| * Dans l'article "MALADIE,, subst. fém." MALADIE, subst. fém. A. − 1. [Chez l'homme] Altération de l'état de santé se manifestant par un ensemble de signes et de symptômes perceptibles directement ou non, correspondant à des troubles généraux ou localisés, fonctionnels ou lésionnels, dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution. Synon. affection, entité morbide, syndrome, mal.Les maladies prenaient volontiers pour séjour sa chétive personne et s'y succédaient sans intervalle, fièvre scarlatine, fièvre muqueuse, fièvre typhoïde, rougeole, coqueluche (A. France,Pt Pierre,1918, p. 258).Beaucoup de maladies sont en train d'esquisser un mouvement tournant. (...) elles se dérobent à l'agent de la guérison en revêtant des formes nouvelles plus résistantes, plus difficiles à dépister (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 308).[Le mot] de maladie (...) n'évoque que l'image précise et simple d'une épreuve naturelle dont le temps vient toujours à bout, d'une manière ou d'une autre, par la mort, la guérison, l'oubli (Bernanos,M. Ouine,1943, p. 1438): 1. Il est très difficile, sinon impossible, de poser les limites entre la santé et la maladie, entre l'état normal et l'état anormal. D'ailleurs, les mots santé et maladie sont très arbitraires. Tout ce qui est compatible avec la vie est la santé; tout ce qui est incompatible avec la durée de la vie et fait souffrir est maladie [it. ds le texte]. (La définition de la maladie a épuisé les définisseurs).
Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 270. − Maladie + adj. (postposé ou antéposé) ♦ [L'adj. indique le degré de gravité de la maladie, la façon dont elle est ressentie par le malade] Teissier n'est plus jeune, vous le savez; le voilà d'un âge aujourd'hui où la plus petite maladie peut devenir mortelle (Becque,Corbeaux,1882, iii, 6, p. 183).Il était en train de faire, comme disent les médecins, une longue et dangereuse maladie (Duhamel,Suzanne,1941, p. 180). SYNT. Maladie bénigne, grave, curable, incurable, guérissable, inguérissable, légère, mauvaise, passagère, rebelle, redoutable, terrible; affreuse, atroce, cruelle, pénible maladie; une bonne maladie. ♦ [L'adj. indique la nature, le type, l'origine de la maladie, la façon dont elle se manifeste, se propage, évolue] M. Greffulhe (...) fut sujet aux inconvénients de l'extrême obésité, et, à peine âgé de quarante ans, mourut des suites d'une maladie suffocatoire à laquelle il était devenu sujet (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p. 229).On entend par maladie du sérum, ou mieux maladie sérique, un ensemble d'accidents survenant chez certains sujets après les injections de sérums thérapeutiques (Courmont dsNouv. Traité Méd.fasc. 7 1924, p. 138): 2. ... la bactériologie (...) se flattait de venir à bout de toutes les maladies infectieuses par un processus d'attaque régulier et, pour ainsi dire, linéaire.
J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p. 308. SYNT. Maladie aiguë, chronique; maladie générale, locale; maladie caractérisée; maladie insidieuse, larvée, latente; maladie contagieuse, transmissible, épidémique, endémique, périodique, sporadique, intercurrente; maladie acquise, constitutionnelle, congénitale, héréditaire; maladie bacillaire, microbienne, parasitaire, virale, virulente, médicamenteuse; maladie inflammatoire, éruptive; maladie allergique, angineuse, arthrosique, cancéreuse, diabétique, hypocondriaque, rhumatismale; maladie bleue, bronzée. Maladie noire (vieilli). État pathologique caractérisé par un état de profonde tristesse. Beaucoup étaient partis, la presqu'île se vidait, et ceux qu'on laissait là tombaient à une maladie noire. Depuis huit grands jours, la démence germait et montait dans cet enfer (Zola,Débâcle,1892, p. 463).Ses parents n'ignoraient pas qu'elle avait gravement souffert d'une «maladie noire». La «maladie noire» est, pour ces bonnes gens, inguérissable, et ceux qui en sont atteints se trouvent décidément classés dans la catégorie des pauvres diables qui, selon l'amer et touchant