| MARCHÉ, subst. masc. I. A. − Lieu public, couvert ou en plein air, où se tiennent toutes sortes de marchands qui exposent et vendent des denrées alimentaires, des articles de bazar et des objets d'usage courant. Petit, grand marché; marché couvert (synon. halle), de plein air; déballer, vendre sur les marchés. On entre dans le marché, et la première personne que l'on y rencontre (...) est presque toujours celle qu'on aurait été bien plus surpris de n'y pas rencontrer (Jouy,Hermite, t. 3, 1813, p. 187): 1. Nous avons débarqué un jeudi au milieu du marché de Chichicastenango. La place était couverte de tentes et d'éventaires; des femmes vêtues de corsages brodés et de jupes chatoyantes vendaient des graines, des farines, des pains, des fruits racornis, de maigres volailles, des poteries, des sacs, des ceintures, des sandales et des kilomètres d'étoffes aux couleurs de vitrail et de céramique...
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 431. − Marché-gare. Marché spécialement aménagé, où les marchandises apportées par chemin de fer sont aisément transbordables sur des camions. (Dict. xxes.). − En partic. Marché spécialisé dans la vente d'une seule catégorie de produits. Marché aux bestiaux, aux herbes, aux légumes, à la volaille. Je pense à vous, marché aux poissons de Marseille où Cuvier découvrit les principes de son histoire naturelle, marché d'Alger (Morand, New-York,1930, p. 64): 2. Je suis allé au marché aux oiseaux
Et j'ai acheté des oiseaux
Pour toi
Mon amour
Je suis allé au marché aux fleurs
Et j'ai acheté des fleurs
Pour toi
Mon amour...
Prévert, Paroles,1946, p. 50. ♦ Marché aux puces. Marché où l'on trouve de vieux objets, un grand choix de bric-à-brac, d'articles usagés de peu de valeur. Ce marché de brocanteurs dénommé «le marché aux puces» (Frapié, Maternelle,1904, p. 288): 3. ... je m'étais rendu au «marché aux puces» de Saint-Ouen (j'y suis souvent, en quête de ces objets qu'on ne trouve nulle part ailleurs, démodés, fragmentés, inutilisables, presque incompréhensibles...)
Breton, Nadja,1928, p. 49. ♦ Marché aux femmes. Centre de prostitution. Il aimait parcourir lentement le marché aux femmes de Piccadilly, une des plus grandes foires de la prostitution européenne (Hamp, Champagne,1909, p. 219). ♦ Marché aux esclaves. Marché où se faisait la vente et l'échange des esclaves. Le marché d'esclaves est une vaste cour découverte, et environnée d'un portique surmonté d'un toit (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 402). − P. méton., absol. 1. Rassemblement de commerçants. Aller au marché; marché hebdomadaire. C'était le jour de marché, et la place était couverte d'ânes, de mulets pittoresquement harnachés, et de paysans à mines singulières et farouches (Gautier, Tra los montes,1843, p. 25). 2. [Dans la loc. fam. faire son/le marché] Ce qu'on achète au marché; en partic. les denrées de consommation courante: 4. ... elles vont faire leur marché [les ménagères], un sac de papier au bras, après avoir rattaché avec des épingles de sûreté, sur leurs enfants, les guenilles multicolores qu'elles ne songent jamais à rapiécer.
Morand, Londres,1933, p. 167. B. − P. ext. 1. Endroit où se déroulent d'importants échanges commerciaux, ou qui se spécialise dans le commerce d'un produit particulier. Le village est apte à fournir un marché et à donner lieu à des industries rurales (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 186). 2. Endroit où l'on fixe le cours des marchandises. Le marché de Londres, de Paris. − BOURSE. Lieu réservé à certaines opérations. Derrière, dans l'angle formé par deux autres branches, se tenait en pleine foule, le marché des rentes françaises, où chaque agent de change était représenté ainsi qu'au marché du comptant (Zola, Argent,1891, p. 324). C. − ÉCON., ÉCON. POL. Économie de marché. Conception des relations commerciales fondée essentiellement sur l'équilibre des achats et des ventes, sur l'état de l'offre et la demande. Anton. économie dirigée, planifiée: 5. ... «l'économie du marché» se base sur le principe de la rentabilité directe d'une part, celui de la satisfaction des besoins individuels selon le pouvoir d'achat et la volonté d'achat des personnes qui sont porteurs de la demande d'autre part.
