| MAMAN, subst. fém. A.− [Souvent empl. comme appellatif affectueux] Mère, dans le langage de l'enfant et dans celui de l'adulte pour désigner la mère de famille, sa propre mère ou celle qui en tient lieu. « Ah! maman! ma chère maman! » s'écria-t-il, sans pouvoir retenir ce cri parti du plus profond de son cœur (Verne, Enf. cap. Grant,t. 1, 1868, p. 33).Mais elle, (...) ta mère, ta maman, c'était elle qui vous faisait vivre tous, du matin au soir sans qu'il y eût pensée en elle autre que vous (Claudel, Tobie et Sara,1940, iii, 5, p. 1274): 1. Figurez-vous toutes les choses qui pleurent autour de vous. Sachez alors que toutes les mamans du monde, les mamans des enfants et les mamans des animaux, pleurent de la même manière quand on leur a pris leur petit, puisque l'on a fait du mal à la vie que nous respirons, puisque c'est tout qui souffre du même coup, c'est la maison et c'est la rue!
Frapié, Maternelle,1904, p. 133. − P. anal. Mère d'un jeune animal. Tandis qu'avides ils [les agneaux] sucent, leurs mamans, les flancs battus de brusques coups de nez, mangent, paisibles, indifférentes (Renard, Poil Carotte,1894, p. 186).V. aussi ex. 1. − La maman. La mère de famille. Il n'avait plus trouvé à Belleville-sur-Saône les câlineries, les gâteries, les caresses de la maman (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 457).Je jouais au papa et à la maman Je jouais à chat perché (Prévert, Paroles,1946, p. 171). ♦ Fam. [La explétif ou mis pour ma/ta/votre] Comment va la maman? (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 236).− Certainement, vous regretterez la ferme. − On y reviendra, la maman! (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 127). − Maman-gâteau. Mère gâtant ses enfants avec excès. Tu pourras le choyer à ton aise, (...) le chérubin, en vraie maman-gâteau! (Richepin, Flamboche,1895, p. 56). B.− P. ext. 1. [Souvent accompagné d'un adj. ou suivi d'un n. propre] Terme affectueux dont on se sert pour désigner une personne familière jouant un peu le rôle d'une mère, ou d'une grand-mère. La vieille maman Philomène avec le visage tout cassé (Giono, Baumugnes,1929, p. 85). − [Suivant le qualificatif qui l'accompagne] ♦ Dame élégante. Une belle maman à voilette l'avait amené (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1909, p. 178). ♦ Péj. Femme corpulente et sans distinction. Une bonne grosse maman ronflant dans son comptoir, les bras croisés (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 247). 2. Interjection traduisant chez l'enfant ou l'adulte la peur, la douleur, le désarroi, sans nécessairement de référence à leur propre mère. « Maman, maman, maman! » Et la sœur, s'abattant sur le parquet, heurtant au bois son front de fanatique, convulsée, tordue, vibrante, (...) gémit : « Jésus, Jésus, maman, Jésus! » (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Veillée, 1882, p. 796): 2. ... ce n'est heureusement qu'une plainte machinale, une habitude qui remonte inconsciemment du passé... Sur tous les mourants que j'ai entendu crier : « Maman! », il y en a fort peu, je crois, qui pensaient avec précision à leur mère.
Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 877. Rem. 1. Var. graph. fam. (notant souvent des prononc. étr. ou enfantines) : a) Mama, mamma. Elle disait : « Mamma! oh! mamma, mamma! » C'est un mot qui est le même dans presque toutes les langues de la terre (Mille, Barnavaux, 1908, p. 206). Je ne veux pas te quitter, ma mama chérie! (G. Leroux, Roul. tsar, 1912, p. 38). b) Momman. La momman se plaint de ne plus recevoir de journaux (Sand, Corresp., I, 1827, p. 373 ds Quem. DDL t. 19). c) M'man. M'man dit comme ça qu'elle m'y mènera, et elle ne m'y mène jamais (É. Martin, Collégiens, étudiants et mercadets pour rire, 1853, pp. 20-21, ibid.). 2. À noter les composés belle-maman*, bonne-maman*, grand-maman (s.v. grand-mère). Prononc. et Orth. : [mamɑ
̃]. Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930, fam. : [mɑ
̃mɑ
̃]. Selon Mart. Comment prononce 1913 [mɑ
̃mɑ
̃] est plus fréq. que [mamɑ
̃]. Mais Martinet-Walter 1973, seulement 2/17. [mɑ
̃mɑ
̃] s'explique par assimilation; Martinet-Walter 1973 : [mɔmɑ
̃] par l'intermédiaire de mon-man et [mmɑ
̃] comme [msjø], [mdam]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. xiiies. (Aldebrandin de Sienne, Le Régime du Corps, éd. L. Landouzy et R. Pépin, 78, 25); 1687, 22 sept. précédé d'un déterm. (Mmede Sévigné, éd. La Pléiade); 2. p. ext. 1756 « appellation affectueuse (utilisée sans rapport de parenté) » (Théâtre des boulevards, Léandre Grosse, III, 183 ds Quem. DDL t. 19). Mot enfantin qui a de nombreux correspondants, gr. μ
α
́
μ
μ
η, lat. mamma, ital. mamma, cat. esp. mama, v. aussi mamelle. Fréq. abs. littér. : 5 774. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 496, b) 8 557; xxes. : a) 8 259, b) 12 273. Bbg. Pohl (J.). Contribution à l'ét. de qq. mots. Fr. mod. 1963, pp. 296-304. − Quem. DDL t. 3, 19, 20; t. 7 (s.v. maman-tété). − Ritter (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst nat. genevois. 1905, t. 36, p. 456. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 407, 432; t. 2 1972 [1925], p. 65. |