dicton, «n'ont pas tout» (Bernanos,Soleil Satan,1926, p. 195).Maladie pestilentielle (vieilli). ,,Chacune des cinq maladies infectieuses (choléra, peste, variole, fièvre jaune, typhus) qui ont occasionné de graves épidémies dans le passé et qui ont fait et font encore l'objet de mesures quarantenaires précises`` (Méd. Biol. t. 2 1970). Maladie professionnelle. Maladie engendrée par l'exercice d'une profession. La maladie professionnelle exige un contact plus ou moins long avec un produit toxique, avec des poussières, avec des agents physiques. Elle survient donc chez un ouvrier exposé à un risque déterminé pendant un temps plus ou moins long (Pages documentaires,oct.-nov. 1956, p. 3).Maladie vénérienne ou fam. maladie honteuse, mauvaise maladie. Maladie qui se transmet par les rapports sexuels. Un épouvantable petit souteneur de 17 ans au plus, naguère traité à la chirurgie (...), depuis en médecine pour une maladie vénérienne des mieux caractérisée (Verlaine,Souv. et fantais.,1896, p. 196).− Je te dis que tu fais attention à cette fille (...). − En voilà une idée!... voyons, mignonne... une roulure pareille... une sale fille qui a peut-être de mauvaises maladies (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p. 109).Maladie imaginaire. Maladie qui n'existe que dans l'imagination de la personne. Cette robe de chambre où il drapait, parfois toute la journée, sa maladie imaginaire (Bourget,Disciple,1889, p. 141).Maladie diplomatique. V. ce mot C.♦ [L'adj. indique le mode de traitement] Maladie médicale. Les luxations, les fractures, les hernies, et les maladies chirurgicales en général, sont-elles très-communes chez les hommes qui vivent dans l'état de nature? (Voy. La Pérouse,t. 1, 1797, p. 195). ♦ [L'adj. indique l'organe, la fonction touché(e)] M. Alexandre déclarait son intention de régler tout devant la justice, et même d'attaquer le legs s'il le pouvait (...)! Bouvard en eut une maladie bilieuse (Flaub.,Bouvard,t. 1, 1880, p. 13).− De quoi est-il mort? − D'une maladie pulmonaire (Billy,Introïbo,1939, p. 247). SYNT. Maladie organique, cardiaque, cardio-vasculaire, coronarienne, hépatique, métabolique, musculaire, oculaire, osseuse, rénale, sanguine. Maladie mentale (nerveuse, psychique). Psychose, névrose, trouble du comportement. Les maladies mentales sont rares chez les enfants (...). Les médecins les classent en trois catégories : a) Maladies mentales organiques. − citons: l'épilepsie (...). b) Névroses et psychonévroses. (...) signalons les obsessions, (...) l'hystérie, (...) l'anorexie mentale (...). c) Psychoses. − La psychose de l'enfant est extrêmement rare (Encyclop. éduc.,1960, p. 200):3. ... le soir même, une maladie nerveuse, qui depuis longtemps, minait sourdement la frêle enfant, se déclara. Elle déconcerta les médecins et aucun remède n'y put prendre. C'étaient des dégoûts, des accablements, avec une fièvre irrégulière, puis des crises de convulsions, des rages de douleur...
Bourges,Crépusc. dieux,1884, p. 59. ♦ [L'adj. indique la pers., la catégorie de pers. atteinte et p. méton. une période de l'existence] Maladie infantile, juvénile; spécialiste des maladies infantiles (v. infra maladie d'enfant, d'enfance). Au fig. Cette rage d'expériences monumentales dont on ne connaît pas la note à payer, ni les résultats exacts, devient une véritable «maladie infantile» de la construction officielle (Le Figaro,19-20 janv. 1962, p. 10, col. 5).Est-il possible de faire mieux en Afrique avec les cadres disponibles? Celle-ci vit «les maladies infantiles de l'indépendance» qui apparaissent inévitables (Dumont dsGilb.1971). − Maladie + subst. ♦ [Le subst. désigne l'agent, la cause de la maladie] Maladie du brai, du plomb, des laxatifs; maladie des vibrations; maladie du Foehn; maladie à virus. Les arthroses coxo-fémorales et scapulo-humérales de la maladie des caissons semblent liées à des embolies gazeuses au niveau des artères nourricières des épiphyses (Ravault, Vignon,Rhumatol.,1956, p. 23).