| ![]() ![]() ![]() ![]() MÈCHE2, subst. inv. A. − Fam. Être de mèche (avec qqn). Être de connivence, être complice dans une affaire qui doit rester secrète. J'ai des heures où je crois volontiers ce que dit de moi mon adversaire; je me sens parfois de mèche avec mes ennemis (Green,Journal,1939, p.44).Ils sont tous de mèche: l'Évêque, le Conseil, les riches (Sartre,Diable et Bon Dieu,1951, i, 1, p.38): . Car s'il eût été le moins du monde de mèche avec Albertine, il ne m'eût jamais avoué qu'il l'avait laissée libre de onze heures du matin à six heures du soir.
Proust,Prisonn.,1922, p.132. B. − Pop. Il n'y a pas (plus) mèche et, p. ell., pas mèche! Il n'y a pas moyen, c'est impossible. Toujours farceur comme à son ordinaire, papa Dufailli; il n'y a pas mèche à lui refuser: allons! vite, vite! entrez (Vidocq,Mém., t.2, 1828-29, p.96).Rien à faire de cette femme-là (...). Pas mèche (...). La voie est barrée (A. Daudet,Rois en exil,1879, p.184).Enfin des flopées entre ceux qui s'affrontent, alors, plus moyen... plus mèche (Arnoux,Visite Mathus., 1961, p.111). Rem. On dit aussi plus rarement il y a mèche. Il y a possibilité. Et quand y aurait-il mèche à toucher cette bonne galette-là? (Verlaine, Corresp., t.3, 1895, p.119). Prononc.: [mε
ʃ]. Étymol. et Hist. 1. a) 1791 en mèche d'affut (il faut sans doute lire à mèche d'affur v. Esn. et Cellard-Rey 1980) «à partage égal dans le bénéfice des pages blanches et de la mise en pages (en parlant d'une société d'imprimeurs qui travaille en commun)» (Boulard, Manuel de l'imprimeur, p.96); b) 1793 être de mèche «travailler ensemble, être complices» (d'apr. Esn.); 2. a) 1807 typogr. y a-t-il mèche? «y a-t-il du travail à profit partagé?» (ibid.); b) 1808 il n'y a pas mèche «il n'y a pas moyen, pas de possibilité» (ibid.). Origine discutée. Sainéan Arg. fait remonter le mot au prov. mech «demi». Esnault (Fr. mod. t.20, p.136) y voit l'it. mezzo «moyen». Ces deux hypothèses doivent être rejetées pour des raisons phonét. FEW t.6, 3, p.325a a proposé de rattacher le mot à mèche1*, proprement «matière préparée pour prendre feu aisément», étant donné que l'arrangement conclu marque le début d'une activité. L'existence de l'occitan meuco (R. Ling. rom. t.18, p.106) semble corroborer cette hyp. Il est difficile de dire s'il a eu infl. de 1 sur 2 ou non. STAT. −Mèche1 et 2. Fréq. abs. littér.: 935. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 583, b) 1563; xxes.: a) 1533, b) 1718. BBG. −Esnault (G.). Qq. dates Fr. mod. 1952, t.20, pp.136-137. _ Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t.17, p.3, 8, 9. |