| LITHARGE, subst. fém. A. − MINÉR. Oxyde naturel de plomb. (Dict. xxes.). B. − CHIM. Protoxyde de plomb fondu, cristallisé en lames de couleur jaune ou rouge, souvent utilisé comme siccatif ou colorant de peinture et vernis (symb. PbO). Les couleurs claires sont à base de plomb ou de céruse, la teinte étant donnée par l'addition en quantité minime d'une autre couleur; et le siccatif destiné à faire sécher plus vite la peinture est de la litharge (Macaigne, Précis hyg.,1911, p. 314).Henri Ier, prince de Bouillon, se laissa ainsi séduire par un soi-disant rose-croix errant qui vint le trouver à Sedan, se targuant de posséder le secret du grand œuvre. Sa méthode était fort simple : un grain de poudre rouge de sa préparation devait être mêlé à quelques onces de litharge (protoxyde de plomb fondu et cristallisé) (Caron, Hutin, Alchimistes,1959, p. 49). − [En tant que produit utilisé autrefois pour la falsification des vins] Cette première espèce de colique (...) survient aux personnes qui font usage de vins, que les marchands ont adoucis et frelatés avec la litharge et autres préparations de plomb (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 184). ♦ P. méton. Vin altéré par la litharge. Ce mascaron de gémonies (...) dont la litharge et le rogomme avait raviné la face (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 10).P. métaph. Les hommes de ce temps-ci ont reconnu leur goût de la vie à cette amertume de litharge que M. Dumas leur faisait boire à même ses pièces! (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 44). − Arg. Tomber de la litharge. Pleuvoir (d'apr. Rigaud, Dict. jargon paris., 1878, p. 341 et Esn. 1966). Prononc. et Orth. : [litaʀ
ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. Ca 1240 litargerie (The Chirurgia of Roger of Salerno, éd. D.J.A. Ross, 253 v ds Z. fr. Spr. Lit. t. 86, p. 246) et formes variées aux xiiie-xives. litargire, litargite, litargie, lutargie; 1314 litarge (H. de Mondeville, Chirurgie, éd. A. Bos, t. 1, p. 284). Empr. au gr.
λ
ι
θ
α
́
ρ
γ
υ
ρ
ο
ς, même sens. DÉR. Lithargé, lithargiré, -ée, adj.Qui contient de la litharge, qui est altéré par la litharge. La [colique] minérale survient principalement aux ouvriers qui font usage du plomb dans leurs travaux, ou à ceux qui ont bu du vin lithargiré (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 186).− [litaʀ
ʒe]. Att. ds Ac. dep. 1798. Lithargiré [-iʀe]. − 1resattest. 1762 (vin) litargiré (J.-J. Rousseau, Émile, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, livre III, p. 452), 1766 vin lithargé (Dict. portatif des arts et métiers, s.v. cabaretier, p. 187); de litharge, suff.-é*. BBG. − Dub. Dér. 1962, p. 55 (s.v. lithargé). |