À cette famine quantitative s'ajoute une insuffisance qualitative, une grande part des pays sous-alimentés manquant par exemple de protéines, de sels minéraux et de vitamines. Ces insuffisances provoquent des maladies de carence, comme le scorbut, le béri-béri, le rachitisme (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,1966, p. 503). ♦ [Le subst. désigne une caractéristique, un symptôme] Maladie de langueur; maladie des spasmes infantiles. Elle ressemblait à ces jeunes filles qui ont la maladie des pâles couleurs: il semblait par moments que ces deux lèvres violettes allaient s'ouvrir (Balzac,Illus. perdues,1839, p. 534).Depuis Berberati, plus de tsé-tsé, plus de maladie du sommeil (Gide,Voy. Congo,1927, p. 772).Ils [les bilieux] sont prédisposés aux maladies d'usure ostéomusculaire (Mounier,Traité caract.,1946, p. 181).Pop. Maladie de neuf mois. Grossesse. Elle allait avec sa bonne dans la rue Rumfort chercher un médecin. (...) un des citoyens [d'une patrouille] reprit: − «Est-ce pour une maladie de neuf mois, ma petite chatte?» (Flaub.,Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 192). ♦ [Le subst. désigne l'organe, la fonction touché(e)] Maladie de (la) peau, des bronches, du cervelet, des glandes (endocrines, surrénales), des yeux; maladie des nerfs, du psychisme; maladie de la mémoire, de la personnalité, de la volonté. Le jeune de Mortsauf (...) est au dernier degré de la maladie de poitrine (Balzac,Mém. jeunes mar.,1842, p. 300).L'eau de Saint-Firmin (...) fut (...) reconnue par plusieurs membres de la Faculté de Médecine très efficace contre les maladies de l'estomac, du foie et des reins (A. France,Pt Pierre,1918, p. 152).Il prétendait (...) que migraine ou colique, maladie de coeur ou diabète, c'est une maladie du nez mal comprise (Proust,Guermantes 2,1921, p. 324).Arg. Maladie du pouce. Avarice ou paresse. (Ds France 1907). ♦ [Le subst. désigne la pers., la catégorie de pers. atteinte et p. méton. une période de la vie] Maladie de (la) femme; maladie d'enfant, d'enfance, du premier âge (v. supra maladie infantile); maladie des ardoisiers, des bouchers, des fondeurs, des porchers. Ce Morhange, qui a été un enfant, qui, comme tous les autres, a coûté tant de peines à sa mère, lors de ses maladies de bébé (Benoit,Atlant.,1919, p. 272): 4. Il avait étudié les maladies des mineurs, il les faisait défiler toutes, avec des détails effrayants: l'anémie, les scrofules, la bronchite noire, l'asthme qui étouffe, les rhumatismes qui paralysent.
Zola,Germinal,1885, p. 1383. Au fig. Être utile, à qui? À quoi? Tout finalisme n'est qu'une maladie d'enfance de notre cerveau qui ne s'est pas encore solidifié (Maeterl.,Ombre des ailes,1936, p. 135).L'Enfant du Siècle a plus ou moins symbolisé le jeune homme malade de corps et d'âme, malade du mal du siècle (...). Or ce ne fut là qu'une mode passagère, une maladie de croissance de la poésie (Thibaudet,Hist. litt. fr.,1936, p. 105).− Maladie de + nom du médecin qui a décrit le premier la maladie et servant à la caractériser.Maladie de Hodgkin, de Paget, de Parkinson. La maladie d'Addison est une affection caractérisée par de la mélanodermie, des troubles gastro-intestinaux, des douleurs et de l'asthénie (Josué, Godlewski dsNouv. Traité Méd.fasc. 8 1925, p. 351).Dans tous les pays, on appelle aujourd'hui la diphtérie «maladie de Bretonneau» (Aviragnet, Weill-Hallé, Marie, dsNouv. Traité Méd.fasc. 21928, p.628). − Subst. + maladie.Sa femme (...) se connaissait aux symptômes de la maladie et savait en prévoir les accès (Balzac,Lys,1836, p. 78).Veyne nous dit que Gavarni est très frappé de son état de maladie. Il l'a fait voir à un médecin de ses amis (...) il craint certains désordres pulmonaires (Goncourt,Journal,1864, p. 39).Vite, Rose, le moins de contact physique possible d'enfant à enfant. Je vous ai donné les instructions relatives à la lutte contre les maladies contagieuses (Frapié,Maternelle,1904, p. 18): 5. ... suivant l'espèce d'élément organique qui sera atteint, nous aurons une dislocation de l'organisme caractéristique et c'est de là que nous devrons tirer les caractères de la maladie.
Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 290. ♦ Feuille de maladie. Formulaire attestant de la nature et du paiement des soins donnés, et destiné au remboursement de ces soins à l'assuré social. Synon. feuille de soins.Faire porter sur votre feuille de maladie, par le laboratoire, l'analyse effectuée ainsi que le nom du médecin demandeur (Formulaire F041 «28 Questions» de la Caisse primaire d'assurance maladie de Nancy, 1973, p. 4). SYNT. Origine, cause(s), cheminement, cours, développement, durée, évolution, phases, stades d'une maladie; aggravation, complication(s), déclin, guérison, progrès, rémission, recul, recrudescence d'une maladie; marques, prodromes, signes, crises, douleurs, effets, suites d'une maladie; atteintes, invasion, ravages, contagion, propagation, transmissibilité d'une maladie; prophylaxie, traitement des maladies; agent, ferment de la maladie; prédisposition, réceptivité, résistance, vulnérabilité aux maladies; genre, nature de la maladie; noms des maladies; classification des maladies; assurance (contre la) maladie; congé de maladie. − Maladie + verbe ♦ [Maladie est suj.] Une maladie mortelle avait lentement affaibli son corps et son esprit (Balzac,Gobseck,1830, p. 429).Elle se figura que sa maladie s'était aggravée, qu'on le lui cachait, qu'elle était en danger de mort (Châteaubriant,Lourdines,1911, p. 131).Bien soignée la maladie suivit son cours normal; c'est-à-dire que j'allais être bientôt remis sur pied (Gide,Si le grain,1924, p. 424): 6. Une dangereuse maladie s'était déclarée en ville, non seulement à cause de la famine, mais encore et surtout parce qu'on avait repêché dans le Rhin des chevaux morts, pour les manger. Ceux que la maladie attaquait n'en revenaient pas...
Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 123. SYNT. La maladie augmente, se développe, évolue, empire, persiste, progresse, dure, guérit; la maladie abat, amaigrit, consume, épuise, mine, emporte, atteint, frappe, envahit, terrasse (qqn). ♦ [Maladie est compl.] Vous voulez me faire adorer et aimer un Dieu qui a inventé la peste et la gale? (...) qui me fait naître pour attraper des maladies et le reste? (Delécluze,Journal,1828, p.420).Eugénie viendra s'habiller là. Cette pauvre fille pourrait gagner une maladie à faire sa toilette chez elle par un temps pareil (Balzac,E. Grandet,1834, p. 189): 7. Elle a dû se pendre après un câble, dans le vide, au-dessus de l'eau, pendant une grosse heure. Elle en a fait une vraie maladie. Ils ont pensé qu'elle passerait.
Guèvremont,Survenant,1945, p. 282. SYNT. Avoir, contracter, couver, commencer une maladie; échapper à la maladie; guérir, réchapper, relever d'une maladie; retomber dans une maladie; souffrir, mourir d'une maladie; donner, engendrer, occasionner, inoculer une maladie; enrayer, guérir, juguler, prévenir, soigner, traiter, vaincre une maladie; immuniser, lutter contre une maladie; diagnostiquer une maladie. Au fig., fam. En faire une maladie. Être très contrarié par quelque chose. Dans les répétitions, je n'indique pas un seul de mes effets. Je garde tout pour le public (...). Ah! mon chéri, Fagette en fera une maladie (A. France,Hist. comique,1903, p. 260).Ne pas en faire une maladie. Ne pas en être particulièrement affecté. Oh! vous savez, dit Henri en souriant, s'il faut finir par accepter les capitaux de Trarieux, je n'en ferai pas une maladie. Ce n'est pas trop cher payer la réussite du S.R.L. (Beauvoir,Mandarins,1954, p. 218).Vieilli. (Être) en maladie. (Être) malade. Je ne ferai jamais, pas même en vacances, pas même en maladie, la moindre lecture par curiosité (Dupanloup,Journal,1876, p. 63).− Emploi abs. avec art. déf. [Pour désigner une maladie particulière qu'on ne précise pas ou un ensemble de maladies] Ce seront des masses humaines qui fermenteront dans la maladie, dans la détresse (Jaurès,Eur. incert.,1914, p. 428). 2. [Chez d'autres espèces vivantes] a) [Chez les animaux] Maladie du chien, du chat; maladie enzootique, épizootique; maladie de Carré; les lapins ont la maladie. Les maladies charbonneuses, ou sang de rate, s'inoculent avec facilité chez les lapins (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 249).Une volaille déplumée par la maladie (Barbusse,Feu,1916, p. 85): 8. On désigne sous le nom de maladie des chiens une affection contagieuse, inoculable, exprimée à la fois par une éruption cutanée et par des accidents inflammatoires portant sur les muqueuses et sur divers parenchymes. La maladie affecte principalement les animaux jeunes et elle reçoit encore le nom de maladie du jeune âge. Chez le chat, on rencontre une infection cliniquement semblable maladie des chats...
