| LIVRE2, subst. fém. A. − [Unité de mesure] 1. Ancienne unité de poids, divisée en onces, variant selon les provinces de 380 à 552 grammes. Le nouveau canon de maître Guillaume Duisy leur jetait (...) des boulets de cent vingt livres (France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 363). 2. [Depuis la Révolution] Cinq cents grammes ou un demi-kilogramme. Livre de café, de sucre; 5 francs la livre. Tout le monde se pèse ici. Je pèse 176 livres (Goncourt, Journal,1883, p. 270).Il (...) prit un pain de six livres, en coupa soigneusement une tranche (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Vieux, 1884, p. 133).Il acheta une livre de grosses pêches, et ça fit très peu, et un kilo de poires (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 259). Rem. La livre est divisible en demi-livre (cf. demi-) et quart* de livre. Comme il ne s'agit pas d'une unité de poids officielle, elle varie parfois, notamment à Marseille où elle est de 400 grammes. « Et pourquoi c'est qu'on dirait la livre, si c'était la même chose que le demi-kilo... » (A. Brun, Le Français de Marseille, Marseille, Inst. hist. de Provence, 1931, p. 112). 3. Région. (Canada). [De 1760 à l'adoption du système métrique] Unité de poids valant 16 onces ou 453,59 grammes (abrév. lb). B. − [Unité monétaire] 1. Ancienne monnaie de compte correspondant à l'origine à la valeur d'une livre d'argent et passée à moins de cinq grammes lors de l'adoption du système métrique. En 1686 (...) le louis d'or lui-même fut élevé de 10 livres à 11 livres 10 sols (Shaw, Hist. monnaie,1896, p. 131): Est-il vrai, comme l'assure Louis, que la duchesse de Bouillon ait loué les deux salles de l'hôtel de Bourgogne et du Palais-Royal, pour les six premières représentations, et qu'il lui en coûta quinze mille livres?
Mauriac, Vie Racine,1928, p. 103. ♦ Livre parisis*. Livre tournois*. 2. [Au xixes. et au début du xxes., dans l'expression des revenus et notamment des rentes] Synon. de franc.Quinze cents livres de revenu et ses gages de copiste lui permettaient d'aller, tous les soirs, faire un somme dans un estaminet (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 8).N'empêche qu'on n'est ni un feignant , ni une bête, lorsqu'on a su mettre de côté douze mille livres de rente (Zola, Terre,1887, p. 52).V. duc1ex. 4. 3. Livre (sterling). Unité monétaire anglaise. Entre les deux guerres, la dévaluation de la livre fit tomber les cours du charbon (Chenot, Entr. national.,1956, p. 37).V. bordereau ex. 2. − P. anal. Unité monétaire de divers pays (à parité avec la livre anglaise, décrochée de sa parité ou alignée sur elle). Livre australienne, égyptienne, israélienne. J'ai loué la maison en votre nom, vingt livres turques pour une année (Farrère, Homme qui assass.,1907, p. 104).V. ajustement ex. 18. 4. Arg., vieilli. Cent francs (somme ou billet). J'avais une « livre » dans une poche et puis des petits sous dans l'autre (Céline, Mort à crédit,1936, p. 250). Prononc. et Orth. V livre1. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xes. livra « unité de poids qui varie selon les provinces entre 380 et 552 grammes » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 348); b) 1804 « 500 grammes » (Th. de Saussure, Recherches chimiques sur la végétation, p. 268 : un poids de quatre kilogrammes [huit livres]... ou d'un demi kilogramme [une livre]); 2. ca 1100 « monnaie de compte représentant un poids d'une livre d'argent » (Roland, éd. J. Bédier, 516); 3. 1653 « unité monétaire anglaise » (La Boullaye Le Gouz, Voyages et observations, p. 538 : Livre sterlin est un terme Anglois qui signifie un Jacobus de nostre monoye). Du lat. libra (cf. aussi livre « poids », qui a pris secondairement le sens de « balance » (sens également attesté en a. et m. fr.; cf. Gdf. et T.-L.); cf. Cahiers de l'Institut de Linguistique de Louvain, t. 6, 1980, p. 25). Le sens 3 est un calque de l'angl. pound of sterling (1297 ds NED). Bbg. Juneau (M.), L'Heureux (R.). La Lang. de deux meuniers... Trav. de ling. québécoise. Québec 1975, pp. 73-74. - Quem. DDL t. 13. |