119 marsdi (Philippe de Thaon, Comput, 455 ds T.-L.); 1262 mardi (J. Le Marchand, Mir. N.D. de Chartres, 37, ibid.); 2. 1552 mardigras (Rabelais, Quart Livre, chapitre 38, éd. R. Marichal, p.169); 1735 spéc. (Rich. ds Quem. DDL t. 1: Mardi gras. C'est le nom que le peuple donne aux grosses personnes qui aiment à boire et à manger excessivement). Du lat. Martis dies proprement «jour de Mars» (ca 100 ds H. P. Bruppacher, Die Namen der Wochentage im Italienischen und Rätoromanischen, Romanica Helvetica, t. 28, p. 24; v aussi TLL s.v. dies 1060, 48), tour poétique en face du plus banal dies Martis (ves., ibid., 1060, 49). Le type dies Martis s'est maintenu dans le cat. dimars, l'occ. et le fr.-prov. dimar (anc. dimartz) et l'a. fr. demars (xiiie-xives. en Wallonie, Flandre et Picardie, v. Henry, p.30); le type Martis dies vit en fr. (où il est peut-être dû à l'influence germanique, v. R. Baehr ds Mél. Rohlfs, p.48 et G. Rohlfs ds Arch. St. n. Spr. t.213, pp.293-294) et dans l'ital. martedi (qui pourrait cependant être récent, cf. G. Rohlfs, loc. cit.) et le type Martis dans l'esp. martes, le prov. et le fr. prov. mar (anc. mars), ainsi qu'en roum., en sarde, etc... (v. FEW t.6, 1, pp.378-379; v. aussi lundi). Au sens 2, cf. anc. poit. jour du lardier, proprement «jour du tonneau à conserver le lard» (1439 ds Gdf., s.v. lardier) et dimarlarder (1477, ibid., s.v. dimars), cf. encore chez Rabelais gradimars (Quart Livre, éd. R. Marichal, XLI, 13). Fréq. abs. littér.: 3658. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4529, b) 11280; xxes.: a) 6071, b) 1995. Bbg. Baehr (R.). Zu den romanischen Wochentagsnamen. In: [Mél. Rohlfs (G.)]. Halle, 1958, p. 26-56, cf. bbg de l'art. pp.27-28. _ Henry 1960, pp.13-15, 32, 41; p.49. _ Mack. t.2 1939, p.275. _ Quem. DDL t.1. _ Rohlfs (G.). Fr. mardi: ein Germanismus? Archiv. St. n. Spr. 1976, t.213, pp.289-297. |