| ![]() ![]() ![]() ![]() MÉFAIT, subst. masc. A. − Action mauvaise, nuisible. Commettre de graves méfaits, les pires méfaits. Avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j'ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain (Baudel.,Poèmes prose,1867, p.50).La mère disant de son enfant, à propos de je ne sais quel petit méfait: «Alors, j'ai fait des noeuds à mon mouchoir, et je lui en ai donné!...» (Goncourt,Journal,1894, p.552): 1. La famille, qui vivait en commun, avait immolé la fille vulgaire à la jolie fille, le fruit âpre à la fleur éclatante. Lisbeth travaillait à la terre, quand sa cousine était dorlotée; aussi lui arriva-t-il un jour, trouvant Adeline seule, de vouloir lui arracher le nez, un vrai nez grec que les vieilles femmes admiraient. Quoique battue pour ce méfait, elle n'en continua pas moins à déchirer les robes et à gâter les collerettes de la privilégiée.
Balzac,Cous. Bette,1846, p.28. − En partic. Acte criminel. Le garni de la rue Guérin-Boisseau était plutôt pour lui un refuge qu'un domicile. C'était là qu'il se cachait chaque fois qu'il avait commis quelque méfait et redoutait les piéges de la police (Ponson du Terr.,Rocambole, t.1, 1859, p.694).Il était devenu, dans la prison où de nouveaux méfaits l'avaient ramené, quelque chose comme guichetier (Hugo,Misér., t.1, 1862, p.333). B. − [Constr. gén. avec un compl. prép. de désignant une chose] Conséquence pernicieuse, résultat désastreux, mauvais, déplorable. Méfaits de l'alcoolisme, de la drogue; méfaits du mauvais temps. On verrait bien plutôt en lui [Anatole France] une victime de la pure intelligence et, dans son impuissance finale, le méfait d'une culture excessive (Massis,Jugements,1923, p.150).Les méfaits d'une ascendance alcoolique, de la syphilis héréditaire ont respecté, Dieu merci, l'intelligence (Colette,Pays connu,1949, p.234): 2. C'est le grand méfait du journalisme: de vous forcer à écrire, lorsque parfois l'on n'en a nulle envie. On est mal inspiré; le temps est lourd; la plume gratte; la pensée ne se dégage pas et la phrase reste informe... Mais l'article est promis; le journal attend...
Gide,Journal,1942, p.121. Prononc. et Orth.: [mefε]. Ac. 1694: mesfait; 1718: meffait; dep. 1740: méfait. Étymol. et Hist. 1. 1remoitié xiies. «mauvaise action» le mesfait de lur buche (Psautier Oxford, 58, 13 ds T.-L.); 2. 1823 «résultat pernicieux que peuvent entraîner des manières de croire, des institutions, etc...» des méfaits de l'administration anglaise (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, p.763). Part. passé subst. de méfaire*. Fréq. abs. littér.: 197. |