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MARAIS, subst. masc.
A. −
1. Terrain, généralement de vaste étendue, recouvert en permanence d'une nappe d'eau peu profonde, où croissent en abondance des plantes aquatiques et parfois des arbres. Synon. palus (vx), palude (vx), marécage.En s'informant mieux, on sut que c'était s'enfoncer dans un pays de marais, d'où l'on ne se tirerait jamais (Barante,Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 248).J'embourbai le chariot dans les marais de la Snowy (Verne,Enf. cap. Grant,t. 3, 1868, p. 216):
1. ... plus loin, la rivière, canalisée jusque-là, s'épandait en un vaste marais. Ce marais (...) était tout le souci de mon cousin (...). À travers l'immense peuple de roseaux qui le couvrait (...), on avait tracé d'étroites avenues où les barques plates, conduites et dirigées avec des perches, passaient, muettes... Maupass.,Contes et nouv.,t. 1, Amour, 1886, p. 737.
SYNT. Marais breton, poitevin, vendéen; marais croupissant, impraticable, impénétrable, limoneux, pestilentiel, stagnant; marais fluvial, littoral; marais d'estuaire; marais à sangsues; assèchement, dessèchement des marais; assécher un marais; s'enfoncer, s'enliser dans un marais.
P. métaph. Les petites villes, marais de commères, excellent dans cette malignité isolante (Hugo,Travaill. mer,1886, p. 120).
Spécialement
MÉD., vx. Fièvre des marais. Fièvre endémique intermittente causée par les exhalaisons des marais. Synon. fièvre paludéenne, malaria.Nous avons traversé une contrée infestée de rivières et Diane a pris la fièvre des marais (Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p. 269).
CHIM., vx. Gaz des marais. Méthane. C'est l'occasion, pour Berthelot, de peindre pittoresquement la retraite dans les mines des derniers hommes avec des champignons pour nourriture, avec le gaz des marais, «le feu grisou comme bon Dieu» (Goncourt,Journal,1872, p. 901).
GÉOGR., GÉOMORPHOL. Marais de pente. Marais situé sur une pente à l'affleurement d'une couche imperméable (d'apr. Plais.-Caill. 1958).
Loc., vx. Se sauver par/à travers le marais (Ac. 1798-1878). Se tirer d'embarras en invoquant de mauvaises raisons.
P. anal.
MÉTÉOR. Marais barométrique. ,,Dépression dans laquelle le gradient horizontal de pression associé est faible et la pression centrale différente de la normale de la région`` (Villen. 1974). La situation inverse du marais barométrique est l'aire de hautes pressions, sorte de plateau anticyclonique parsemé de petites proéminences. C'est une situation rare, accompagnée généralement de beau temps mais, parfois, à allure orageuse en été (Delc.t. 51928).
TECHNOL. Réservoir d'eau placé au-dessus d'une chaudière. On désigne sous le nom de marais, un réservoir collecteur contenant de l'eau et placé au dessous des chambres de chauffe (Saillard,Betterave,t. 2, 1923, p. 74).
P. ext. Endroit boueux et parsemé de flaques d'eau. Synon. marécage.Elle s'arrêta contre l'un de ces poteaux sans se décider à franchir le marais fangeux qui servait de cour à cette maison (Balzac,Chouans,1829, p. 240).
2. Au fig. [S'emploie pour référer à une attitude, un état, une situation présenté(e) comme qqc. dont on ne peut se dégager, auquel il est impossible d'échapper] Liebknecht avait commencé par être un révolutionnaire antiparlementaire. Il avait dit et écrit que le Parlement était un marais où s'enfonceraient les énergies socialistes (Jaurès,Ét. soc.,1901, p. 71).Je ne pouvais plus vivre dans le marais, le chaos, la confusion (Guéhenno,Journal homme 40 ans,1934, p. 106).
[Avec un compl. adj. ou nominal indiquant ce qui constitue le marais] Le marais du désespoir. Il mourut (...) persuadé que son nom sombrerait, avec sa vie, d'un irréparable naufrage, dans cet immense marais de l'oubli (Bourget,Nouv. Essais psychol.,1885, p. 253).La violence prolétarienne (...) tend à restaurer la structure des classes au fur et à mesure que celles-ci semblaient se mêler dans un marais démocratique (Sorel,Réflex. violence,1908, p. 120).Il [Jaurès] s'enfonçait tous les jours davantage dans le marais parlementaire (Tharaud,Péguy,1926, p. 235).
