| LOCAL, -ALE, -AUX, adj. et subst. masc. I. − Adjectif A. − Vx, adj. déterminatif. Qui occupe un lieu déterminé de l'espace. Présence locale de Dieu (Rob.). Alors la confusion, augmentée par la multitude des vaisseaux que la position locale rendoit inutile, devint générale chez les Mèdes (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 32). ♦ MATH. Propriété locale. Propriété d'un espace topologique qui est vraie pour un point et ses environs immédiats dans un ensemble, sur une ligne ou sur une surface. La continuité d'une fonction sur E est une propriété locale alors que la continuité uniforme d'une fonction définie sur un espace métrique E est une propriété globale (Bouvier-GeorgeMath.1979). ♦ Mémoire locale. Mémoire visuelle qui retient la disposition, l'ordonnance d'un lieu et s'appuie parfois sur lui pour retenir des mots, des idées ou des choses. Vous pouvez aisément m'en donner la preuve de votre identité, en me rappelant un incident qui m'arriva lorsque j'étais chez vous; incident que la mémoire la moins locale ne peut avoir oublié (Vidocq, Voleurs, t. 1, 1836, p. 250). B. − Adj. caractérisant 1. Qui est particulier à un lieu limité dans l'espace que l'on oppose généralement à un ensemble plus vaste. Les rampes qui bordent l'ouverture et le sommet des méandres ménagent des abris qui (...) suffisent à créer (...) de petits climats locaux (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p. 131): 1. Fabien calculait ses chances : il s'agissait d'un orage local, probablement, puisque Trelew, la prochaine escale, signalait un ciel trois quarts couvert.
Saint-Exup., Vol nuit,1931, p. 112. ♦ PEINT. Couleur, teinte locale, ton local. Couleur, teinte, ton qui sont propres à un objet ou à un lieu particulier. Peu importe à Puvis de Chavannes la note isolée, le ton local, il ne se préoccupe que de la symphonie, de la tonalité d'ensemble (Barlet, Lejay, Art de demain,1897, p. 126).En fixant ces taches inconsistantes qui flottent dans l'atmosphère, ils [les impressionnistes] sont obligés souvent de sacrifier la couleur matérielle des choses, la teinte locale (Hourticq, Hist. Art., Fr., 1914, p. 429).P. anal. Couleur locale (v. couleur I A 3). ♦ [Parfois coordonné à un adj. de temps exprimant la briéveté pour caractériser un événement limité dans le temps et dans l'espace] Mais la grande opération sacramentelle ne s'arrête pas à cet événement local et momentané (Teilhard de Ch., Milieu divin,1955, p. 151). ♦ INFORMAT. [En parlant d'un ensemble terminal] Qui est connecté directement à un canal de l'ordinateur (d'apr. Informat. 1972). − P. anal. littér. Je trouvai bientôt un amusement à essayer de corriger quelques vers, sans attacher l'ombre d'un dessein à ce petit plaisir local que procure un travail libre et léger, que l'on prend, que l'on laisse (Valéry, Variété V,1944, p. 101). 2. En partic. a) [Le lieu est une zone géographique restreinte] − [Un pays, une nation, p. oppos. à l'ensemble des nations, au monde entier] Anton. mondial, universel.La politique européenne locale, dominant et rendant absurde la politique européenne universalisée, a conduit les Européens concurrents à exporter les procédés et les engins qui faisaient de l'Europe la suzeraine du monde (Valéry, Regards sur monde act.,1931, p. 28).Ce conflit local de 1870-1871, ils [les parents] nous le présentaient comme une incroyable boucherie (Arnoux, Contacts all.,1950, p. 23). ♦ Heure* locale. − [Une région, une province, une commune, p. oppos. au pays tout entier] Anton. national.Administration, communauté locale; événement, marché, pouvoir local. Quand il fut possible de transporter l'énergie à des distances de plus en plus grandes, la puissance des usines ne fut plus limitée par la consommation locale (Thaller, Houille blanche,1952, p. 9): 2. Il arrangea donc avec une Dalila locale je ne sais quelle trahison invraisemblable au moyen de laquelle l'empereur Barberousse, passant à Bacharach, devait être endormi, puis rasé par un des nombreux barbiers de la ville.
