| ![]() ![]() ![]() ![]() MANQUÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst. I. − Part. passé de manquer* et emploi adj. A. − Rare. [Correspond à manquer II B] Auquel on a contrevenu. Je t'avais dit que j'y serais le premier, croyant y être bien avant et je veux réparer le plus vite possible ma parole manquée (non par ma faute!) (Flaub., Corresp., 1846, p. 371).Je suis parti avec la tristesse d'un devoir manqué (Mallarmé, Corresp., 1864, p. 134). B. − [Correspond à manquer III] 1. Qui n'a pas, qui n'est pas réussi. Synon. raté.Film, livre, oeuvre manqué(e); manteau, chapeau manqué; plat manqué; éducation, existence, destinée, manquée; affaire, expérience manquée; acte manqué (v. acte I B 2). MmePagès lui parlait souvent de vie gâchée. Qu'est-ce qu'une vie réussie ou une vie manquée? Qui peut en donner un prix? (Chardonne, Varais, 1929, p. 243). ♦ (C'est) manqué. Maintenant, circule en sautillant trois fois sur les talons, comme Firmin des Français. (...) − Une, deux, trois. − Manqué, mon cher, manqué! Absence de légèreté et de grâce. Recommençons cela (Reybaud, J. Paturot, 1842, p. 225).Chaffiou (...): Présente-nous au prince! Rabagas: Ah! oui, il est bien temps! C'est manqué maintenant, grâce à vous! Tous, déçus: Manqué! Rabagas: Parbleu! Vous êtes aplatis! Il n'a plus peur! Il n'accordera plus rien (Sardou, Rabagas, 1872, iv, 9, p. 189). − En partic. [En parlant d'une pers., le subst. désigne un état, une fonction] ♦ Qui n'a pas les qualités requises pour l'état, la fonction désigné(e). Oui, je suis un grand homme manqué, l'espèce en est commune aujourd'hui (Flaub., Souv., 1841, p. 67).Un dessinateur est un coloriste manqué. Cela est si vrai que M. Ingres, le représentant le plus illustre de l'école naturaliste dans le dessin, est toujours au pourchas de la couleur (Baudel., Salon, 1846, p. 151).Il ne s'occupait plus d'elle, ne lui adressait de loin en loin une parole que pour la conseiller sur sa toilette et la plaisanter, en fille manquée, en sauvage qui tenait du garçon (Zola, Bonh. dames, 1883, p. 517). ♦ Qui a toutes les dispositions nécessaires pour l'état, la fonction désigné(e), mais qui ne l'a pas ou ne l'exerce pas. Il m'a toujours semblé que la femme brune était un garçon manqué (Balzac, Mém. jeunes mar., 1842, p. 350).Ce joli jeune homme, dont les vestons montraient les formes grêles, cette fille manquée, qui se promenait sur les boulevards, la raie au milieu de la tête, avec de petits rires et des sourires ennuyés (Zola, Curée, 1872, p. 486).Le luxe de l'Italienne laissait une amertume singulière, comme celle de ce repas qu'Edmond n'avait pas payé. Il pensait avec cynisme qu'il était un maquereau manqué (Aragon, Beaux quart., 1936, p. 314). 2. Qu'on a laissé échapper, qui est perdu. Dans un cri de regret inconsolable, faisant allusion à l'occasion manquée des biens nationaux, autrefois: − Ah! si le père avait voulu, c'est tout ça, Grosbois, que vous auriez à mesurer! (Zola, Terre, 1887, p. 45): . Un autre encore déclare: «Je ne crois qu'à la théorie», et cherche pendant des jours pourquoi le corps de la femme fait impression sur l'homme: celui-là avait une vocation manquée de psychologue positif.
Mounier, Traité caract., 1946, p. 362. 3. Rare. Où l'on a été absent. Le capitaine s'est refusé à ce qu'on lui payât le prix des journées manquées (Soulié, Mém. diable, t. 1, 1837, p. 268).Après quelques messes manquées, elle n'y avait pas remis les pieds (Zola, Pot-Bouille, 1882, p. 70). II. − Emploi subst. A. − Masc. sing. à valeur de neutre. Que de prétextes, de paralogismes, d'excuses − fécondité, ingéniosité, − pour continuer à vivre! Pour abattre les raisons péremptoires d'annihilation qui surgissent de tout, − qui donnent à chaque instant à l'individu la sensation − ou d'inutilité, ou du manqué ou du dépassé (Valéry, Tel quel II,1943, p. 34). B. − Masc. Gâteau. Un biscuit de Savoie, confectionné chez un célèbre pâtissier du siècle dernier, ne gonfle pas au four: il est manqué. Toutefois, le chef du «laboratoire» (...) ne voulant pas qu'il soit perdu, y ajoute du beurre fondu et une couche de pralin. Ainsi repris, le manqué plut si bien qu'on lui laissa ce nom (Ac. Gastr.1962). ♦ Moule à manqué. Moule à bord haut. (Ds Mathiot, Éduc. mén., 1957, p. 83). Prononc.: [mɑ
̃ke]. Étymol. et Hist. 1807 subst. (Alm. des gourmands, p. 76 ds Quem. DDL t. 1). Part. passé subst. de manquer*. Fréq. abs. littér.: 2928. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4275, b) 4834; xxes.: a) 3654, b) 4016. Bbg. Quem. DDL t. 1. |