Nocard, Leclainche,Mal. microb. animaux,1896, p. 412. b) [Chez les végétaux] Maladie du blé, de la pomme de terre, des ormes; maladie de l'encre; cet arbre a la maladie. Cette espèce vit sur le Platane et sur la Vigne, où elle occasionne la «maladie rouge» (Brumpt,Parasitol.,1910, p. 509).Le criticisme est, à notre avis, une maladie de la philosophie comme le phylloxéra est une maladie de la vigne (L. Daudet, Stup. XIXes.,1922, p. 155). 3. [En parlant de choses] a) Altération (de produits animaux ou végétaux). Pour assurer la conservation du vin qui, en vieillissant, est exposé à des maladies dues à l'action des ferments, M. Pasteur recommande de chauffer ce liquide au bain-marie et à l'abri de l'air (Ser,Phys. industr.,1890, pp. 521-522).Il est des laits filants, d'une viscosité accusée, et des laits amers, d'une amertume de bière. Toutes altérations qui sont des maladies dues à la présence de microbes (Pesquidoux,Livre raison,1928, p. 218). b) Défaut ou détérioration (de quelque chose). On ne peut prévoir les maladies du fer; tout à coup la barre de fer la mieux forgée casse net (Stendhal,Mém. touriste,t. 1, 1838, p. 29).Le chauffage prolongé nécessaire pour la nitruration n'entraînait pas pour ces aciers la fragilité spéciale connue sous le nom de maladie de Krupp (J. phys. et Radium,1928, p. 290).Le développement industriel et toutes les pollutions qu'il engendre (...) ont donné au problème de la maladie des pierres une dimension nouvelle (Encyclop. univ.t. 171973, p. 506). B. − Au fig. 1. [Le phénomène concerne l'individu] a) Ce qu'il y a d'anormal chez quelqu'un ou qui paraît tel, ce qui perturbe son comportement, ses facultés morales. Ma mère était toujours jalouse, et surtout, comme il arrive dans cette maladie, des personnes qu'elle ne connaissait pas (Sand,Hist. vie,t. 2, 1855, p. 229).La gloire est une espèce de maladie que l'on prend pour avoir couché avec sa pensée (Valéry,Tel quel I,1941, p. 34).Affreuse stérilité d'une vie d'homme de lettres qui n'est qu'homme de lettres!... Son état d'écrivain est une maladie sans remède et qui l'oblige à sacrifier sa vie au souvenir (Mauriac,Écrits intimes,Du côté de chez Proust, 1947, p. 65): 9. Le génie est une horrible maladie. Tout écrivain porte en son coeur un monstre qui, semblable au taenia dans l'estomac, y dévore les sentiments à mesure qu'ils y éclosent. Qui triomphera? La maladie de l'homme, ou l'homme de la maladie?
