| LOVER, verbe trans. A. − TECHNOL. Qqn love qqc. 1. MAR. Rouler en cercles, généralement superposés, pour ranger ou disposer quelque chose prêt à servir. Lover un câble, un cordage, un filin. Une grosse barque, dont le patron love une amarre (Arts et litt.,1935, p. 84-8). − Au part. passé. Un paquet de corde mince, toute neuve, en un rouleau bien lové (T'Serstevens,Itinér. esp.,1963, p. 290). 2. PÊCHE. Lover une ligne. L'enrouler en spirale de manière à ce qu'elle ne s'emmêle pas. Cette nuit, ayant fourré son nez dans le panier où Rolland love ses lignes de pêche (...) il [le cochon] s'est enfoncé dans la gueule une demi-douzaine d'hameçons (Charcot,Expéd. antarct. fr.,1906, p. 128). − Au part. passé. Je lance, vous avez vu, avec ma ligne lovée à terre (Genevoix,Boîte à pêche,1926, p. 85). B. − P. ext., emploi pronom. 1. [Le suj. désigne un serpent, une anguille, parfois un autre animal] S'enrouler sur soi-même. Des crotales, qui ondulent (...) ou se lovent, en sifflant, sous les mousses roussâtres (Villiers de L'I.-A.,Contes cruels,1883, p. 366). 2. [Le suj. désigne un animal, une pers.] Se coucher recroquevillé. Pistolet comprit aussitôt qu'il [le matelas promis] lui était destiné, et s'y lova incontinent (Queneau,Pierrot,1942, p. 175). − Au part. passé. [La fillette] lovée en rond, pareille à une boule noire, (...) s'était trouvé une cachette, une pauvre et dérisoire cachette d'animal sans défense (Mille,Barnavaux,1908, p. 209).Marcel, lové sur un pouf (Blanche,Modèles,1928, p. 109). C. − Au fig., littér. Qqc. love qqc.[Le compl. désigne un inanimé abstr.] Installer: Des haines de ronds de cuir que l'habitude de la station assise lovait à l'aise dans des foies hypertrophiés, se réveillent et frétillent maintenant que les jambes qui se rendent au bureau malaxent les bas-ventres...
Giono,Chron.,Noé, 1947, p. 292. ♦ Au part. passé. Ils [les désirs] étaient installés, lovés, lentement ruminés, entretenus par une mémoire sans défaillance (Aymé,Jument,1933, p. 271). − Le plus souvent en emploi pronom. S'installer en occupant le moins de place possible. C'est dans ce «presque» et dans ce «pas tout à fait» que notre espoir s'accroche, se love, et qu'il nous survivra (Mauriac,Bloc-Notes,1958, p. 255). REM. Loveur, subst. masc.,pêche. Matelot qui love les palangres ou les filets de pêche à bord d'un navire. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [lɔve]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1678 trans. mar. (Guillet); 2. 1722 pronom. «s'enrouler sur soi-même» (Labat, Voyages aux îles de l'Amérique, IV, 97 ds DG). Prob. empr. au b. all. lofen, lufen «tourner», lui-même issu de luven «aller au lof» (EWFS1; FEW t. 16, p. 479b). Fréq abs. littér.: 77. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 343. |