| MAELSTROM, subst. masc. Tourbillon marin très rapide, formant un profond gouffre, que provoquent des courants de marée dans un chenal des îles norvégiennes de Lofoten. Une descente dans le Maëlstrom (titre d'une nouvelle d'Edgar Poe traduite par Baudelaire, 1885). La tempête d'hommes, de femmes parées et de voitures qui, pareille au Maëlstrom, s'émeut régulièrement sur ce point quand le soleil se couche (Arène, J. des Figues, 1870, p. 73).La face crispée, et de l'air d'un marin qui entendrait rugir le Maelstrom (Bloy, Femme pauvre, 1897, p. 200).Il n'est certes pas sans signification que, chaque fois que je suis désemparé, j'aboutisse dans ce quartier (...) comme le navire sans gouvernail qui glisse irrésistiblement vers le Maelstrom (Vailland, Drôle de jeu, 1945, p. 233).V. béhémot(h) ex. de Rimbaud.− P. ext. Tourbillon marin ou fluvial: 1. Entre l'embouchure de la rivière et le pan de la muraille, de grands remous tourbillonnaient, et les couches d'air qui s'échappaient de ce maelstrom, ne trouvant d'autre issue que l'étroite vallée au fond de laquelle se soulevait le cours d'eau, s'y engouffraient avec une irrésistible violence.
Verne, Île myst., 1874, p. 54. − Au fig., littér. Mouvement d'agitation intense qui entraîne irrésistiblement. Synon. cour. tourbillon.Paris est un maelstrom où tout se perd, et tout disparaît dans ce nombril du monde comme dans le nombril de la mer (...). Les fugitifs de toute espèce le savent. Ils vont à Paris comme à un engloutissement (Hugo, Misér., t. 1, 1862, p. 563).Nous verrons plus loin (...) de quel maelström philosophico-mathématique la notion d'«existence» devait être le centre dans les premières années du XXesiècle (Bourbaki, Hist. math., 1960, p. 37): 2. ... tandis que Dante imaginait les cercles de son enfer descendant en rétrécissant sans cesse leurs spires, comme la cuvette du fourmilion, vers le puits final où «Satan pleure avec ses six yeux» − Hugo, par une singulière inversion de cette image, faisait cheminer vers le bas ses spirales en s'élargissant sans cesse dans la profondeur, jusqu'à lâcher l'imagination dans un maëlstrom, un vertige, une dissolution brumeuse et géante dans le noir.
Gracq, Beau tén., 1945, p. 59. Prononc. et Orth.: [malstʀ
ɔm], [mεl-], [maεl-], et [-stʀø:m]. Hésitations nombreuses, liées aux hésitations de l'orth.: mael-, maël-, mal- (Rob., Lar. Lang. fr.), et -strom, -ström (Davau-Cohen, 1972), -stroem. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971 propose d'écrire malstrom. Étymol. et Hist. 1. 1840 maelstrom «courant tourbillonnaire marin» (Ac. Compl. 1842); 2. 1856 au fig. (Flaub., Corresp., p. 216: c'est un maelstrom de platitudes). Emploi comme nom commun de Maelstrom, nom d'un tourbillon situé près de la côte norvégienne (1765, Encyclop.), empr. au holl. Maelstrom «id.» (1595 ds NED), lui-même composé de mal- (var. du holl. wall «tourbillon» et de strøm «courant» (cf. Falk-Torp et Hellquist, Svensk etymologisk Ordbok, s.v. malströmmen). Fréq. abs. littér.: 15. |