Balzac,Illus. perdues,1839, p. 530. − Maladie + déterm. ♦ [Le déterm. est un adj. de relation] C'est le péché qui gâte, ternit, empoisonne tout (...). Le péché est la grande maladie humaine (Amiel,Journal,1866, p. 187).Hoederer: La jeunesse, je ne sais pas ce que c'est: je suis passé directement de l'enfance à l'âge d'homme. Hugo: Oui. C'est une maladie bourgeoise. (Il rit). Il y en a beaucoup qui en meurent (Sartre,Mains sales,1948, 4etabl., 3, p. 142). ♦ [Le déterm. est un subst. désignant une pers., un attribut, une faculté de la pers.] Maladie de l'âme. La mélancolie, en effet, c'est déjà la maladie de la sensibilité (Sainte-Beuve,Virgile,1857, p. 100).Ah, la timidité, quelle curieuse maladie des honnêtes gens! (...) quelle perte de valeur! (La Varende,Dern. fête,1953, p. 66).Cette maladie des octogénaires, l'avarice, effet de l'impotence et de la peur de mourir (Sartre,Mots,1964, p. 32). ♦ [Le déterm. est un subst. désignant la nature du mal] Une fois que la maladie de l'incroyance s'est attaquée à un coeur tourmenté, chaque détail nouveau lui sert d'aliment (Bourget,Crime am.,1886, p. 189).Ceux qui voyagent sans repos, ceux qui errent solitaires (...) ceux-là connaissent la périodicité, le retour normal des crises de misère morale, la maladie de l'isolement (Colette,Music-hall,1913, p. 99).Maladie de la vie. Dégoût de vivre. Tous ces jours-ci, de l'ennui, du gris dans l'âme, un dégoût des choses et des gens, une maladie de la vie, un découragement de la volonté et des idées (Goncourt,Journal,1864, p. 98).La maladie du pays. Synon. plus cour. mal du pays (v. mal3I B).Un conscrit (...) demande si après quatre ans de service l'on a jamais vu survivre un conscrit. Ces idées, semées avec soin, font tomber quelques jeunes soldats dans la maladie du pays ou nostalgie (Stendhal,Mém. touriste,t. 2, 1838, p. 479). b) Manie, obsession, goût immodéré (pour quelque chose). La maison de campagne est une maladie particulière à l'habitant de Paris. Cette maladie a sa durée et sa guérison (Balzac,Ptes mis.,1846, p. 72).Surtout, ne prends pas la maladie des Parisiens qui ont la rage de faire un tour tous les jours (Flaub.,Corresp.,1862, p. 7).Diaghilev était possédé par le démon inquiet de la nouveauté, et cette maladie était contagieuse (Lifar,Danse,1938, p. 196). ♦ Maladie de + subst. indiquant la nature de la manie.La maladie du soupçon, du scrupule, de la contradiction, du changement, du jeu, de la persécution, de la propreté. Sa femme, atteinte d'une maladie chronique de nettoyage (Maupass.,Contes et nouv.,t. 1, En fam., 1881, p. 342).Mais les R... sont atteints de la maladie de la réception, et ils ont tant dépensé que, s'ils liquidaient, ils se trouveraient réduits d'une fière moitié (Bourget,Physiol. am. mod.,1890, p. 90).La princesse a vraiment la maladie de la juiverie! À dîner, ce soir, il y avait autour de la table un ménage Ephrussi, Charles Ephrussi et cet affreux Reinach (Goncourt,Journal,1894, p. 513). 2. [Le phénomène concerne la société] Ce qui est préjudiciable à l'équilibre, à l'harmonie, au bon état moral de la société ou d'une partie de celle-ci. Synon. plaie, peste.L'absence de toute religion est une situation monstrueuse et un état de maladie mortelle (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.5).L'or aussi provoque le mensonge, l'injustice, l'envie, la haine, toutes les grandes maladies sociales (L. Daudet, Morticoles,1894, p.323).Il y aura bientôt cent ans qu'un académicien classique proclamait que le romantisme n'est pas une doctrine, pas un art, mais une maladie (Thibaudet,Réflex. crit.,1936, p.124): 10. Il n'est pas douteux que la France soit un pays beaucoup moins raciste que tous ceux qu'il m'a été donné de voir. C'est pour cela qu'il est impossible d'accepter sans révolte les signes qui apparaissent, çà et là, de cette maladie stupide et criminelle.
Camus,Actuelles I,1947, p. 125. ♦ Maladie de + subst. indiquant une période.Les vanités se sont exaltées jusqu'au délire: l'orgueil est la maladie du temps: on ne rougit plus de se reconnaître et d'avouer tous les dons que nous a prodigués la libérale nature (Chateaubr.,Litt. angl.,t. 2, 1836, p. 204).La maladie du siècle. Synon. plus cour. mal du siècle (v. mal3I B).Ce mal [de l'homme du romantisme] a été nommé la maladie du siècle; il y a quarante ans qu'elle était dans toute sa force, et sous la froideur apparente ou l'impassibilité morne de l'esprit positif, elle subsiste encore aujourd'hui (Taine,Philos. art,t. 1, 1865, p. 97).Maladie de + subst. désignant une institution, une valeur particulière.La maladie de la religion, c'est de se charger sans cesse (...) de scories qui la dévorent (Renan,Drames philos.,Prêtre Némi, 1885, p. 590).Brunetière voyait dans le burlesque et le précieux des maladies toujours menaçantes de la littérature française (Thibaudet,Hist. litt. fr.,1936, p. 500): 11. Toute la vie moderne constitue (...) une véritable maladie de la culture, puisqu'elle soumet cette richesse, (...) ce capital qui doit se former par assises progressives dans les esprits, à l'agitation générale du monde (...). À ce point d'activité, les échanges trop rapides sont fièvre, la vie devient dévoration de la vie.