Hugo, Rhin,1842, p. 138. SYNT. Assemblée, association, autorité, coutume, fiscalité, influence, initiative, notabilité, personnalité, ressource, situation, tradition locale; approvisionnement, accident, commerce, élu, folklore, journal, mouvement, organisme, parler, pouvoir, produit, règlement local. ♦ Collectivité* locale. ♦ D'intérêt local. Qui intéresse, qui concerne une région limitée. Dans le petit chemin de fer d'intérêt local qui devait nous conduire à Balbec-plage, je retrouvai ma grand'mère (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 661). ♦ SPORTS. [Au rugby, au football ou dans tout autre sport d'équipe] Joueurs locaux, p. ell. locaux. Équipe qui joue sur son terrain (à domicile) en étant opposée aux « visiteurs ». Les locaux dominèrent en mêlée fermée et se montrèrent accrocheurs au possible (L'Auto,2 déc. 1941). ♦ DROIT Impôts locaux. Impôts directs et indirects perçus par les collectivités locales; cour. impôts directs versés aux communes par les propriétaires de terrains bâtis et par les habitants des locaux d'habitation. On arrivait à créer une mentalité dont l'essentiel consistait à convaincre les citoyens que la politique municipale était bonne dans la mesure où l'on payait le moins possible d'impôts locaux (Fonteneau, Conseil munic.,1965, p. 137).Taxe locale. Taxe sur le chiffre d'affaires qui varie selon les localités. Dans ces conditions la taxe locale a paru présenter toute une série d'inconvénients : il n'existe pas de liens automatiques et constants entre le volume de l'activité commerciale et les besoins d'équipements (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr.,1967, p. 277). ♦ INFORM., emploi subst. fém. ,,Rubrique particulière à une ville ou à une région; édition correspondante`` (Voyenne 1967). Surtout en matière de faits divers, mamelles traditionnelles de la locale (Le Monde,18 mars 1981, p. 42). b) [Le lieu est une région anatomiquement restreinte] Anton. régional, général, généralisé.
Œdème local; affection, infection locale. Se faire une idée exacte de ce que c'est qu'une maladie, une maladie locale, une maladie générale localisée, etc... (Cl. Bernard, Principes méd. exp.,1878, p. 152): 3. Cependant, il tira des flacons de sa grande redingote, se mit à préparer une potion. Comme traitement local, il se contenta d'envelopper le pied et le genou dans de la ouate, qu'il maintint ensuite avec de la toile cirée.
Zola, Joie de vivre,1884, p. 837. ♦ Anesthésie locale. Anesthésie qui insensibilise une partie du corps avant une intervention chirurgicale. Une petite intervention, sous anesthésie locale (QuilletMéd.1965, p. 173). − PSYCHOL. Signe local. Signe, sensation accessoire qui permet de localiser une fonction principale. Si ces sensations sont spatiales, ce n'est pas parce que chaque point de la rétine est affecté d'un signe local et donne une qualité spécifique (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 155). c) Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. J'ai laissé de côté le passage du local à l'universel (Barrès, Cahiers, t. 6, 1907, p. 71): 4. ... disant qu'il faut s'attacher aux côtés de l'art éternels et que spécialiser est empêcher cette éternité, que le spécial et le local ne peuvent produire le beau pur.
Goncourt, Journal,1863, p. 1350. II. − Subst. masc. A. − Vx. Lieu considéré dans son originalité, dans ses caractéristiques (configuration, disposition p. ex.). Le local de Jérusalem (Chateaubr., Itinér. Paris à Jérus., t. 2, 1811, p. 263). 5. Mon débarquement opéré, je ne devais calculer que sur une seule bataille rangée; l'issue n'en pouvait être douteuse; et la victoire nous plaçait dans Londres; car le local du pays n'admettait point de guerre de chicane...
Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 394. B. − Au sing. ou au plur. Bâtiment, partie d'un bâtiment considéré selon sa disposition et l'occupation qui en est faite. Local aéré, étroit, infect, vaste; local à usage d'habitation; locaux insalubres, insuffisamment occupés. Ce local avait longtemps servi de magasin, d'arrière-boutique et de cuisine à l'une des deux boutiques situées sur la rue (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 185).Les locaux n'ouvrent qu'à deux heures; mais le père doit être là-haut, dans son cabinet (Estaunié, Empreinte,1896, p. 193): 6. Tout le temps que lui laissait le lycée, il l'employait à travailler dans un coin du local qui ressemblait à un garage, parmi les grands et les petits anges de bronze, de marbre, de plâtre.
Triolet, Prem. accroc,1945, p. 100. − [La destination est précisée par un adj. ou un compl. déterminatif] Local professionnel, de réunion. Dans ce silence avide propre aux locaux administratifs et qui propage en sonorité creuse le moindre heurt du pied contre un meuble (Frapié, Maternelle,1904, p. 34). ♦ Locaux d'habitation. Taxe d'habitation d'après la valeur locative des locaux d'habitation (Bacquias, Conseil gén. et conseil arrondiss.,1934, p. 24). ♦ Local commercial, locaux commerciaux. La création ou (...) l'aménagement dans les locaux ruraux ou commerciaux d'un logement ou d'une pièce (Tour. Fr.,1960, p. 46). ♦ Local (syndical, politique); local (de réunion). Siège : 7. [Vanheede] l'avait emmenée au Café Landolt, au Local [it. ds le texte], l'avait présentée aux survivants des réunions de La Parlote... C'est parmi eux qu'elle avait retrouvé Stefany, l'ancien collaborateur de Jaurès à L'Humanité...
Martin du G., Thib., Épil., 1940, p. 836. ♦ Locaux disciplinaires. Bâtiments qui tiennent lieu de prison, de salle de police dans une caserne. Marque d'affectation spéciale (IR : infirmerie régimentaire, DP locaux disciplinaires et corps de garde) (Lubrano-Lavadera, Législ. et admin. milit.,1954, p. 220). REM. Localier, subst. masc.Journaliste local. Qui sont les « localiers », ces journalistes-fourmis de la presse régionale, souvent inconnus, parfois méprisés? (Le Monde,18 mars 1981, p. 42). Prononc. et Orth. : [lɔkal], plur. masc. [-o]. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. loco (locomotive). Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1200 « qui occupe une portion de l'espace » (Epistola ad fratres de Monte Dei, ms. de Verdun, éd. V. Honemann, p. 280, 294); 2. a) 1314 « qui concerne une certaine partie du corps (en parlant d'un remède) » (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, 1324); b) 1492 [date d'éd.] mémoire locale « mémoire de la place où sont les objets » (Sept Sages Rome, éd. G. Paris, p. 202); c) 1699 couleur locale peint. (v. couleur étymol. et hist.); 3. a) ca 1370 mouvement local « qui se produit en un lieu déterminé » (Oresme, Éthiques, éd. A. D. Menut, p. 505); b) 1372-74 « propre à un lieu, une région » (Id., Politiques, éd. A. D. Menut, p. 44b); c) 1772 couleur locale litt. (v. couleur étymol. et hist.). B. Subst. 1. 1731 « emplacement » (D'Argenson, Journal et Mémoires, éd. E. J. B. Rathery, t. 1, p. 100); 2. 1789 « pièce d'un bâtiment, lieu qui sert à quelque chose de déterminé » (Lavoisier, Traité de Ch., II, p. 21). Empr. au lat. de basse époquelocalis « qui a rapport à un lieu ». Fréq. abs. littér. : 1 554. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 088, b) 2 056; xxes. : a) 1 752, b) 2 671. Bbg. Gohin 1903, p. 296. - Rabotin (N.). Le Vocab. pol. et socio-ethnique à Montréal de 1829 à 1842. Montréal. Paris, Bruxelles, 1975, pp. 52-53. |