| MAL1, MALE, adj. A. − Vieilli. [Dans des loc., au fém. et antéposé] Synon. de mauvais.Souffrir de male faim. Le marchand voyageur qui craint de rencontrer Sur les chemins déserts quelque male aventure, Et qui, la nuit venue, excite sa monture (Coppée, Théâtre,t. 1, Guerre Cent ans, 1878, p. 265).Amour occit mon coeur de male lance (Moréas, Cantil., 1886, p. 218). ♦ Male heure. Heure de la mort. Tu finiras par trouver la male heure! (La Varende, Nez-de-cuir, 1936, p. 106).À la male heure (cf. malheure (à la)). À la male heure pour toi, mais à l'heure désirée de ma vengeance (Chateaubr., Paradis perdu, 1836, p. 15). ♦ Male mort. Mort violente. Mourir de male mort. Une pierre de la muraille va frapper Salisbury et lui emporte un œil avec la moitié du visage (...). Un clerc normand fit de cette male mort deux chansons (A. France, J.d'Arc, t. 1, 1908, p. 147).Expr. Garde-nous de male mort (p. oppos. à mourir de sa bonne mort); mourir, périr de male mort; livrer qqn à la male mort. Garde-nous, etc... S'il faut faire naufrage, Surtout de male mort (Nouveau, Valentines, 1886, p. 246). ♦ De male rage. D'une humeur mauvaise et violente. Que le gros Hermelingue en crève de male rage (A. Daudet, Nabab, 1877, p. 209).Notre vieil aventurier et médecin (...) ayant eu vent de ce qui se publiait à Paris (...) se mourait de male rage, maudissant le Père Catrou qui l'avait dépouillé (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 16). − Rare. [Le subst. désigne une pers.] Jeanne la Boiteuse était détestée des serviteurs (...) qu'elle dénonçait pour le moindre manquement, et qui l'appelaient entre eux «la male reine» (Druon, Lis et lion, 1960, p. 241). B. − [Dans certaines loc., au masc.] Mauvais. ♦ Bon gré* mal gré. ♦ Bon an* mal an. C. − Qui n'est pas conforme au bien, à un principe moral, une convenance. − Il est mal de.Il est mal et lâche de chercher à se distraire d'une noble douleur pour ne pas souffrir autant (Vigny, Journal poète, 1835, p. 1035). − C'est mal, c'est bien mal, c'est très mal.C'est bien mal à vous, M. Va-de-l'Avant, d'avoir été si long-tems sans nous donner de vos nouvelles (Jouy, Hermite, t. 4, 1813, p. 84).Mon père et ma mère trouvaient très mal qu'on mariât une jeune fille à un vieillard (Duranty, Malh. H.Gérard, 1860, p. 210). − Fam., rare. [P. oppos. à trouver qqn bien] Trouver, juger qqn mal. Il était des gens que ma grand'mère eût trouvés tout de suite «très mal» (...), elle eût sans doute été stupéfaite qu'il eût réussi à être épousé par MlleLegrandin (...), elle dont le frère était «si bien» (Proust, Sodome, 1922, p. 913). ♦ Loc. Plutôt bien que mal. Sanseverina est un personnage, plutôt bien que mal (Stendhal, Chartreuse, 1839, p. 103). REM. 1. Mal-, élém. de compos. (auj. non productif) représentant l'adj. mauvais dans un certain nombre de subst.:a) Malchance*; b) Maldonne*; c) Malfaçon*; d) Malheur*; e) 2. Malposition, subst. fém.Toute situation anormale d'un organe, et notamment la situation anormale d'une ou de plusieurs dents sur l'arcade alvéolaire. Dent en malposition. Malement, adv.Assez mal, difficilement. Comme mes deux fermes m'en rapportent malement cinq mille [francs], mes revenus croissent (Genevoix, Mains vides, 1928, p. 110). Prononc. et Orth.: [mal]. Homon. malle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 881 «mauvais, funeste» mals conselliers (Ste Eulalie, 5 ds Henry Chrestomathie t. 1, 1970, p. 3); 2. 1330 «mauvais» (dans des loc. au masc.) bon gré mau gré (Hugues Capet, 28 ds T.-L., s.v. gré); 3. 1649 «qui n'est pas conforme au bien» il est mal de (Balz., Disc. à la régente ds Littré). Du lat. malus «mauvais, funeste, méchant»; mal adj. ne survit que dans qq. loc. et dans des composés malheur, malchance, etc., v. ces mots. Fréq. abs. littér.: 402. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 498, b) 539; xxes.: a) 593, b) 646. Bbg. Heisig (K.). Warum heisst es nfz. bon und mal und nicht buen und mel? Rom. Forsch. 1964, t. 76, pp. 312-333. |