Univers écon. et soc.,1960, p. 46-16. − En partic. 1. ,,Ensemble de firmes, centres de décision autonome, liées entre elles par un réseau d'échanges, qui rend interdépendants tous les prix et toutes les quantités`` (Perroux, Écon. xxes., 1964, p. 282). On dit: marché de la laine, du coton, du caoutchouc, etc., en spécifiant les caractéristiques du bien ou du service qui est l'objet du trafic (Perroux, Écon. xxes.,1964, p. 284). − Ensemble des échanges dans une production donnée. Le marché du disque, de l'automobile; jeter un produit sur le marché. 2. Ensemble de consommateurs réels ou potentiels d'une production, d'un service. Marché réel, théorique; conquérir un marché. C'est (...) plus à la clientèle nouvelle et au marché potentiel, qu'à la clientèle constituant le marché actuel que s'intéressent les firmes (Pol.1969). ♦ Étude de marché (v. étude I C 1 b). ♦ Marché noir. Vente clandestine à prix fort de produits rares et rationnés. Faire du marché noir. Du saucisson de marché noir (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 198): 6. ... les Parisiens au mois de mars 44 n'eurent droit qu'à 50 grammes de beurre par personne et mademoiselle, trop pauvre pour acheter au marché noir, devait faire cuire ses pommes de terre à l'eau, ce qui, gourmande qu'elle était comme tous les vieillards, la rendait fort malheureuse.
Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 73. ♦ Marché du travail. État de l'offre et de la demande dans un pays en matière d'emploi. La fébrilité d'un zèle professionnel aiguillonné par le sentiment de l'incertitude des situations dans l'état actuel de l'offre et de la demande sur le marché du travail (Ponge, Parti pris,1942, p. 51). 3. GÉOGR., ÉCON. Organisation de l'économie à l'intérieur d'un pays; entente, échanges économiques entre plusieurs pays. Marché extérieur, intérieur; marché international, mondial; marché d'exportation. Le marché français est (...) indissociable du marché européen qui représente près de 180 millions de consommateurs dont le niveau de vie est rapidement croissant (Industr. fr. caoutch., 1965, p. 41).Le marché national ne répond souvent plus à la demande et des échanges entre pays sont fréquents (Wolkowitsch, Élev.,1966, p. 186): 7. ... il est manifeste que le commerce extérieur, en agrandissant encore prodigieusement le marché, augmente de même l'industrie et les produits.
Destutt de Tr., Comment. sur Espr. des lois,1807, p. 334. ♦ En partic. Marché commun. Communauté économique européenne (C.E.E.) regroupant actuellement dix pays d'Europe occidentale, dont les objectifs premiers sont la suppression des barrières douanières, l'harmonisation des tarifs douaniers, l'application d'une politique économique et sociale commune. Ce traité [instituant l'Euratom] avait été signé en même temps que celui instaurant le marché commun à la conférence de Rome en mars 1957 (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 132). D. − BOURSE, FIN. 1. Marché des capitaux. Ensemble des transactions monétaires nécessaires aux échanges économiques; p. méton. ensemble des personnes qui réalisent ces échanges. Un marché de capitaux s'établit entre pays épargnants et pays demandeurs de capitaux (Univers écon. et soc.,1960, p. 3008). − Marché financier. Synon. marché des capitaux.«Paribas» a pénétré récemment sur le marché financier américain (Lesourd, Gérard, Hist. écon., 1968, p. 76).En partic. Marché des capitaux à long terme. C'est en bourse que se font les principales opérations de crédit à long terme, si bien que l'on identifie généralement celle-ci avec le «marché financier» (Baudhuin, Crédit et banque,1945, p. 60). − Marché monétaire. Marché des capitaux à court terme: 8. Le tableau se complique du fait de la juxtaposition sur le marché des capitaux de celui des crédits à court terme ou marché monétaire et, également, en raison de l'interférence de l'inflation monétaire.
