| * Dans l'article "MAGE1,, subst. masc." MAGE1, subst. masc. A. − HIST. Membre de la caste qui, en Médie, avait dans ses attributions le service du culte d'Ormuzd ; prêtre sectateur du zoroastrisme. Les sectateurs du magisme fêtent annuellement le massacre des mages (Michelet,Introd. Hist. univ., 1831, p. 407).L'institution des mages, qui peut remonter à la Médie du VIIesiècle avant Jésus-Christ, n'était pas sans analogies avec le lévitisme juif (Renan,Hist. peuple Isr., t. 3, 1891, p. 465): 1. Les mages [chez les Mèdes] se divisaient en plusieurs classes ayant leurs privilèges et leurs devoirs distincts. Il y avait parmi eux des interprètes des songes, de véritables magiciens, et, dans les rangs élevés de la caste, des sages parmi lesquels on choisissait le chef suprême.
Bible1912, p. 544. − En partic. Les mages ou en appos. les rois mages. Personnages qui, selon l'Évangile, vinrent à Bethléem guidés par une étoile pour adorer Jésus. Le moyen-âge qui inventa tant de légendes sur les rois mages, n'en a pas imaginé une seule pour les pauvres pasteurs; les reliques des mages (...) sont encore vénérées à Cologne et personne ne s'est jamais occupé de savoir ce qu'étaient devenus les restes des modestes pâtres (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p. 248). B. − 1. a) Personne spécialisée dans les sciences occultes, dans la magie (v. ce mot B 1 a) et la prédiction de l'avenir. Synon. astrologue, devin.Je connais quelqu'un qui a montré les lignes de sa main à un mage, afin de connaître sa destinée; il l'a fait par jeu (...) c'est là un jeu dangereux. Il est bien aisé de ne pas croire, alors que rien n'est encore dit (Alain,Propos, 1908, p. 33).Swedenborg (...) était un Voyant, un Mage, un Messager, un Élu, un Prophète (...). Ayant cultivé le don de seconde vue qui lui avait été imparti, devenu le Visionnaire qui parcourait les «sphères» et les «Terres astrales», il s'apparente, pour Balzac, aux grands mystiques chrétiens (WagnerMagie1939, p. 18): 2. Tout ce que nous savons de l'humanité primitive porte le signe de cette connaissance (...) qui revit encore chez les mages et les visionnaires (...) cette connaissance est essentiellement poétique, c'est-à-dire «dirigée de l'intérieur vers l'extérieur» (...) et elle est également prophétique, c'est-à-dire «tournée, dès l'origine, vers l'avenir».
Béguin,Âme romant., 1939, p. 97. b) [Pour Novalis] Personne qui entre avec l'univers dans le rapport de sympathie et d'action directe; poète. Nous avons perdu la clef de cette vie intégrale avec le tout. Le poète en est le mage. Pour nous, il ouvre de temps à autre la porte mystérieuse. Il nous entraîne vers un usage visionnaire de l'imagination qui nous livre le monde dans sa réalité profonde et chaque être dans sa liaison à l'unité du tout (Mounier,Traité caract., 1946, p. 389). 2. Synon. de sorcier, magicien.Les queues de siècle se ressemblent. Toutes vacillent et sont troubles (...), vois le déclin du dernier siècle. A côté des rationalistes et des athées, tu trouves Saint Germain, Cagliostro (...) Oui, mais se dit Durtal (...) les Cagliostro avaient (...) une certaine science, tandis que les mages de ce temps, quels aliborons (Huysmans,Là-bas, t. 2, 1891, p. 152): 3. On parlait de spiritisme, d'ectoplasmes; rue Le Goff (...) on faisait tourner les tables. Cela se passait au quatrième étage: «chez le mage», disait ma grand-mère. Parfois, elle nous appelait et nous arrivions à temps pour voir des paires de mains sur un guéridon...
Sartre,Mots, 1964, p. 123. REM. Magophonie, subst. fém.,rare. L'expulsion des prêtres-rois de Tarquinies, était célébrée tous les ans à Rome (...) comme l'était chez les Perses, la magophonie, le massacre des mages (...) qui, à la mort de Cambyse, avaient usurpé la royauté (Michelet,Hist. romaine, t. 1, 1831, p. 78). Prononc. et Orth.: [ma:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1474 «personnages qui, selon l'Évangile, vinrent rendre hommage à l'enfant Jésus» (ms. B.N. fs. 982, fol. 19a ds M. Elis-sagaray, La Légende des Rois Mages, 1965, p. 126: les paiiens, non congnissans les Escriptures, appelloient les trois Rois mages ou magiciiens); 2. 1546 «prêtre de la religion de Zoroastre, savant en astrologie» (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, 45, p. 305: Par la doctrine des antiques Philosophes, par les ceremonies des Mages et observations des Jurisconsultes); 3. 1579 péj. «sorcier» (René Benoist ds Wagner Magie, p. 221); 4. 1612 «magicien, savant» (J. B. de La Porte, trad. de La Magie Naturelle, p. 4, ibid., p. 174) Empr. au lat. magus «prêtre chez les anciens Perses», «magicien, sorcier» du gr. μ
α
́
γ
ο
ς (au plur.) «Mages (une des tribus mèdes)», au sing. «prêtre qui interprète les songes» puis «sorcier»; (forme mague Brunet Latin, Tresor, éd. F. J. Carmody, p. 63; Denis Foulechat, trad. du Policratus de Jean de Salisbury, éd. dactylographiée Ch. Brucker, I, 10, 1, est un empr. à l'italien). Fréq. abs. littér.: 421. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 578, b) 460; xxes.: a) 996, b) 450. Bbg. Thierbach (A.). Untersuchungen zur Benennung der Kirchenfeste in den romanischen Sprachen. Berlin, 1951, p. 24. |