HIST. Le marais. [Appellation employée par dérision durant la Convention pour désigner le parti du centre, regroupant les modérés] Synon. la plaine.Il n'y a qu'à rire de vos efforts, leur dis-je, contre la montagne, tant que vous nous attaquerez par le marais et le côté droit (Desmoulinsds Vx Cord.,1793-94, p. 55).
B. − Vx. Terrain bas situé dans l'enceinte ou à l'entour de Paris (ou d'une ville importante) propre à la culture intensive des légumes. Un arpent de marais. Un bon marais (Ac. 1798-1835). Je vous demande grâce aussi pour les petites fèves de marais (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p. 219):
2. J'ai promis à cet homme [le jardinier] un marais et une maison de maraîcher contiguë à la loge du concierge de la rue Saint-Maur. Balzac, Honorine,1843, p. 348.
En partic. Le Marais. Quartier de Paris aménagé et construit principalement au xviiesiècle sur d'anciens marais qui fut l'un des séjours privilégié de l'aristocratie sous l'Ancien Régime. Bourgeois du Marais; le Théâtre du Marais. Le Marais est constitué par la partie orientale du IIIearrondissement et par la Place des Vosges et ses environs, qui appartiennent au Quatrième (Fargue,Piéton Paris,1939, p.108):
3. Dans les quartiers industrieux, du haut en bas des maisons à cinq étages, des vieux hôtels du Marais (...) on passe les nuits à manier de la gaze, des fleurs et du paillon... A. Daudet,Nabab,1877, p. 98.
Vx. Demoiselles du Marais. Courtisanes habitant le Marais. (Ds Littré).
C. − Marais salant. Terrain situé à proximité du littoral aménagé pour que l'eau de mer l'inonde et s'y évapore dans le but d'en recueillir le sel. Synon. salin, saline.Marais salant du Midi. Dans les marais salans du Midi, le quintal métrique ou le sac de 100 kilogr. coûte au fabricant 70 cent. (Monopole et impôt sel,1833, p. 5).Des marais salants se sont installés sur tout le pourtour de la Méditerranée (Stocker,Sel,1949, p. 94):
4. ... dans la petite ville de Saint-Pierre-d'Oleron, j'avais trois vieilles tantes, qui vivaient très modestement des revenus de leurs marais salants... Loti, Rom. enf., 1890, p. 47.
Rem. Dans le même sens: marais salin, vx. Au fond, et jusqu'à la mer, une plaine immense tachée çà et là de flaques d'un brun acier. Ce sont les marais salins (Flaub., Champs et grèves, 1848, p. 221). Égypte! Je vois une chose plate et de profil, étincelante, comme les marais salins d'Alexandrie (Cocteau, Maalesh, 1949, p. 81).
Prononc. et Orth.: [maʀ ε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.: 1. a) [1086 dans un texte lat. maresc, maresch «nappe d'eau stagnante recouvrant un terrain partiellement envahi par la végétation» (Domesday Book ds Z. rom. Philol. t. 8, 1884, p. 325)] ca 1140 mareis (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 5485); b) 1556 maraiz sallans (doc. ds DAG § 268); c) 1855 gaz des marais (Littré-Robin); 2. a) 1643 Marais nom d'un quartier de Paris (Scarron, Œuvres diverses, éd. M. Cauchie, t. 1, p. 41); b) 1680 «terrain consacré à la culture maraîchère» (Rich.); 3. 1690 «région marécageuse» (Fur.); 4. 1792 hist. «le Tiers Parti, sous la Révolution française» (Chabot, 14 oct. ds Quem. DDL t. 11); 5. 1926-31 marais barométrique (Delc.). De l'a. b. frq. *marisk (dér. du germ. *mari- «mer»), cf. le m. néerl. mersch, maersch «pré; terrain marécageux», m. b. all. mersch, marsch «terre fertile au bord de la mer», ags. merisc «bourbe, boue», angl. marsh «marais, marécage». Mariscus, marescus «marais» est att. en b. lat. dès le viiies. (Nierm.; Nov. Gloss.). Fréq. abs. littér.: 1 097. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 172, b) 1 873; xxes.: a) 1 173, b) 1 101. Bbg. Quem. DDL t. 11. _ Wartburg (W. von). Probl. d'étymol. gallo-romane. R. Ling. rom. 1955, t. 19, pp. 278-283.