Univers écon. et soc.,1960, p. 3011. − Marché des valeurs. Vente ou achat des valeurs en bourse. John Diston Powles, un des financiers qui dirigeaient le marché des valeurs sud-américaines (Maurois, Disraëli,1927, p. 33). − Marché des changes. Vente ou achat des devises étrangères. Certains pays ont établi provisoirement un double marché des changes; sur l'un le cours de la monnaie nationale s'établit librement; sur l'autre, les autorités monétaires interviennent (Fin.1976). 2. [Suivi d'un adj. indiquant] a) [les conditions du marché] Marché officiel. Marché effectué selon le cours officiel des changes. Marché parallèle. Marché effectué selon un cours autre que le cours officiel. Marché libre, ouvert. ,,Marché effectué en dehors de toute réglementation en Bourse ou hors bourse`` (Cap. 1936). Le problème actuel est de savoir si ce marché serait un marché ouvert (c'est-à-dire sur lequel les demandeurs de capitaux pourraient négocier directement avec les apporteurs de ressources) (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 349): 9. ... nous réclamons [les socialistes] une modification de la politique du crédit, la suppression du marché libre de l'or − ou à défaut une taxe sur les transactions auxquelles donne lieu le métal précieux...
Le Monde,19 janv. 1952, p. 5, col. 2. b) [la tendance des cours] Marché agité, hésitant: 10. D'ailleurs, si à ce moment précis se produisait une hausse sur la de Beers ou des «offres» sur l'Extérieure, si le marché de la première était «ferme» et «actif», celui de la seconde «hésitant», «faible», et qu'on s'y tint «sur la réserve», la source de premier ordre n'en restait pas moins une source de premier ordre.
Proust, Temps retr.,1922, p. 741. II. A. − Convention, écrite ou orale, entre deux partenaires et qui définit les modalités d'une vente. Passer un marché. J'ai signé deux marchés qui me donnent 700 francs par mois pour 56 pages, sans compter le feuilleton (Balzac, Corresp., 1831, p. 549).Pour enlever le marché, il avait fait une offre un peu au-dessous du tarif habituel (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p. 168): 11. Ce sexe paraît jouir parmi eux d'une assez grande considération. Ils n'ont jamais conclu aucun marché avec nous sans le consentement de leurs femmes; les pendans d'oreilles d'argent, et les bijoux de cuivre servant à orner leurs habits, sont uniquement réservés aux femmes et aux petites filles.
Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 68. − Locutions 1. Être en marché (vieilli). Être en pourparlers d'affaires. Minoret, le père de mon substitut, est en marché pour son château (Balzac, U. Mirouët, 1841, p. 221). 2. Mettre (à qqn) le marché à la main (vieilli), en main. (Le) sommer d'accepter les conditions d'un accord sans délai de réflexion et sans modification possible. J'ai attiré la fille Henrouille dans un coin et je lui ai posé franchement le marché en main (Céline, Voyage,1932, p. 424): 12. Il ne me semble possible ni à moi, ni au président du conseil, de forcer le roi à renvoyer sur-le-champ un ministère, et à exiler un favori, en lui mettant le marché à la main.
Chateaubr., Congrès Vérone,t. 2, 1838, p. 320. 3. Au fig. Marché de dupe (v. ce mot A 2). ♦ P. ext. Pacte, convention par laquelle une personne propose à une autre d'échanger des services autres que rémunérés. Ils font des marchés avec Dieu qui priment leurs marchés avec les hommes (Lamart., Tailleur pierre, 1851, p. 406).Je te propose un autre marché. Je te donne la vie de cette femme et je vous laisse fuir tous les deux (Camus, État de siège,1948, 3epart., p. 288).P. métaph. Ils se croient dupés au grand marché de la vie (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 45).Péj. Tentative de corruption moyennant une contrepartie rémunérée. Il n'était question que d'argent, de marché des consciences, de corruptions (Goncourt, Journal,1873, p.947). B. − Emploi spéc. Ensemble des modalités d'un contrat. 1. BOURSE, FIN. a) Marché à terme. Opération boursière dont le terme est fixé aussitôt mais dont le paiement est reporté à plus ou moins longue échéance. L'escompte d'un marché à terme est une véritable liquidation; elle a lieu de la fin du mois courant, au 4 du mois suivant (Boyard, Bourse, 1853, p. 166).Le marché du bois est ultra-sensible. Il a toutes les particularités du marché à terme, comme celui du coton et du café, bien qu'on y enregistre des phénomènes de réalisation lente (Industr. fr. bois,1955, p. 39). − Marché d'escompte. Faculté qu'a l'acheteur d'exiger la livraison des titres avant la date fixée et au prix convenu. (v. supra Boyard, Bourse 1853, p. 166). b) Marché au comptant. Opération qui s'effectue par une remise immédiate des titres et de leur acquittement par l'acheteur. Il faisait soutenir, sur le marché au comptant, la banque Schoudler et les mines de Zoa, et laissait encore tomber les Sonchelles (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 89). 2. DR. PUBLIC. Marché public. Contrat passé par les collectivités publiques pour la réalisation de certains travaux, se faisant soit par adjudication, soit sur appel d'offres, soit de gré à gré. Pour les établissements hospitaliers, c'est le nombre de lits qui doit être pris en considération pour savoir si des achats peuvent être faits sur simple facture, ou par marché de gré à gré (Organ. hospit. France,1957, p. 29). − Marché à forfait, à prix fait. Contrat passé entre l'État et un entrepreneur qui s'engage à réaliser un ouvrage pour un prix déterminé. V. aussi forfait A 1, loc. à forfait: 13. Les maçons, charpentiers, serruriers, et autres ouvriers qui font directement des marchés à prix fait, sont astreints aux règles prescrites dans la présente section: ils sont entrepreneurs dans la partie qu'ils traitent.