Valéry,Regards sur monde act.,1931, p. 241. − Dans le domaine pol., écon.Ce qui désorganise, affaiblit. On peut dire que la multiplicité des lois est la maladie des États représentatifs (...) tandis que l'absence des lois est la maladie des monarchies sans limites (Constant,Princ. pol.,1815, p. 31).Chacun de ses États, outre le travail commun des esprits, est tourmenté de quelque maladie locale (Chateaubr.,Mém.,t. 3, 1848, p. 525).Des économies ne se conçoivent pas dans une entreprise bien conduite où tout est calculé exactement. Je demandais à Frank d'introduire la maladie dans un organisme qu'il avait su protéger jusqu'ici par de bonnes méthodes (Chardonne,Claire,1931, p. 141). 3. Rare. [Le phénomène concerne une chose] La maladie de leur mariage n'était pas malgré tout arrivée à la période aiguë (Huysmans,En mén.,1881, p. 77).La dégénérescence de la rime française vient de sa fixation, de ce que toutes les rimes sont connues ou passent pour être connues (...). Certains poètes, au début du vingtième siècle, ont reconnu avec plus ou moins de netteté cette maladie de la rime (Aragon,Crève-coeur,1941, p. 73). 4. [Pour parler d'une pers. qui se conduit mal, qui a une mauvaise influence] Une mère nerveuse, toujours en état d'agitation et de surexcitation, est une véritable maladie pour ses enfants (Mounier,Traité caract.,1946, p. 102). ♦ Pop. Nous les rouler quand ce chéri est là [à la course cycliste des Six Jours] à tourner sur du bois; il me semble que je serais une maladie, un fond de lévrier, de la boue, si je pensais à autre chose qu'à lui pendant ces 6 jours et ces 6 nuits (Morand,Ouv. la nuit,1922, p. 165). 5. Fam., emploi interjectif. [Pour exprimer la désapprobation] Tout cela n'empêchait pas que, le samedi suivant, Arthur mangeait sa paye, battait sa femme (...). Et c'est cette race-là qui voudrait gouverner le monde! (...). Ah! maladie! comme disaient mes voisins du passage (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 227).Pauline: (...) Ah! ouiche! en fait d'études, il n'y a guère que celles d'après moi, sans chemise; j'en retrouve quelquefois sur les quais, du côté des Beaux-Arts, signées des rapins de ce temps-là (...). Ça n'a même pas un cadre et ça vaut quarante sous! maladie! (Lavedan,Vx marcheur,1895, p. 79). REM. Maladier, verbe intrans.,vx et région. Être malade. Ce pauvre Lenoir a une névralgie, provoquée par le froid aux pieds que les prés mouillés nous ont donné hier matin. Il est dur de maladier à la montagne (Amiel,Journal,1866, p. 391). Prononc. et Orth.: [maladi]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1225-30 «altération de la santé chez les hommes» ici fig. «tout ce qui trouble l'âme ou l'esprit» (Guillaume de Lorris, Rose, éd. F. Lecoy, 2873); 2. a) 1538 «altération de la santé chez les animaux» (Est., s.v. lues); b) 1563 «id. chez les plantes» (Palissy, Récepte, 42 ds IGLF); 3. 1652 «ce qui apporte des troubles dans les États, les sociétés» les maladies qui travaillent les États (Balz., Socrate chrétien. Disc. 8eds Littré); 4. 1676 «manie» la maladie des médecins (Molière, Malade Imaginaire, III, 4). Dér. de malade*; suff. -ie*. Fréq. abs. littér.: 6631. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 10016, b) 11494; xxes.: a) 7746, b) 8836. Bbg. Gohin 1903, p. 337. _ Pauli 1921, p. 48. _ Quem. DDL t. 8, 15, 20. |