Code civil,1804, art. 1799, p. 326. III. A. − (Le) bon marché 1. Substantif a) Absol. Prix avantageux consenti sur une vente. Le bon marché, voilà le grand mot dans lequel se résument, selon les économistes de l'école des Smith et des Say, tous les bienfaits de la concurrence illimitée (L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 58). b) Ensemble des produits vendus à petit prix par un marchand. Toute sa colère de maniaque s'exhalait contre les misérables qui déshonoraient son métier, en vendant du bon marché, de la camelote, des articles dont les chiens (...) n'auraient pas voulu se servir (Zola, Bonheur dames,1883, p. 567). c) Le bon marché de. Caractère de ce qui s'achète ou se vend à bas prix. J'ai toujours entendu parler du bon marché de la vie en Italie (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 742). − Loc., au propre et au fig. ♦ Avoir bon marché de (qqn). Avoir la partie belle, trouver son avantage en traitant avec quelqu'un. Simple, naïve et aimante, comme l'est Charlotte, j'aurais eu bon marché d'elle (Dumas père, Demois. St-Cyr,1843, i, 4, p. 101). ♦ Faire bon marché de. Donner peu de prix à, accorder peu d'importance à. Faire bon marché de sa vie. Elles rigolaient, bonnes têtes, habituées de longue date à faire bon marché de tout, de leur sommeil comme du reste (Courteline, Train 8h47,1888, 2epart., 8, p. 184): 14. ... et si quelque jour, avec leurs idées de l'arrière, des gens viennent vous dire que je fais bon marché de la vie du prochain, vous pourrez leur répondre que je suis de ceux à qui cela est permis, parce que d'abord ils ont fait bon marché de la leur.
Montherl., Songe,1922, p. 89. 2. Adj. inv. Peu coûteux. Son déjeuner variait de deux à quatre sous selon que les oeufs étaient chers ou bon marché (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 811).Le vin meilleur marché qu'ailleurs (Barrès, Cahiers,t. 11, 1917, p. 280).Les draps étaient lourds, de ces draps humides des hôtels bon marché (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 377). 3. Loc. adv. À bon marché; acheter, vendre à bon marché. À bas prix ou à des conditions particulièrement avantageuses. Qui veut mettre le prix à une bonne montre? Personne. Les riches mêmes ne veulent autre chose qu'une belle montre à bon marché (Michelet, Peuple,1846, p. 125). − Au fig. À bon compte. Je m'aperçus que je n'en étais pas quitte à si bon marché: j'avais le bras gauche cassé au-dessus du coude (Chateaubr., Mém.,t. 1, 1848, p. 307). Rem. Peut se construire sans la prép. à, constr. peu recommandée par les puristes, mais confirmée par l'usage. Dans ce moment les terres doivent se vendre bon marché. Mon père voudrait que nous eussions cinq pour cent de notre argent (Staël, Lettres jeun., 1790, p. 370). B. − Par dessus le marché, loc. adv., fam. En outre, en supplément, en plus de cela. Il y en a qui sont collants... Pas moyen de s'en débarrasser. Et bêtes par-dessus le marché (Queneau, Pierrot mon ami, 1942, p. 25).Je veux le fric et les bijoux. Et toi par-dessus le marché (Camus, Requiem,1956, 2epart., 5etabl., p. 883): 15. Elle fit volte-face et vint vers moi: − Reconnaissez que vous auriez mieux fait de rester chez vous à jouer au nain jaune. Et vous n'avez pas l'air content, par-dessus le marché.
Duhamel, Jard. bêtes sauv.,1934, p. 144. Prononc. et Orth.: [maʀ
ʃe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Fin xes. marched «réunion de vendeurs et d'acheteurs dans un lieu public où se débitent denrées et marchandises» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 76); 2. a) 1155 marchié «lieu public où se débitent denrées et marchandises» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 2301); 1904 fig. marché aux puces (Frapié, loc. cit.); b) ca 1160 marcié «ce qu'on achète au marché, ce qu'on en rapporte» (Moniage Guillaume, I, 658 ds T.-L.); 1868 faire son marché (Littré); c) 1678 faire le marché d'autrui (La Fontaine, Tircis et Amarante ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. 2, p.278); 3. ca 1150 marchié «bourg qui a le droit de tenir marché» (Charroi Nîmes, éd. D. McMillan, 385); av. 1778 marché «ville, pays qui est le siège de transactions commerciales importantes» (Voltaire, Pol. et lég. Fragm. hist. sur l'Inde, XVI ds Littré); 4. 1853 «état de l'offre et de la demande (terme de bourse)» (J. Proudhon, Man. du spéculateur à la bourse, I, ch. II, 53 ds Quem. DDL t.16); 5. 1934 «ensemble des consommateurs d'un produit» (Chardonne, Destin. sentim., p.310 ds Rob.). II. 1. a) Ca 1100 «vente, achat à un prix débattu» (Roland, éd. J. Bédier, 1150); 1538 venir sur le marché de qqn «essayer d'obtenir une place, un avantage qu'un autre sollicite» (Est., s.v. praemercor); 1566 aller sur le marché de qqn «id.» (H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 19 (I, 410) ds Hug.); fin xvies. courir sur le marché de qqn «id.» (Brantôme, Couronnels franç. (VI, 206-207) ds Hug.); ca 1570 mettre à qqn le marché au poing «donner le choix de conclure ou de rompre un marché; obliger à se décider dans un sens ou dans l'autre» (Carloix, IX, 2 ds Littré); 1690 mettre à qqn le marché à la main (Fur.); 1838 mettre à qqn le marché à la main (Chateaubr., loc. cit.); b) comm. bourse 1785 marché à terme (Encyclop. Méthod. Finances, 1787, p.92); 1819 marché à prime (E. Gosse, Proverbes dramatiques, Les Jeux de la bourse, I, 219 ds Quem. DDL t.20); 1826 marché ferme (J. Bresson, De la liquidation des marchés à terme à la bourse de Paris, 1repart., 11-12 ds Quem. DDL t.16); 1840 marché au comptant (Mozin-Biber, s.v. comptant); 1945 marché noir (Triolet, loc. cit.); c) 1534 par le marché «en plus, en outre» (Rabelais, Gargantua, éd. M. A. Screech et V.-L. Saulnier, chap. 23, p.162); 1735 par-dessus le marché (Marivaux, Paysan parvenu, 1repart. ds Littré); 2. ca 1210 marchié «affaire (en général)» (Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schutz-Gora, 2586); 1671 «convention, arrangement quelconque» (Mmede Sévigné, Lettre du 6 février à Mmede Grignan ds Lettres, éd. Monmerqué, t.2, p.46); 3. a) 1178 a bon marchié (Renart, éd. M. Roques, 13003); 1615 bon marché «fait d'être à bas prix, peu cher» (A. de Montchrétien, Traité de l'économie politique ds Kuhn, p.77); 1694 bon marché (expr. adj.) «qui est à bas prix, peu cher» (Ac.); b) fin xiies. marcié «prix d'achat» (Floire et Blancheflor, éd. M. Pelan, 955); c) 1216 estre a grant marchié «être à bon marché» (Fergus, 141, 27 ds T.-L.); ca 1315 estre a marchié (Geffroy de Paris, Chronique métrique ds Romania t.78, p.111); c) 1310-1340 avoir grant marchié de qqc. «avoir qqc. à bon marché» (J. de Condé, Dits et Contes, éd. A. Scheler, II, 25, 808); 1461 avoir bon marché de qqc. «tirer profit de» (Chastellain, Chronique, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 348); d) av. 1188 faire grant (bon) marchié de qqc. «vendre à bon compte, à bon marché» (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 25, 8118). Du lat. mercatus «commerce, trafic, négoce, marché public, foire» (de merx, mercis «marchandise»). Fréq. V. marcher1. Bbg. Archit. 1972, p.19. _ Quem. DDL t.10, 16, 18. |